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Convoi JW 69

, par

Le 6 février 1945, les deux porte-avions d’escorte britanniques Campania et Nairana quittèrent leur mouillage de Scapa Flow (Orcades) avec chacun douze Swordfish et six Wildcat respectivement des Squadrons 813 et 835. Ils devaient rejoindre le convoi JW 64 à destination
de Mourmansk et le protéger des attaques de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe. Ce convoi, parmi les derniers de la guerre, allait subir l’un des assauts les plus féroces de la part des Allemands. Dès
le premier jour de la croisière, les pilotes jouaient au hockey sur le pont du Nairana lorsque
les deux paires de Wildcat en alerte durent décoller pour intercepter un Ju 88 venu de Norvège.
Le lendemain, le convoi était pisté par un mouchard (patrouilleur allemand). La nuit du 8 au 9 février, un Fulmar doté d’un radar tenta de détecter les sous-marins mais capota lors de son appontage
sur le Campania, le rendant non opérationnel. Pour brève qu’elle fût jusque-là, l’escorte avait été fertile en événements mais le plus violent restait encore à venir pour les Wildcat...
Traduction d’un récit extrait du livre Wings of Me Morning, par lan Cameron,
publié par White Lion Ltd, Londres, 1972.

Le temps était excellent à l’aube du 10 février mais très froid, la mer était démontée, les nuages épais et le vent soufflait du nord en tempête. Deux Swordfish avaient décollé dès l’aube pour une patrouille de routine. Le premier problème surgit pour l’un d’eux, le NR864, qui ronronnait à cent mètres d’altitude lorsque son pilote, le Lieutenant-Commander Godley aperçut à l’horizon, bas et à l’est, une étrange traînée mince comme un trait de crayon. La traînée grandit rapidement et éclata en flocons noirs qui se mirent à grossir. Godley réalisa soudain de quoi il s’agissait : deux douzaines de Junkers volant bas et à la file indienne se dirigeaient droit sur le convoi. Par malchance, son Swordfish se trouvait pris dans leur ligne de vol : un biplan lent et désarmé, confronté avec une meute de monoplans rapides et lourdement armés. Godley cria à Strong, son observateur, de prévenir le convoi par radio et tenta désespérément de gagner l’abri des nuages. Avant qu’il eût pris sa décision quant à la direction de sa fuite, les Junkers rompirent leur formation et l’évitèrent. C’était incroyable, trop beau pour être vrai, mais les Allemands confondaient le Swordfish avec un chasseur en patrouille et se déroutèrent. Pendant trente secondes, Godley et Strong eurent la vision réconfortante de nombreux empennages s’éloignant à l’horizon. Strong appela pour la seconde fois le porte-avions et Godley, prenant garde de ne pas trop s’éloigner de la couverture nuageuse, termina sa patrouille.

