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Lasalle, Antoine Charles Louis, comte de

, par

10 mai 1775 (Metz) - 6 juillet 1809 (Wagram)

Lasalle, Antoine-Charles-Louis, comte de

Lassalle vu par Thiélbault - Mémoires du général Baron Thiébault

Lassalle vu par Thielbault

nous tombâmes dans une inoccupation presque totale, dont l’excellent La Salle remplaça fort heureusement l’uniformité par des occupations de tout genre et d’incomparables facéties. Tous les deux ou trois jours, il faisait chasser le général en chef ; tous les jours il faisait avec moi de la musique pendant deux ou trois heures, ce qui un jour à dîner, chez le général Leclerc, lui permit de dire : « J’ai dans votre armée, mon général, une singulière destinée. je vous ai donné le goût de la chasse ; j’ai rendu le goût de la musique au général Thiébault ; il ne me reste plus qu’à faire naître chez le général Monnet le goût de l’esprit. »

Ce La Salle qui mettait des grâces infinies à ce qui est le plus opposé aux grâces, je veux dire qui, avec des manières charmantes, était buveur, libertin, joueur, tapageur et farceur, avait fondé à Salamanque la société des « Altérés », association dans laquelle il n’était jamais permis de dire que l’on n’avait pas soif ; je ne sais plus combien d’enragés la composaient, mais ce qu’il y a de certain, c’est que, en moins d’un mois, ils eurent bu tout ce qui existait de vins étrangers à Salamanque. Un soir qu’il m’avait fait le dénombrement des bouteilles vides : « Mais lui dis-je, tu veux donc te tuer... - Mon ami, me répondit-il, tout hussard qui n’est pas mort à trente ans est un j...-f..., et je m’arrange pour ne pas passer ce terme. » C’est encore lui qui, rentrant en France, quelques mois après, avec son régiment et se croisant dans je ne sais quelle ville avec un autre régiment de hussards, donna aux deux corps d’officiers un dîner pour lequel il avait fait mettre sur la table, et en guise de surtout, deux pièces de vin de Bourgogne, entourées de robinets, pièces qu’il fallut mettre à sec avant d’en venir aux vins fins.

Après une nuit de désordres passée Dieu sait où, avec un de ses capitaines, nommé Thiron, ils rentraient chez eux vers six heures du matin ; se trouvant’devant la grand-garde, La Salle s’arrête, et apostrophant son compagnon de sottises : « Et vous croyez, lui dit-il, que je tolérerai une conduite aussi scandaleuse que la vôtre ; que je souffrirai dans le régiment d’aussi fâcheux exemples, dans le régiment que l’iinpunité enhardirait à vous imiter ? » Aussitôt il le fait empoigner, et, malgré tout ce que Thiron, qui d’abord n’a vu à tout cela qu’une plaisanterie, peut lui dire, il le fait conduire en prison. Réveillé par sa bruyante arrivée et ses éclats de rire, j’apprends sa prouesse. je fais tout au monde pour qu’il relâche Thiron ; mais je le demande en vain, et, en me répétant : « Il faut qu’il s’en souvienne », il ne le remit en liberté que le lendemain.

Un capitaine de génie avait à Salamanque une très jolie maîtresse. Ce démon de La Salle, qui chaque jour écrivait une lettre d’amour à sa femme, mais qui chaque jour lui faisait des infidélités, dépista cette jeune Espagnole, pénétra chez elle je ne ne sais comment, ni à quelle heure, et profita, tant soit peu en pandour, d’un moment de surprise et de frayeur. L’amant, outré du fait, furieux du moyen, exaspéré des indiscrétions qui devenaient un tort de plus vis-à-vis de tous deux, se déclara insulté ; il en résulta un duel au sabre, arme à laquelle La Salle, si fort et si souple, était l’homme du monde le plus terrible. Il ne restait donc de salut pour ce capitaine que dans la générosité de son adversaire ; elle n’était pas douteuse, mais il n’était pas douteux non plus qu’il ne la fît servir à quelque folie ; en effet, ayant jugé de suite la disproprotion des forces, il s’abstint de toute attaque et se borna à parer, mais s’attacha à le faire avec tant de vigueur que le poignet du pauvre ingénieur en était brisé ; et, dans les instants que le malheureux se remettait d’une si rude fatigue, mon La Salle faisait une volte autour de lui, au milieu de mille plaisanteries, singeries et grimaces, jouant avec la mort, comme avec l’amour ; il lui campait un coup de plat de sabre sur le derrière et partait d’un éclat de rire. Dix fois ce manège fut recommencé, et, quelle que fût la rage de ce malheureux officier, il finit par être exténué. Lorsque ce fut évident qu’il n’en pouvait plus, La Salle, mettant fin au combat, lui dit : « Si vous m’aviez mieux connu, vous auriez attaché moins d’importance au fait qui vous a blessé, et, si je vous avais mieux connu, je me serais abstenu d’aller sur vos brisées. Recevez cette déclaration, et terminons ce combat trop inégal, mais qui n’en a que mieux révélé à quel point vous êtes un homme d’honneur. » Il nous montrait un jour ses armes ; il en avait de fort belles, notamment un sabre en damas noir, sabre qui valait alors douze mille francs. Pour nous faire apprécier la qualité supérieure de cette lame, il en frappa des barres de fer, dans lesquelles il fit de fortes entailles ; mais il voulut couper une branche d’arbre, et, soit que celle-ci fût trop forte, soit que le coup ne fût pas donné assez d’aplomb, la lame cassa en deux. Nous fûmes pétrifiés ; quant à lui, ayant donné à peine un instant à la surprise, il jeta par-dessus sa tête et le fourreau du sabre et le tronçon qui était resté à sa main, et s’en alla sans s’embarrasser même de ces précieux débris, en continuant ses gambades et ses grimaces.

