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Extrait : Dieu est mon co-pilote

, par

Dieu est mon copilote - J’ai Lu - Leur Aventure - 1964 - R.L. Scott

Dieu est mon co-pilote

Les minutes s’égrenaient et les miles s’allon­geaient derrière le P-40 et je ne voyais toujours pas l’ombre d’un trou dans les nuages. En un peu’ moins de deux heures, je me trouvai en un point du ciel au-dessous duquel Lingling devait se trouver. Cette localité est encore en pays plat entre Kweilin et Hengyang. En faisant intentionnelle­ment une erreur vers le nord, je savais de quel côté se trouvait Kweilin.

J’appelai Lingling à la radio, mais avant que j’aie pu recevoir de réponse, le télégraphiste de Kweilin lança un avis d’alerte : « Le réseau chi­nois annonce des bruits de moteurs ; il semble­rait que des avions ennemis suivent, en montant vers le nord, la ligne de chemin de fer Canton­Hengyang à haute altitude. Dernier rapport sec­tion A-5. » Consultant une carte portant des lettres en abscisses et des chiffres en ordonnées, je vis que j’étais tout près de cette section.

Malheureuse­ment, je ne m’orientais pas bien, et ne disposais pas de plus de vingt gallons de carburant. La chance se présentait d’intercepter les avions ennemis, mais les P-40 de nos bases de chasse n’au­raient pas le temps d’intervenir et d’empêcher l’adversaire d’accomplis sa mission. Que faire ?

Ma décision fut vite prise. Déjà, je mettais le cap sur ce que je pensais être la section A-5. Ap­pelant Sasser, je lui dis que je croyais être à l’est de Lingling et très près de la formation japonaise. J’allais tenter de l’intercepter. Je descendis aussi­tôt jusqu’au ras des nuages,, à 17 600 pieds. Je me glissai entre les sommets de légers cumulus, cher­chant devant moi la silhouette noire d’un avion.
Je n’oublierai jamais cette rencontre. Je venais de consulter pour la centième fois peut-être mon manomètre de pression d’essence. Comme je re­levais les yeux, mon regard accrocha la montre. Il était 9 h 8. Au même instant, je vis un avion enne­mi : une silhouette. Dès lors, mes mouvements fu­rent ceux d’un automate. Nous volions l’un vers l’autre.

L’adversaire se rapprochait très vite. C’était un bombardier bimoteur qui effleurait, comme moi, le niveau supérieur des nuages. Au-dessous, il y avait des trouées et je pense que le pilote ennemi cherchait à déterminer sa position avant de des­cendre. Il ne m’avait pas vu et je me dissimulai de mon mieux derrière les nuages. Machinale­ment, mon bras se tendit vers le tableau pour trouver l’interrupteur des mitrailleuses. Je m’enrendis compte ; l’ouvris et le refermai. Je mis en circuit le rhéostat du viseur, amenai l’image du viseur sur le blindage de verre juste devant mes yeux. L’ennemi grandissait à vue d’oeil ; notre vitesse relative devait approcher de 500 miles à l’heure. J’avais poussé en avant la manette des gaz, je marchais à toute puissance, petit pas d’hé­lice. Puis, juste avant d’appuyer sur’ la détente, je vis les autres avions, deux chasseurs ennemis au­dessus et derrière le bombardier.
Aucun ne m’avait vu, c’était sûr ; j’étais trop près des nua­ges. Mais la surprise me fit hésiter. Ils étaient à 3 600 pieds environ au-dessus du bombardier et le suivaient en formation lâche. A leurs ailes car­rées du bout, je reconnus des Zéros de la marine. Une fraction de seconde, je me rappelai le conseil du général Chennault : ne pas attaquer de bom­bardier protégé par la chasse. Mais, d’autre part, mes six mitrailleuses neutraliseraient les quatre tubes du bombardier : je pouvais l’abattre et pi­quer dans les nuages avant que les .Zéros soient sur moi.
Je tirai. Les traceuses allaient bien vers l’enne­mi, mais celui-ci grandissait si vite dans mon vi­seur que je ne savais pas si elles touchaient. Je plongeai sous le nez du bimoteur, surprenant sans doute considérablement son pilote. Je notai qu’il avait amorcé un virage et son mouvement avait dû me le faire manquer. Comme je passais au-dessous de lui, je pris le virage le plus sec que j’aie jamais fait de ma vie, rentrant dans les nuages, ce qui dut me.dissimuler momentanément à la vue des chasseurs d’es­corte. Quand j’en sortis, le bombardier complé­tait son virage dans le sens opposé du mien et je m’engageai dans un tir à déviation maximum - un tir possible quand l’adversaire croise votre route à 90°. J’avais ralenti, du reste, et il me fallut gauchir et tirer d’en bas et d’arrière.

