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Le Temps des Troubles

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Le Temps des troubles est qualifié ainsi de par son absence de tsar au pouvoir. Le règne est partagé entre imposteurs et boyards qui saisissent à tour de rôle l’occasion d’accéder au trône. Cette période troublée symbolise la fin de la dynastie moscovite, précédant l’avènement des Romanov.

Théodore Ier terminé et unique (1584-1598)

Parmi les fils survivants d’Ivan le Terrible, Théodore est l’aîné. Il accède donc au pouvoir en 1584 et règne tout à fait différemment de son père : il se montre plutôt simple et très religieux. Durant son règne, Théodore instaure un patriarche en Moscovie, ce qui la hisse au même niveau que Constantinople ; si dans cette dernière, qui est sous domination de l’Empire ottoman, Jérémy est patriarche, en Moscovie c’est Job, patriarche de Moscou, qui renforce son pouvoir et améliore l’organisation religieuse.

L’assassinat de Dimitri d’Ouglitch (1591)

Dimitri d’Ouglitch est le dernier fils d’Ivan IV ; il est alors le frère du tsar Théodore Ier et, par conséquent, l’héritier de la couronne si celui-ci venait à mourir. En 1591, âgé de moins de dix ans, Dimitri d’Ouglitch meurt dans des circonstances inconnues. La version de l’accident est la première adoptée, supportant qu’il jouait avec un couteau et, en proie à une crise d’épilepsie, il se serait mortellement blessé. Mais la théorie de l’assassinat l’emporte rapidement…

Boris Godounov coupable ?

Après la mort de Dimitri d’Ouglitch, tous les officiers chargés de veiller sur lui sont immédiatement mis à mort. Mais c’est bientôt Boris Godounov, le beau-frère de Théodore, qui est accusé de meurtre. Il aurait été commis dans l’espoir d’obtenir l’héritage de la couronne à la mort du tsar. En effet, si le frère de ce dernier meurt, c’est à Boris Godounov que revient le pouvoir. De plus, sous le règne de Théodore, il occupe déjà des fonctions importantes : il est le dirigeant de la Moscovie.
Selon l’historien Platonov, Godounov aurait eu toutes les raisons de commander cet assassinat. Néanmoins, il s’y serait pris d’une meilleure façon. Il aurait pu, entre autres, contester l’héritage de la couronne de Dimitri : il était le fils de la dernière femme d’Ivan, à savoir la septième. Comme l’Eglise limite les mariages au nombre de quatre, la légitimité de Dimitri avait de quoi être remise en cause.
Mais la thèse du meurtre par Boris Godounov sera véhiculée au niveau de la littérature, notamment dans l’œuvre célèbre de Pouchkine Boris Godounov : elle démontre comment il aurait tout fait pour s’emparer du pouvoir.

Affaiblissement de la Moscovie

Lorsque la dynastie de Moscou touche à sa fin, aucun héritier naturel ne se présente au trône. Avec un pouvoir bancal, la Moscovie devient vite la proie d’invasions étrangères. De plus, avec la naissance de l’opritchnina [1], Moscou voit naître des conflits internes, ce qui l’affaiblit davantage.
Les ravages ont des conséquences non seulement sur les villes, mais également sur les campagnes, car les paysans fuient vers le sud. En effet, bien que leur expansion ait profité à la Moscovie, celle-ci à besoin d’hommes et de leurs impôts. Par conséquent, cela les oblige à rester. Les paysans trouvent alors refuge du côté des Cosaques.

Les Cosaques

Les Cosaques se disent être des sociétés libres installées aux périphéries des états, et notamment près des fleuves comme le Don, le Dniepr et la Volga. Malgré leurs pillages, dont ils vivent en plus du commerce, ils jouent le rôle de garde-frontières de par leur organisation militaire. Ils sont à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la Moscovie. Quand les paysans s’y réfugient, ils deviennent eux-mêmes cosaques, ce qui leur permet de ne plus obéir à l’obligation de rentrer en Moscovie.

Boris Godounov au pouvoir (1598- 1605)

Le règne de Boris Godounov s’étend sur sept ans, à savoir de 1598 à 1605. Malgré son statut d’usurpateur et de criminel depuis la mort de Dimitri d’Ouglitch en 1591, il accède au trône et règne sur la Moscovie. D’origine mongole, il s’est converti à l’orthodoxie ; sa sœur, Irina Fedorovna Godunova, est l’épouse de Théodore Ier. Élu par l’assemblée des états, il est celui qui a ouvert la Moscovie au monde, notamment en envoyant la jeunesse étudier de l’autre côté de la frontière, mais aussi par ses relations commerciales avec l’Angleterre.
Néanmoins, le début de son règne se révèle tragique : en effet, une famine en 1601 fait cause la mort de près de cent mille Russes. De plus, des personnes affamées se ruent dans les campagnes afin de les piller, instaurant ainsi un sentiment d’insécurité. La sécheresse et les épidémies s’ensuivent. La rumeur court qu’il s’agit d’un châtiment envoyé du ciel à cause de l’usurpation de Boris Godounov. Sans compter que le règne de ce dernier est bouleversé par l’apparition de Dimitri, de retour sous les traits d’un imposteur.

