dimanche 10 mai 2015, par
Le jour même où Franco arrive au Maroc espagnol, dont il soumet les garnisons — le 19 juillet —, Goded, après avoir, sans difficulté, imposé la rébellion à Majorque, débarque à Barcelone. Fait prisonnier le lendemain par le commandement républicain, il sera fusillé au début d’août. A Séville, grâce au « bluff » du général Gonzalo Queipo de Llano y Sierra — qui laisse croire au quartier général républicain qu’une nombreuse armée le suit —, l’insurrection est victorieuse. A Malaga, le général rebelle renoncera, au dernier moment, à décréter l’état de siège. En Aragon, le « Mouvement » l’emportera. Au pays basque, la situation restera confuse. Burgos, Valladolid, Pampelune se déclareront sans hésiter pour le soulèvement. Bref, le début de la guerre prendra la forme classique des pronunciamientos. Adhésions chaleureuses, approbations réservées ou bien oppositions franches marquent le 19 juillet et les jours qui suivront.
Mais bientôt, on pourra délimiter la zone d’influence de Franco — qui maintenant prend vraiment figure de chef incontesté de la rébellion : le Maroc, les îles espagnoles et, dans la péninsule, d’une part, les montagnes d’Aragon, la Navarre, la Galice et une partie de la Vieille-Castille et, d’autre part, le littoral andalou, d’Algésiras à Huelva. Deux tronçons de territoire qui ne communiquent que par le Portugal.
Le problème essentiel pour Franco est d’établir au plus tôt une liaison entre le Nord, commandé par Emilio Mola Vidal, et le Sud, conquis presque sans coup férir, par Queipo de Llano. Pour réaliser cette opération, il lui faut du matériel et des troupes. Ses effectifs sont minces : cinq divisions dans la métropole — à Valladolid, à Burgos, à Séville, à Saragosse et en Galice — et 34 000 hommes au Maroc, dont 9 000 indigènes. Son matériel est insuffisant. Il manque surtout d’avions. Or il est capital pour lui d’amener des renforts du Maroc en Espagne. Donc il lui faut la maîtrise du détroit de Gibraltar.
La marine, restée fidèle au gouvernement, bloque le passage. Grâce à la fourniture par l’Allemagne d’avions militaires et à la protection aérienne des bombardiers italiens, stationnés à Majorque, un pont aérien est établi, qui déverse sur le continent les bataillons de choc marocains. Rassemblés à Séville, ces effectifs, que grossiront progressivement d’autres arrivages, constitueront l’armée du Sud, que commandera Franco.
Dès les premiers jours d’août, une colonne mobile, sous les ordres du colonel Yagüe, formée de trois banderas de la légion et de trois tabors — comprenant chacun 25 hommes — foncera sur Mérida, enlèvera la ville et poursuivra sur Badajoz. Là, elle marque un temps d’arrêt. Des combats furieux opposent les nationalistes aux républicains. C’est la première bataille féroce de la guerre civile : on se bat a cuchillo (au couteau). Tandis que la jonction nord-sud est près d’être achevée, Mola s’empare d’Irun et de Saint-Sébastien. De son côté, Yagüe poursuit sa marche sur Madrid, isolant ainsi la région bascoasturienne. Il conquiert Talavera de la Reina. Tolède n’est pas loin. La fortune paraît sourire aux nationalistes. La jonction nord-sud est réalisée. Madrid, pensent-ils, va tomber comme un fruit mûr.
Sources : Article de Jean Descola Historia magazine 1970
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