mardi 24 juillet 2018, par
De 1945 à 1975, la société croit rêver. Entre l’embauche facile et la modernité croissante, l’Europe n’a plus à craindre le chômage ni le manque qu’elle a subi tout au long de la guerre, et avant. Les trente glorieuses succèdent au procès de Nuremberg, à Auschwitz, mais aussi aux résistances : la France rêve d’être à nouveau unie comme elle l’a été dans la Résistance contre l’occupation allemande. Quinze ans auparavant, la Grande Dépression ruinait le monde. Il est temps désormais de sortir de cette disette, et de rattraper ce marasme économique. Le plan Marshall tient également son rôle. Quelque chose doit changer, et cela presse. Alors on court après la modernité, on traverse les frontières, et on consomme davantage chaque jour. Les trente glorieuses, c’est une histoire d’ouverture.
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La guerre est terminée, les problèmes d’argent résolus : il est temps d’avancer. C’est dans les années cinquante que l’on voit apparaître le parfait profil de la ménagère comblée, assistée de ses mille machines à laver ou à cuisiner. C’est parti pour l’apologie du progrès. Les machines envahissent le quotidien, remplacent les corvées, font gagner du temps. Ce sont toutes les constructions qu’on n’aurait pu imaginer avant : après la guerre, les bases technologiques sont plus pointues. La modernisation s’étend sur l’industrie et sur les structures économiques : c’est une véritable impulsion sur les domaines à la fois publics et privés. Depuis les trente glorieuses, le secteur primaire a fortement baissé. Cela est dû à la mécanisation des campagnes, ainsi qu’à la modernisation des exploitations agricoles. Insensiblement, les métiers de services prennent le dessus sur les travaux en milieu rural.
Avec les progrès technologiques, l’Europe a de quoi importer et exporter les productions de masse puisque la mode est à la consommation. Les frontières s’ouvrent, on internationalise les échanges, on augmente toujours plus la productivité. Sur le modèle de l’Amérique et de ses grandes surfaces, le premier hypermarché de France ouvre en 1963, en région parisienne. On compare la France avec les Etats-Unis, et les échanges internationaux s’effectuent aussi avec les productions françaises.
Cette ouverture au commerce international est synonyme d’ouverture sur le consumérisme. De plus en plus, on incite à consommer. Les prix baissent, les salaires augmentent. On parvient, toujours sur le modèle américain, à diminuer les coûts de fabrication. L’abondance devient le critère de réussite sociale, avec le soutien de la presse, et essentiellement des images publicitaires de la ménagère épanouie. De plus, le chômage est oublié, il y a du travail pour « tout le monde ». Alors on achète, on achète, encore et toujours puisque tout est encore et toujours plus sophistiqué. La société de consommation s’installe, la publicité inonde les murs, les vendeurs s’en donnent à cœur joie, et on sort constamment le portefeuille. En effet, la réussite économique passe par les denrées. A l’époque des trente glorieuses, on commence déjà à surconsommer et à gaspiller.
Durant ces trente années, les prix n’ont pas arrêté de baisser, et les salaires on augmenté. Les Français se précipitaient dans les magasins, en proie à la société de consommation. Mais dans les années 1970, l’offre ne répondait plus à la demande. Il a fallu, par conséquent, que les prix augmentent pour rétablir l’économie. C’est la raison pour laquelle les trente glorieuses ont débouché sur une inflation. C’est brusquement que le PIB se contracte de plus de 5%. Le chômage se réinstalle, au vu des entreprises qui tentent de combler le manque par des machines et faire des économies sur la main d’œuvre. On leur reproche alors de privilégier la quantité au détriment de la qualité. De plus, avec l’exode rural survenu entre 1945 et 1975, de nombreux Français ont migrés vers les grandes villes, et la crise du logement est apparue à son tour.
En 1973, c’est le premier choc pétrolier. La société de consommation en est ébranlée. En Suisse, on instaure les « dimanches sans voiture », dans l’espoir de diminuer l’usage du pétrole. La société craint de revenir en arrière, de connaître à nouveau le manque et la pauvreté. Pourtant, la pauvreté n’a pas disparu depuis la fin de la guerre, mais on a préféré la garder sous silence. Dans les années 1980, on la voit réapparaître en puissance sous le nom de SDF, qualifiant ainsi les gens les plus démunis, sans travail ni résidence. Mais ce qu’on ne savait pas, c’est que la main d’œuvre bon marché qui permettait de baisser les prix était constituée principalement d’immigrés sous-payés.
Les trente glorieuses, c’était l’âge d’or, le temps où tout était possible jusqu’à ce qu’arrive le moment où les gens dépensent trop, et que la productivité ne soit plus en mesure de répondre à la demande. Après l’amélioration des conditions de vie, les entreprises fournissant du travail à chacun, la réduction du temps de travail, les vacances plus longues, le consumérisme a laissé voir son côté néfaste, lorsque les salaires sont trop élevés pour ce que produisent les entreprises. S’ensuit alors une hausse des prix considérable. L’augmentation des salaires aura marqué la gloires des ces trente années, mais aussi la fin de leur prospérité.
SOURCES : Yves Genier, Ce qui a mis fin aux Trente Glorieuses, (Le Courrier)
Les Encyclopes, L’Histoire de la France : édition MILAN
Robert Soin, Les réalités oubliées de la croissance
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