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La littérature russe au XXe siècle

, par

Après le déclin de la poésie durant le grand siècle du roman, l’âge d’argent commence le vingtième siècle comme une renaissance spirituelle ; Anna Akhmatova écrit sur le passé entre 1913 et 1940, années de bohème qui se termineront brusquement avec le début de la Seconde Guerre mondiale. Le siècle s’ouvre sur la révolution russe, soulèvement populaire qui permet une suspension momentanée de la censure en Russie. Après le grand siècle du roman, la littérature russe laisse place à l’avant-garde comme opposition à l’académisme. Symbolisme et futurisme fusent dans la littérature.

Le symbolisme

Le mouvement symboliste naît en Russie au début des années 1890, et traverse la frontière entre les dix-neuvième et vingtième siècles. Si ce courant domine la littérature russe pendant près de vingt ans et s’inscrit dans l’âge d’argent, l’avant-garde prend le relais dès le début de l’URSS, à savoir en 1921. Les auteurs symbolistes, en particulier les poètes, écrivent dans l’idée qu’ils ont le pouvoir de révéler le monde grâce au symbole. Le symbolisme marque le début de l’âge d’argent. Le côté musical permet également cette explication du monde.

Le symbolisme était incontestablement un phénomène du XIXe siècle. Notre révolte contre le symbolisme était absolument logique, car nous nous sentions des hommes et des femmes du XXe siècle et ne voulions pas rester prisonniers du passé. [1]

Les nouveaux courants littéraires

Lui succèdent et s’inscrivent dans l’âge d’argent l’acméisme, ainsi que le futurisme. Le premier mouvement s’oppose farouchement au symbolisme par son caractère constructif à partir du mot, et du rôle d’artisan qui revient au poète. Bien que peu d’auteurs acméistes aient été publiés au vingtième siècle, c’est dans ce courant que se trouvent les plus grands auteurs tels que Kouzmine. Les futuristes, eux, se distinguent par leur anti-conformisme et leur goût avant-gardiste. Ils participent activement à l’abstraction de l’art et créent, par la même occasion, de nouveaux concepts par la langue, ayant recours à des mots dépourvus de sens. La forme dans la poésie devient fondamentale.

Modernisme

Mouvement avant-gardiste, le modernisme apporte un véritable changement de conception des formes, à la manière de l’impressionnisme qui a marqué une révolution dans le domaine de la peinture. Le modernisme vient trouver la conception des formes et débouche sur l’avant-garde ; c’est ainsi que le modernisme révolutionne la peinture. Il n’est plus question de rendre l’esthétique utile ou engagé, puisque l’art devient indépendant : il ne sert plus le tsar, ni la politique. L’art ne remplit par de fonction utile à proprement parler : les auteurs sont partisans de « l’art pour l’art » qui concerne à la fois la littérature, la peinture, la danse, etc. Un certain intérêt naît pour le folklore russe, et une période d’ouverture contribue à l’émancipation des artistes. L’art nouveau, qui inclut le modernisme, représente notamment un orientalisme modernisé, et concentre tout son intérêt sur la forme puisque l’art se représente lui-même. C’est une véritable période d’expérimentation.
Si l’année 1917 marque l’abstention de la censure en Russie, elle sera brève (de janvier à octobre), car l’Union soviétique se chargera de réglementer la littérature de l’époque. L’Union des écrivains soviétiques succède à l’Union des écrivains

Nous avons découpé l’objet !
Nous sommes mis à voir le monde de part en part.
Nous avons appris à suivre le monde à rebours, et ce mouvement inverse nous remplit de joie (en ce qui concerne le mot, nous avons remarqué qu’on peut le lire à rebours, ce qui lui confère un sens plus profond !).
Nous pouvons modifier le poids des objets (cette éternelle attraction terrestre), nous voyons des édifices suspendus et le poids des sons.
De la sorte, nous donnons un monde avec un contenu nouveau…

La littérature de l’émigration

L’émigration russe compte trois vagues : la première suite à la Révolution en 1917, la deuxième à l’issue de la Seconde Guerre mondiale en 1945, et la troisième dans les années 1970, lorsque les Juifs russes obtiennent l’autorisation de rejoindre Israël. Nous nous intéresserons essentiellement à la première vague. Alors que la violence, qui résulte de la Révolution, règne en Russie, des auteurs se voient dans l’obligation de quitter le pays et se proclament émigrés. Cependant, il s’agit plutôt de personnes exilées qui sont véritablement en danger sur le sol russe. Comme le lectorat russophone est restreint hors de Russie, certains auteurs adoptent la langue de leur pays d’accueil. Citons par exemple Elsa Triolet (dont Aragon versifiera son origine russe), Joseph Kessel et Nathalie Sarraute qui évoque l’émigration de son père dans son autobiographie Enfance. Vladimir Nobokov, lui, écrit son célèbre roman Lolita en anglais. Une Maison à Passy, de Boris Zaïtsev, est la référence en matière d’émigration russe, et d’exilés chassés par la Révolution. Si, à l’origine, Boris Zaïtsev désirait se battre contre le bolchevisme, il finira lui aussi par quitter la Russie où il faisait partie de l’Union des écrivains russes. Dès lors, en Union soviétique, l’Union des écrivains soviétiques ne propose que le réalisme socialiste comme méthode ou poétique littéraire. Zaïtsev fera partie de l’Union des écrivains russes en France. Le « nid de Russes » ou les « îlots russes », comme est désignée cette demeure dans Une Maison à Passy, a logé Boris Zaïtsev lorsqu’il était en France. On remarque d’ailleurs dans son œuvre que l’émigration cherchait à conserver sa culture et sa religion d’avant 1917.