La saleté est une calamité du Midi. Les vasarès de Marseille existent dans toute la Péninsule ; seulement au lieu de jeter ces horreurs par la fenêtre, on avait à Salamanque, par exemple, l’usage de les recueillir dans de longs pots de terre, qu’àl’entrée de la nuit les criadas (servantes) portaient sur leur tête pour les aller vider en différents endroits, et, le croirait-on ? notamment au milieu de la place d’Armes, où cela devenait ce qu’il plaisait aux chiens, à la pluie, au soleil d’en faire. Le moment de ces dégoûtantes vidanges venu, on voyait donc ces filles arriver en foule et se débarrasser en toute hâte de leur infect fardeau, ce qui, un soir, inspira à La Salle la folle idée d’employer quelques hussards à leur barrer l’entrée de la place, à les forcer de s’agglomérer dans une rue attenante et à les y bloquer. Or il arriva qu’elles s’impatientèrent et se fâchèrent ; qu’en se fâchant et s’agitant, serrées comme elles l’étaient, elles et leurs pots s’entre-choquèrent ; que, se cognant, leurs pots se brisèrent et qu’elles en furent indignement souillées ; que les premières à qui ces accidents arrivèrent les multiplièrent encore par la manière brusque dont en se sauvant elles bousculèrent tout ce qui les entourait. Scène au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer, mais que les cris, la colère, provoqués par les plus abominables résultats, finirent par rendre au dernier point comique

Lasalle vu par Marbot - Mémoires du Général Baron Marbot - Baron Marbot

Marbot

Le général Lasalle, tué à Wagram, fut vivement regretté par l’Empereur ainsi que par l’armée. C’était l’officier de cavalerie légère qui entendait le mieux la guerre des avant-postes et possédait le coup d’oeil le plus sûr. Il explorait en un instant toute une contrée, et se trompait rarement ; aussi les rapports qu’il faisait sur la position de l’ennemi étaient-ils cl-airs et précis.

Lasalle était un bel homme, spirituel, mais qui, quoique instruit et bien élevé, avait adopté le genre de se poser en sacripant. On le voyait toujours buvant, jurant, chantant à tue-tôte, brisant tout, et dominé par la passion du jeu. Il était excellent cavalier et d’une bravoure poussée jusqu’à la témérité.

Cependant, bien qu’il eût fait les premières guerres de la Révolution, il était peu connu avant la célèbre campagne de 1796 en Italie, alors que simple capitaine du 7o bis de housards, il se fit remarquer du -général en chef Bonaparte, à la bataille de Rivoli. On sait qu’elle eut lieu sur un plateau très élevé, bordé d’un côté par une partie rocailleuse très escarpée, au bas de laquelle coule l’Adige, que longe la route du Tyrol. Les Autrichiens, ayant été battus par l’infanterie française, s’éloignèrent du champ de bataille par toutes les issues. Une de leurs colonnes espérait s’échapper, en gagnant la vallée à travers les rochers ; mais Lasalle la suit avec deux escadrons dans ce passa -e difficile. En vain on lui représente qu’il est impossible d’engager de la’cavalerie sur un terrain aussi dangereux ; il s’élance au galop dans la descente, ses housards le suivent ; l’ennemi, étonné, précipite sa retraite, Lasalle le joint et lui fait plusieurs milliers de prisonniers, sous les yeux du général Bonaparte et de l’armée qui, du haut des monts voisins, admiraient un tel courage. A compter de ce jour, Lasalle fat en très grande faveur auprès de Bonaparte, qui l’avança promptement et l’emmena avec lui en Égypte, où il le fit colonel. Dans un des nombreux engagements qui eurent lieu contre les mameluks, le cordon qui retenait le sabre de Lasalle à son poignet s’étant rompu, cet officier met bravement pied à terre, au plus fort de la mêlée, et, sans s’étonner du danger, il ramasse son arme, remonte lestement à cheval et s’élance de nouveau sur les ennemis ! Il faut avoir assisté à un combat de cavalerie pour apprécier ce qu’exige de courage, de sangfroid et de dextérité l’exécution d’un tel acte, surtout en présence de cavaliers tels que les mameluks.