Le message de Strong fut capté par le Nairana au moment où son radar détectait les intrus. Les Wildcat, amarrés sur le pont, furent placés en alerte et la paire en vol dirigée vers la formation ennemie. Mearns et Moss, les pilotes, virent bientôt les bombardiers qui approchaient éparpillés au ras des flots. Ils en choisirent un isolé et plongèrent dessus à plusieurs reprises, ouvrant le feu à bout portant. Le Junkers zigzagua, ses mitrailleuses crépitèrent, mais une rafale de dix secondes tirée par Moss fit exploser un de ses moteurs et l’avion plongea vers la mer. Mearns le suivit, lui envoya une courte rafale et le vit se désintégrer en touchant les vagues. Les Wildcat reprirent leur formation et furent dirigés vers l’avant du convoi où un autre groupe de bombardiers se présentait au ras des flots. C’était l’assaut principal.
Quatre autres Wildcat du Nairana étaient en l’air à ce moment ; ils étaient pilotés par Armitage, Sargent, Blanco et Gordon ; mais ce dernier eut une panne de moteur dès le décollage et dut apponter en catastrophe. Les chasseurs menèrent leur interception à environ vingt kilomètres du convoi et de frénétiques combats se déroulèrent dans le ruban déchiqueté de ciel pâle coincé entre la mer et les nuages. Les Junkers tentèrent à plusieurs reprises de percer mais les Wildcat du Nairana les en empêchèrent. La mission des chasseurs consistait autant à abattre les avions torpilleurs qu’à leur interdire toute attaque coordonnée. Durant une demi-heure, ils harcelèrent les Junkers sur tout le périmètre du convoi et les empêchèrent de reprendre leur formation de combat. Les Wildcat les forcèrent à s’écarter, à larguer leurs bombes et à se mettre à couvert dans les nuages. Plusieurs intrus furent endommagés, certains au point qu’ils ne parvinrent pas à regagner la Norvège, comme cela fut démontré ultérieurement. Une fois seulement quelques Junkers réussirent à lancer une attaque concertée qui échoua de peu et donna un aperçu de ce qui aurait pu être infligé au convoi si les Wildcat n’avaient pas été là.
Un groupe de six Junkers en formation serrée parvint momentanément à damer le pion aux chasseurs. Ils piquèrent sur les navires en hurlant mais furent reçus par une grêle de balles tirées des porte-avions et des cargos. Le commandant des Junkers était courageux ; il survola les navires de tête du convoi pour attirer leurs tirs pendant que ses ailiers basculaient pour effectuer des attaques individuelles. Un appareil fut abattu en flammes, un autre fut touché et se réfugia dans les nuages et un troisième lança sa torpille sous un angle trop grand qui la fit exploser au contact de la mer, Les deux derniers Junkers firent une attaque précise. Une torpille manqua un cargo de quelques mètres et l’autre partit droit vers le Nairana. Le porte-avions vira sèchement à gauche, si violemment que son gouvernail se bloqua et le bâtiment, hors de contrôle, fit deux tours complets au centre du convoi. Cette manoeuvre sauvage éparpilla les navires du convoi qui le flanquaient. La torpille rata son but et explosa dans l’écume de son sillage. Le leader allemand, touché par la grêle de balles des armes antiaériennes, s’abattit en flammes parmi les cargos qu’il avait si bravement attaqués. Et puis, soudainement, les avions-torpilleurs disparurent comme par enchantement.
L’assaut principal était terminé. Une poignée de Junkers tentèrent encore pour un temps de lancer des attaques individuelles’ et l’un d’eux périt sous les coups des Wildcat du Nairana.
La dernière paire de Wildcat, maintenue jusque-là en réserve. décolla peu avant midi. Les avions étaient pilotés par Al Burgham et Atkinson. Burgham, un Néo-Zélandais, était le pilote le plus expérimenté et le plus élevé en grade à bord du Nairana. Quelques minutes après le décollage, il repéra un torpilleur solitaire qui essayait de s’insinuer à basse altitude par une brèche dans les défenses du convoi. Malgré les mitraillages des navires d’escorte, le Wildcat chassa le Junkers et une longue rafale précise de ses armes en sonna le glas.
Les mitrailleurs des navires avaient tiré sans répit durant plus d’une heure ; énervés par l’attaque, ils firent feu sur tout ce qui avait des ailes : Junkers, Swordfish et Wildcat. Un chasseur qui venait apponter pour être réarmé fut agressé par les mitrailleurs de son porte-avions ! Finalement, comme le dernier Junkers s’esquivait vers l’est, les tirs s’estompèrent et les appareils revinrent sur leur porte-avions.
La radio allemande annonça durant la nuit que neuf des bateaux du convoi avaient été coulés mais en réalité aucun n’avait été touché. Les Allemands avouèrent également la perte de quatre avions-torpilleurs mais l’officier chargé de l’écoute de la radio ennemie était mieux informé. Des vingt-six Junkers qui avaient quitté la Norvège pour lancer une des attaques les plus massives de la guerre contre un convoi à destination de l’Union soviétique, onze ne revinrent pas et trois étaient en si piteux état qu’ils s’écrasèrent à l’atterrissage. C’était un triomphe pour la poignée de Wildcat du Nairana, terni seulement par le fait que la plupart d’entre eux avaient plusieurs fois subi le tir des navires qu’ils défendaient avec acharnement.


Sources Special Mach1 ed Atlas 1981 "Grumman F4F Wildcat"

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