Le Faux Dimitri (1605-1606)

Profitant du mystère qui entoure la mort de Dimitri d’Ouglitch, un homme arrive à Moscou en 1605 en prétendant être Dimitri d’Ouglitch, qu’il ne serait pas mort mais se serait échappé en 1591.
Après avoir été moine, puis être passé chez les Cosaques, le Faux Dimitri réapparaît en Pologne-Lituanie où il se marie avec Marina Mniszek, une aristocrate polonaise et catholique. En 1604, il envahit la Moscovie avec plus de mille Cosaques en revendiquant son droit au trône : c’est un succès. Bien qu’il ait été excommunié par Boris Godounov, le Faux Dimitri est accueilli comme un héros. La mort de Boris Godounov en 1605 a d’ailleurs favorisé son arrivée. Il est couronné la même année, un mois après son arrivée à Moscou. La mère du vrai Dimitri, devenue religieuse depuis, le reconnaît comme son fils. En effet, cela lui permet de sortir du couvent et de retrouver son statut de mère du tsar. Le Faux Dimitri se montre compétent, mais ses manières ne conviennent pas à tout le monde : il ne respecte pas les traditions, se rend peu à l’église se promène seul contrairement aux règles appliquées aux tsars, et il ne fait pas non plus la sieste alors que c’est une obligation à cette époque.

Basile Chouïski (1606-1610)

Après avoir fait revenir les boyards persécutés par Boris Godounov, le Faux Dimitri meurt en 1606. Basile Chouïski, qui clamait que c’était un imposteur, il devient tsar à son tour bien que de façon illégitime. Par conséquent, la société n’adhère pas à ce tsar et se rebelle contre le pouvoir central, déjà affaibli par le meurtre du Faux Dimitri. Dimitri d’Ouglitch est canonisé en 1606 afin que sa mort soit désormais officielle. Mais cela ne suffit pas : le bruit court que le Faux Dimitri est encore vivant. En effet, Chouïski lui-même avait affirmé que Dimitri d’Ouglitch s’était blessé et qu’un autre garçon avait été enterré à sa place.

Révolte de Bolotnikov (1606-1607)

Ivan Bolotnikov, ancien paysan, fuit chez les Cosaques du Don. Il revient en 1606 à la tête d’une véritable armée d’hommes, poussés à se battre au nom du vrai tsar. La révolte est menée de la Mer Caspienne à Moscou et compte dans ses rangs, entre autres, les déserteurs de l’armée du tsar. C’est la plus grande révolte du Temps des troubles.
Chouïski se tourne vers la Suède pour lui demander de l’aide. Cette dernière accepte, à deux conditions cependant : premièrement que la Moscovie renonce à la Livonie et, deuxièmement, qu’elle s’allie à la Suède contre la Pologne.

Le bandit de Touchino (1607)

Après le succès du Faux Dimitri, la tentative est réitérée en 1607 et cette fois-ci par un certain « bandit de Touchino ». Il vient de Pologne et raconte être parvenu à fuir Moscou en 1591. Il est reconnu à la fois par la mère et la femme du Faux Dimitri, Marina Mniszek : celle-ci aura même un enfant avec lui.
Pendant un temps, le pouvoir se partage, du moins se dédouble. Des familles de la noblesse servent les deux souverains en même temps, à savoir le bandit et Chouïski. Après avoir géré la révolte de Bolotnikov, Chouïski parvient finalement à se débarrasser de son rival.

L’interrègne (1610-1613)

En 1610 débute ce qu’on appelle l’interrègne : le gouvernement est composé de sept boyards depuis que Chouïski n’est plus au pouvoir. Ces boyards sont ceux revenus en force après la mort d’Ivan qui les avait chassés. Pendant trois ans, il n’y a pas de tsars en Russie qui, pourtant, se bat contre la Suède ainsi que la Pologne.
La question de savoir qui deviendra le prochain tsar se pose : un premier candidat serait Michel Romanov, le fils du métropolite de Rostov du nom de Philarète. Mais c’est finalement sur le fils du roi de Pologne Sigismond que se tournent les Moscovites : en effet, si Ladislas se convertit à l’orthodoxie, il accédera au trône de Moscou. Jusqu’alors, aucun roi polonais n’est monté sur le trône. Mais cette condition de conversion est refusée par la Pologne.
En 1611, Smolensk tombe aux mains des Polonais et Novgorod à celle des Suédois. En 1612, une armée polonaise arrive à Moscou : de septembre à novembre, Moscou sera sous sa domination. Il devient alors urgent d’élire un tsar, et cette fois, c’est Michel Romanov qui est choisi.

Michel Ier (1613-1645)

Michel Romanov, fondateur de l’illustre dynastie russe, est le fils du métropolite Philarète. Il devient tsar en 1613 et restera sur le trône jusqu’en 1645. Il n’a alors que seize ans, mais son lien de parenté avec Anastasia Romanovna Zakharina, la femme d’Ivan IV, ainsi que la popularité de sa famille et la fonction de son père, le fils du frère d’Anastasia, devenu patriarche depuis - à savoir la fonction religieuse la plus importante - lui permettent ce règne.

Le Temps des troubles : slavophilie et nationnalisme

Le Temps des troubles a donné une véritable importance à la slavophilie en exhibant la grandeur du peuple russe. Mais c’est aussi un sentiment profondément nationaliste qui s’est emparé des Moscovites. En effet, c’est avec un héritage de conflits et de révoltes que commence le règne de Michel Ier : l’autocratie est vue comme garantie de paix, ainsi que de sécurité.


Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011


[1Il s’agit d’une institution créée sous Ivan IV, visant à subdiviser l’Etat moscovite.

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