Mais des traceuses m’entourèrent et je sentis quelques secousses : les Zéros. m’attaquaient. L’un de nies adversaires piqua juste devant moi et je lui envoyai une brève rafale à 100 yards. Je re­passai sous le bombardier et, avec l’augmentation de vitesse, tentai une attaque au ventre. Je reçus une autre giclée et sentis encore quelques secous­ses.

Comme je me mettais en chandelle, le Zéro qui m’avait déjà tiré fit l’erreur de partir en tonneau, ; au sommet de sa grimpée. Je le chargeai et lui envoyai au moins 200 balles en déviation zéro cette fois, je l’avais durement touché. Je tirai aussi, de loin, sur son camarade qui venait sur moi. Mais les nuages semblaient gêner les Japo­nais : ils ne devaient pas me voir très distincte­ment. Comme mon piqué sur le Zéro m’avait don­né de la vitesse, je me retournai contre le bom­bardier ; il me vit et commença à virer à droite. Je lâchai une courte rafale et brusquement, au mépris de toute prudence, je fis une volte de 180°. Le Japonais était juste sous mon feu et je tirais déjà. Je vis les traces toucher la grande aile, le fuselage, le verre giclait de son toit. Je ne lâchai la détente que lorsque le bombardier parut reve­nir vers moi.

Je me mis en chandelle à moins de 100 yards ,de lai. Les -grands rends rouges de ses ailes s’écar­taient de plus en plus et je vis des pièces sauter de son moteur gauche. Je faillis l’aborder et je ne sais pas encore comment j’évitai son mât d’antenne, derrière son toit. Je voyais ses tubes pi­voter ; il tirait sur moi. Mais le bombardier descendait. Cette fois-ci, en le passant, au lieu de monter, je piquai à fond. Quand je me redressai, les Zéros avaient disparu. Derrière et plus haut que moi, le bombardier des­cendait lentement en vrille. Il brûlait et la fumée noire dessinait une spirale au-dessus des nuages — je le vis entrer dans les nuages où je me lançai à mon tour. J’en sortis bientôt. Il y avait des trouées claires ; Je fis un demi-cercle, ne sachant plus du tout où j’en étais.

Me souvenant brusquement de l’état de mes réservoirs, je consultai mes niveaux. Ils étaient tous sur « vide » ! Je mis cap à l’est à admission réduite et l’hélice sur le pas de croisière. Puis j’appelai Sasser auquel je n’avais pas signalé le contact avec l’ennemi. Je lui dis que j’avais des­cendu le bombardier et passé quelques rafales aux chasseurs. Sasser m’apprit qu’un peloton de Hengyang avait pris l’air, conduit par Gil Bright. J’étais à 10000 pieds et je gardai ma hauteur
tout en volant à l’ouest, dans l’espoir de repérer la voie ferrée de Hengyang-Kweilin. Comme je terminais mon rapport, Sasser, à Kweilin, me donna S-3 et Richardson à Hengyang accusa S-3, lui aussi. Mais, à Lingling, Miller me dit que je paraissais être tout près et me donna S-5. Ce qui veut dire, en langue technique radio, qu’on m’entendait mieux à Lingling, qu’aux autres postes. J’étais donc à proximité de Lingling et poursuivis mon vol à l’ouest, en descendant lentement.