La littérature soviétique

La littérature des années vingt écrit essentiellement sur le réalisme socialiste. De 1917 à 1932, la censure recommence à faire rage et on ne publie ni n’écrit presque plus. En 1920, moins de trois mille livres sont imprimés en Russie. Le communisme de guerre ferme les journaux et la révolution entrave la liberté de la presse. On remplace la littérature par la propagande sous toutes les formes, on crée de nouvelles revues littéraires pour remplacer celles fermées par les bolcheviques. Si le réalisme socialiste domine les productions, certaines œuvres sont également dédiées à la révolution, ou du moins ayant pour thème celui de la révolution : la littérature doit évoluer comme la société. Dès lors, la Russie expérimente : elle n’analyse plus la psychologie des personnages comme l’a fait Dostoïevski, se débarrasse de l’intrigue, préfère construire un roman de façon novatrice et briser les frontières entre les genres, promeut le roman-documentaire. Le cinéma est également facteur de propagande, et il sert de modèle à la littérature qui opte de plus en plus pour la fragmentation du récit, à violenter le texte comme la violence ravage le pays.
La satire est rapidement remise en place par la censure. Inévitablement, la littérature clandestine émerge : on a recours à la métaphore, à des stratégies permettant de passer entre les mailles du filet, et de s’interroger sur la Révolution. Le thème de la violence, lui, reste omniprésent.

La littérature de la N.E.P.

La NEP (Nouvelle Economie Politique) naît dans les années 1920. Après l’exil de nombreux intellectuels russes hors de l’URSS, l’Union des écrivains soviétiques émerge et acquiert du prestige. Le réalisme socialiste est perçu comme une régression dans la littérature, et annihile l’évolution due à l’avant-garde : la littérature devient un véritable outil de propagande. Les thèmes et le style sont dès lors imposés et surtout contrôlés. L’esthétique artistique devient secondaire. La NEP s’achève en 1928, au début de la révolution stalinienne.

La RAPP

Association des écrivains prolétariens, la RAPP naît en 1925, et durera jusqu’en 1932. Post-révolutionnaire, cette association regroupe des écrivains fonctionnaires de la littérature, engagés par et au service du parti. Ils se revendiquent comme futuristes et se distinguent des intellectuels qui mobilisent la plume. L’Union soviétique ne publie qu’eux. En 1934, l’Union des écrivains organise son premier congrès. Désormais, leur objectif est de montrer que la réalité est révolutionnaire. Les écrivains, par conséquent, s’adaptent au réalisme socialiste… jusqu’à devenir parfois mauvais.

La période post-révolutionnaire

Une double littérature s’est désormais mise en place : celle non publiée et celle publiée, qui présente une véritable médiocrité. On retient aujourd’hui les œuvres non publiées à l’époque, telles que Cœur de chien de Boulgakov. Du côté du parti, si l’Union des écrivains n’oblige pas à écrire, un écrivain qui garde le silence est louche, voire dangereux. Il devient important de s’adapter… et vite.

La lutte entre l’acméisme et le symbolisme, à supposer qu’il s’agisse d’une lutte et non de l’occupation d’une forteresse abandonnée, a pour principal enjeu le monde d’ici-bas, plein de sons, de couleurs, doté de formes, d’un poids et d’une durée, elle a pour enjeu notre planète Terre. Le symbolisme a fini par emplir le monde de “correspondances”, il l’a transformé en un fantôme qui n’a d’importance que dans la mesure où il laisse transparaître d’autres mondes, il en a amoindri l’immense valeur intrinsèque. [2]


SOURCES : Aucouturier Michel, Le Réalisme socialiste, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1998
Heller Michel, « Les Années trente », Histoire de la littérature russe, Le XXe siècle *** Gels et Dégels, Paris, Fayard, 1990
Heller Michel, Le Monde concentrationnaire et la Littérature soviétique, Lausanne, l’Age d’Homme, 1974
L. Livak, How It Was Done in Paris, Russian Emigré Litterature and French Modernisme, Madison, The University of Wisconsin Press, 2003


[1А. Аkhmatova

[2S. Gorodetski

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