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Un combat nocturne peu banal

, par

Une des chasses nocturnes les plus compliquées que livra le Hauptmann August Fischer, Staffelkapitàn au NJG 100, fut celle où il attaqua un antique biplan soviétique Polikarpov Po-2 (U-2) qui effectuait
une mission d’intrusion nocturne. Les performances modestes et la maniabilité de cet appareil de taille réduite en faisaient une proie difficile pour un chasseur de nuit rapide.
Les Soviétiques utilisèrent de nombreux biplans de ce type pour harceler systématiquement,
et uniquement de nuit, les troupes allemandes du front de l’Est.
C’est cette chasse mémorable qui est décrite dans le récit suivant.
Extrait du livre d’August Fischer : Bis der Wind umsprang (« Jusqu’à ce que le vent ait tourné »). Édité par Engelbert Verlag, Balve, 1961.

Le front commence à présent à s’effriter dans sa portion centrale. L’aérodrome d’Orcha, où nos unités furent si longtemps basées et où nous nous sentions chez nous, est menacé. Deux pelotons de mon groupe ont fait mouvement sur Dokoudovo.
Nous effectuons notre première patrouille dans la zone contrôlée par la station radar Bornéo Il montée dans un wagon de chemin de fer. Rôhrs a communiqué notre altitude : 4 000 m.
«  Descendez à 3 000 m.
Bornéo, question, avez-vous un avion ennemi pour moi ?
  Non, nous n’avons pas encore d’objectif, mais si l’un ou l’autre se présente, ce ne sera probablement pas à une altitude plus élevée.
  Est-ce que vos cibles volent lentement ?
  Affirmatif ; elles volent lentement.
Avez-vous entendu, mon capitaine ? On dirait que ce sont
des crabes qui approchent », dit Rôhrs.
Tautor agite dédaigneusement la main. L’indicateur du radar de bord tressaute et se fixe au milieu de l’écran, le spot indiquant la position est transversal ; je vire à gauche. J’engage mon Ju 88 dans une spirale descendante et paresseuse vers 3 000 ni.
«  Altitude, trois, zéro.
  Compris, altitude trois, zéro. »
Comme un poids de plomb, la mauvaise humeur m’envahit. Je n’avais pas encore, parmi toutes mes missions, abattu un crabe, c’est-à-dire un U-2 ou un R-5. Ces petits objectifs que l’on identifie soudain dans l’obscurité s’éclipsent aussitôt et si vite que l’on n’a même pas le temps d’orienter son appareil pour faire feu des armes de bord fixées dans le nez ; même si on pouvait y arriver, l’on risque d’éperonner le biplan, volant à une vitesse inférieure de plus de 100 km/h, avant d’ouvrir le feu.
Nous disposons cependant de la « Schrâge Musik », les deux canons tirant obliquement vers le haut, que nous pourrions déclencher quand nous dépasserons notre cible par le dessous.
Mais ces considérations ne me rendent pas plus optimiste, car j’ai trop d’amères déceptions derrière moi.
J’essaie de bannir l’horrible image qui surgit du passé. Des balles traçantes s’entrecroisent bien au-dessous de nous, comme des spectres se déplaçant d’une position à l’autre, la guerre ignore le sommeil.
«  Cap vers l’objectif, un-un-zéro. »
Nous nous sommes lancés à la poursuite. Je réduis les gaz et je retiens mon Ju 88, je sors les volets à 45°. Je ressens déjà la fibre du chasseur et mon coeur se met à battre plus vite.
«  Prenez le cap deux-huit-zéro.
  Compris. Nous nous portons vers l’objectif. Altitude ?
  Altitude deux, huit.
  Compris. »
Je coupe le gaz tandis que je vire. Le W7 + AL pique du nez et chute. Je remets les gaz à 2 750 m d’altitude et synchronise les moteurs. Le badin affiche presque 200 km/h. Avec les volets sortis, le Ju répond mal aux mouvements imprimés au gouvernail de direction.
« Je demande la distance de l’objectif.
  Distance sept. »
Je jette un coup d’oeil à la montre afin de calculer la distance de tir. Le 88 s’est déjà remis à grimper mais de peu.
Hein a les lunettes spéciales devant les yeux et regarde, hébété, vers l’avant. « Distance trois. »
Il nous a fallu 2 mn pour couvrir 4 km, mais nous volons toujours 120 km/h plus vite que notre proie. Je sors complètement les volets, freine encore plus les moteurs et je rends l’assiette de l’avion encore plus difficile, car lourde de l’arrière avec le fort couple câbreur.
« Vous êtes derrière l’ennemi.
Je l’ai, mon capitaine ! C’est un U-2 ! Le voyez-vous aussi ?
Non, Hein, je ne vois rien.
  Droit devant, environ 50 m plus haut.
  Oui, je l’ai en vue maintenant.
  Bornéo, ennemi en vue.
  Compris, ennemi en vue. »
Je fais délicatement coulisser le Ju vers la gauche et je tourne le rhéostat, situé au plafond de l’habitacle, afin de ne pas être aveuglé par le collimateur.
La silhouette de l’U-2 voyage dans le réticule, je l’ajuste soigneusement, j’en évalue la distance et je tire. Les deux canons émettent un bruit sourd dans leur soute. Des flammèches giclent vers le haut et disparaissent dans la silhouette de l’avion russe. L’U-2 s’embarque abruptement de l’aile gauche et pique à la verticale à 10 m devant nous.
Je rentre vite les volets et lance le W7 AL dans un virage
sur la tranche et vers la gauche. Nous regardons tous trois vers le bas, mais il n’y a rien à voir. L’U-2 a-t-il été touché Le pilote, assis dans un fuselage de contreplaqué sans la moindre protection, est-il mort ? Nos obus explosifs ont-ils déchiré ses membres et, blessé, a-t-il perdu le contrôle de sa machine ? Était-ce une chute ou seulement un piqué pour échapper à notre tir ? Qui nous le dira ? Nous ne voyons pas d’incendie au sol.
Bornéo nous demande si nous avons attaqué.