Miller dut recevoir un rapport du réseau d’écou­te, car il m’appela pour me dire. : « Vous êtes au nord-est du terrain. » J’appuyai un peu au sud et j’eus la joie d’apercevoir l’argile rouge de Lin­gling. Brusquement, je me sentis heureux - je volais depuis quatre heures et j’avais descendu au moins un appareil. Je ne pensai pas à raser le terrain : je m’attendais à tout instant à entendre mon moteur tousser et à voir mon hélice se met­tre en croix : panne sèche l Sortant mes roues, j’atterris sans même me préoccuper de la direc­tion du vent. J’eus le temps de rouler jusqu’aux hangars, mais les mécaniciens ne trouvèrent pas une goutte d’essence dans les réservoirs. ’ Très excité, je racontai mon histoire. Puis on compta les trous de mon avion et on alla en faire autant à un autre appareil qui avait eu un com­bat dans la matinée. Puis Miller sauta d’une jeep pour m’annoncer que mon engagement avait été signalé par Leiyang, à 60 miles dans l’est. Mon bombardier était confirmé. Il s’était écrasé à 8 miles-de la ville’ et avait brûlé. Au déjeuner, j’étais si énervé que je ne pus pas manger. Assis, je revivais la bataille. Le sergent vint m’annoncer qu’il y avait seize trous dans mon appareil et que deux avaient été faits par le canon des Zéros - tout près de. la queue. Après tout, George Paxton avait peut-être raison : les petits s... ne savaient pas ti­rer ! (Nous devions nous convaincre du contraire dans les dix jours qui suivirent.)

Je volai dans l’après-midi jusqu’à Hengyang. De là, "nous partîmes en jeep pour Leiyang avec le lieutenant Gluck. Nous avions appris que des membres de l’équipage ou des passagers avaient sauté du bombardier et qu’on les avait capturés. Avec les guides chinois, nous grimpâmes par les rizières vers l’endroit de la chute. Avant même d’avoir fait les 10 ou 12 miles qu’il nous’ fallait couvrir, j’eus des preuves tangibles du combat. Tous les, coolies que nous croisions emportaient un morceau de l’avion. Près de l’endroit de la chute, je vis des pièces d’aluminium déjà posées sur les toits des maisons, des vêtements des avia­teurs japonais. Nous les examinâmes et nous trou­vâmes un carnet de notes, une carte et un pisto­let. Plus tard, des soldats postés au garde-à-vous auprès des restes de l’avion nous donnèrent un parachute et quelques objets ayant une certaine valeur militaire.

Quand nous arrivâmes sur les lieux, nous ne trouvâmes rien d’autre que des épaves informes. La toile était partie quand elle n’avait pas brûlé, le reste n’était que métal tordu. Il y avait quatre cadavres qu’on avait laissés là où ils étaient tom­bés et des visiteurs venus sur les lieux quelques jours plus tard me dirent qu’ils y étaient tou­jours. Je cherchai vainement dans ces débris un sabre de Samouraï, qui est le souvenir que nous prisions le plus. Je devais avoir une bonne surprise. J’appris qu’on avait trouvé, à quelques miles du bombar­dier, les restes d’un avion de chasse qui lui aussi avait brûlé. On passa donc à mon crédit deux avions ennemis pour le 31 juillet. C’était mon pre­mier combat aérien et j’étais très fier.
Nous trouvâmes le prisonnier signalé, mais il était mort. Pendant son interrogatoire, il avait cherché à s’échapper, avait tué plusieurs Chinois, en avait blessé d’autres, et, finalement, avait été abattu. Le lieutenant Gluck le joignit avant son dernier soupir, mais il n’était pas en état de nous donner des renseignements.

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