Lassalle a settin

Lasalle était intimement lié avec une dame française de haut parage, et pendant son séjour en Égypte, leur correspondance fut saisie par les Anglais, puis injurieusement imprimée et publiée par leur gouvernement , dont l’acte fut généralement blamé, même en Angleterre. Cet éclat entraîna le divorce de la dame, et Lasalle l’épousa à son retour en Europe. Devenu officier général, Lasalle fut mis par l’Empereur à la tête de l’avant-garde de la grande armée. Il se distingua dans la campagne d’Austerlitz et surtout dans celle de Prusse, où, avec deux ré-iments de housards, il eut l’audace inouïe de se présenter devant la place forte de Stettin et de la sommer de se rendre ... Le gouverneur, effrayé, s’empressa de lu apporter les clefs Si ce dernier s’en fût servi pour fermer les portes de sa forteresse, toute la cavalerie de l’Europe n’aurait pu la prendre ; mais il n’y songea pas . Quoi qu’il en soit, la reddition de Stettin fit le plus grand honneur à Lasalle et accrut infiniment l’affection que lui portait l’Empereur. Il le gâtait à un point vraiment incroyable, riant de toutes ses fredaines et ne lui laissant jamais payer ses dettes. Lasalle était sur le point d’épouser la dame divorcée dont j’ai parlé plus haut, et Napoléon lui avait fait donner deux cent mille francs sur sa cassette. Huit jours après, il le rencontre aux Tuileries et lui demande : A quand la noce ? - Elle aura lieu, « Sire, quand j’aurai de quoi acheter la corbeille et les meubles. « - Commentl mais je t’ai donné deux cent « mille francs la semaine dernière... qu’en as-tu fait ? « J’en ai employé la moitié à payer mes dettes, et j’ai « perdu le reste au jeu » Un pareil aveu aurait brisé la carrière de tout autre général ; if fit sourire l’Enipereur, qui, se bornant à tirer assez fortement la moustache de Lasalle, ordonna au maréchal Duroc de lui donner encore deux cent mille francs.

A la fin de la bataille de Wagram, Lasalle, dont la division n’avait pas encore été engagée, vint solliciter de Masséna l’autorisation de poursuivre l’ennemi. Le maréchal y consentit, à condition que ce serait avec prudence. Mais à peine Lasalle a-t-il pris les devants, qu’il aperçoit une brigade d’infanterie ennemie qui, restée en arrière et serrée de près, se hàtait de gagner le bourg de Léopoldau, afin d’y obtenir une capitulation en règle, tandis qu’en plaine elle redoutait la furie du vainqueur. Lasalle devine le projet du général autrichien, et craignant qu’il n’échappe à sa cavalerie, il parle à ses hommes, leur montre le soleil prêt à se coucher : « La bataille va finir, s’écrie-t-il, et nous sommes les seuls qui n’ayons pas contribué à la victoire.Allons, suivez-moi ! » Il s’élance, le sabre à la main, suivi de nombreux escadrons, et pour empêcher les bataillons ennemis d’entrer dans le bourg, le général se dirige dans l’espace très resserré qui existait encore entre Léopoldau et la tête de colonne des ennemis. Ceux-ci, se voyant coupés de l’asile qu’ils espéraient gagner, s’arrêtent et commencent un feu roulant dès plus vifs. Une balle atteint Lasalle à la tête, et il tombe raide mort . Sa division perdit une centaine de cavaliers et eut beaucoup de blessés. Les bataillons autrichiens s’ouvrirent un passage et occupèrent le bourg ; mais à l’approche de nos divisions d’infanterie, ils mirent bas les armes, et les chefs déclarèrent que telle avait été leur intention, en cherchant un refuge dans Léopoldau. La charge exécutée par Lasalle était donc inutile, et il paya bien cher l’insertion de son nom au bulletin.

Sa mort laissa un grand vide dans la cavalerie légère, dont il avait perfectionné l’éducation militaire.mais, sous un autre rapport, il lui avait beaucoup nui, car les masses imitant les travers et les ridicules des chefs qu’elles aiment, parce qu’ils les conduisent à la victoire, les exemples donnés par le général Lasalle furent pernicieux pour la cavalerie légère, où la tradition s’en est longtemps perpétuée. On ne se serait pas cru chasseur, et surtout housard, si, prenant le célèbre Lasalle pour modèle, on n’eût été, comme lui, sansgêne, jureur, tapageur et buveur . Bien des officiers copièrent les défauts de ce général d’avant-garde, mais aucun d’eux n’acquit les grandes qualités qui les lui faisaient pardonner

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