« Affirmatif. Nous avons attaqué, mais n’avons pas de vicre.
  Compris. Prenez le cap sept-zéro. Nous avons encore une pour vous.
  Compris. Nous virons au sept-zéro. »
Quelques minutes plus tard, un assaut similaire se présente ils j’ouvre le feu un peu plus tôt, la distance n’était peut-être s correcte la première fois. Cette fois, le pilote russe amène ri biplan dans un virage serré à gauche sur un cap opposé mien et disparaît dans l’obscurité sur le moment.
« Nous venons juste d’effectuer notre attaque.
  A nouveau sans victoire ?
  Affirmatif. Nous n’avons pas observé de victoire. »

Tautor me dit, d’un ton convaincu : « Mon capitaine, nous avons tiré trop long. » Il l’a observé avec ses lunettes spéciales et doit savoir de quoi il parle.
« Non Hein, je crois que pour le second avion, l’aile droite était en feu, ajoute Rôhrs. Il a pu voir l’avion ennemi plus longtemps, car il est assis dos au sens de la progression et voit vers l’arrière.
  Le crois-tu vraiment, Chrischan ? Nous aurions quand même dû nous en apercevoir.
  Mon capitaine, vous ne devez pas vous attendre à ce qu’un U-2 ou R-5 brûle comme les gros appareils.
  Oui, c’est plausible, mon capitaine, confirme Tautor qui se sangle. »
Nous regagnons la base 10 mn plus tard.
Quelques jours après, l’officier du guidage de la chasse de la station Bornéo nous appela : un lieutenant-colonel sur la première position a vu tomber un biplan en feu durant la nuit en question, dans le no man’s land entre les tranchées, et l’a vu exploser.


sources special mach 1 ed Atlas 1981 "Junkers 88 chasseur de nuit"

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