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Antoine de Saint-Exupéry

, par

Antoine Marie Jean-Baptiste Roger de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 en mer, au large de Marseille, Mort pour la France, est un écrivain, poète, aviateur et reporter français.

Né dans une famille issue de la noblesse française, Antoine de Saint-Exupéry passe une enfance heureuse malgré la mort prématurée de son père. Élève peu brillant, il obtient cependant son baccalauréat en 1917 et, après son échec à l’École navale, il s’oriente vers les beaux-arts et l’architecture. Devenu pilote lors de son service militaire en 1921 à Strasbourg, il est engagé en 1926 par la compagnie Latécoère (future Aéropostale) et transporte le courrier de Toulouse au Sénégal avant de rejoindre l’Amérique du Sud en 1929. Parallèlement il publie, en s’inspirant de ses expériences d’aviateur, ses premiers romans : Courrier sud en 1929 et surtout Vol de nuit en 1931, qui rencontre un grand succès.

À partir de 1932, son employeur entre dans une période difficile. Aussi Saint-Exupéry se consacre-t-il à l’écriture et au journalisme. Il entreprend de grands reportages au Viêt Nam en 1934, à Moscou en 1935, en Espagne en 1936, qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes qu’il développe dans Terre des hommes, publié en 1939.

En 1939, il sert dans l’armée de l’air où il est affecté dans une escadrille de reconnaissance aérienne. À l’armistice, il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer les Américains dans la guerre et devient l’une des voix de la Résistance. Rêvant d’action, il rejoint enfin, au printemps 1944, en Sardaigne puis en Corse, une unité chargée de reconnaissances photographiques en vue du débarquement en Provence. Il disparaît en mer avec son avion unP-38 Lightning F5B lors de sa mission du 31 juillet 1944. Son avion n’a été retrouvé qu’à partir de 2000 au large de Marseille.

Le Petit Prince, écrit à New York pendant la guerre, est publié avec ses propres aquarelles en 1943 à New York et en 1946 chez Gallimard, en France. Ce conte plein de charme et d’humanité devient très vite un immense succès mondial.

Jeunesse et formation

Fils du comte Jean-Marc de Saint-Exupéry (1863-1904), inspecteur d’assurances, et de Marie Boyer de Fonscolombe, Saint-Exupéry naît le 29 juin 1900 dans le 2e arrondissement de Lyon dans une famille issue de la noblesse française. Il partage une enfance heureuse entre cinq frères et sœurs. Mais en 1904, son père meurt, terrassé par une hémorragie cérébrale à seulement 41 ans, en gare de Foux, laissant Marie de Saint-Exupéry éduquer seule ses cinq enfants : Marie-Madeleine, dite « Biche », Simone, dite « Monot », Antoine, dit « Tonio », François et Gabrielle, dite « Didi ».

La mère d’Antoine vit plus ou moins bien ce veuvage prématuré, mais son naturel optimiste lui permet de faire face à ses obligations. D’une sensibilité à fleur de peau, elle tisse avec Antoine des liens privilégiés et lui offre une excellente éducation, chose difficile à l’époque pour une femme seule. Elle transmet à son fils adoré des valeurs qu’il conservera toute sa vie : honnêteté, respect d’autrui, pas d’exclusivité sociale. Femme exceptionnelle, elle consacre sa vie à ses enfants, avec un humanisme que Saint-Exupéry a cultivé tout au long de ses voyages.

Jusqu’à l’âge de dix ans, il passe son enfance entre le château de La Môle dans le Var, propriété de sa grand-mère maternelle, et le château de Saint-Maurice-de-Rémens dans l’Ain, propriété de l’une de ses tantes. À la fin de l’été 1909, sa famille s’installe au Mans, région d’origine de son père. Antoine entre au collège Notre-Dame de Sainte-Croix le 7 octobre suivant. Attiré par l’ailleurs, le lointain, l’aventure, il cherche depuis l’enfance à échapper aux bornes de son milieu aristocratique.

En 1912, il passe les grandes vacances à Saint-Maurice-de-Rémens. Fasciné par les avions, il se rend souvent à vélo à l’aérodrome d’Ambérieu-en-Bugey, situé à quelques kilomètres et y reste des heures à interroger les mécaniciens sur le fonctionnement des avions. Un jour, il s’adresse au pilote Gabriel Salvez en prétendant que sa mère l’a autorisé à effectuer un baptême de l’air. Il fait donc son baptême sur un Berthaud-Wroblewski2, avion fabriqué à Villeurbanne par l’industriel lyonnais Berthaud sur des plans de Pierre et Gabriel Wroblewski-Salvez. Il écrit un poème témoignant de sa nouvelle passion pour les avions :

Les ailes frémissaient sous le souffle du soir
Le moteur de son chant berçait l’âme endormie
Le soleil nous frôlait de sa couleur pâle.

Saint-Exupéry passe ainsi presque toute son enfance dans le château familial, entouré de ses frères et sœurs. Il se souviendra de cette période comme celle du paradis perdu : « Les plus beaux moments de ma vie », dira-t-il plus tard
En revanche, il ne se plaît pas beaucoup au collège Sainte-Croix du Mans où il est pensionnaire. Ses camarades, qui le surnomment Tatane, collaborent toutefois au journal de classe créé à son initiative, qui sera ensuite interdit par les Pères

Alors que la Première Guerre mondiale éclate, Marie de Saint-Exupéry est nommée infirmière-chef de l’hôpital militaire d’Ambérieu-en-Bugey dans l’Ain. Grâce à son travail, elle peut faire venir ses enfants près d’elle. Ses deux fils, Antoine et François, intègrent en tant qu’internes le renommé collège jésuite de Notre-Dame de Mongré, à Villefranche-sur-Saône. Le jeune Antoine peut donc enfin se consacrer à l’écriture, avec brio, puisque, même si ses études sont médiocres par ailleurs, il remporte le prix de narration du lycée pour l’une de ses rédactions.

À la rentrée scolaire de 1915, Marie de Saint-Exupéry, toujours en poste à Ambérieu-en-Bugey, estime que ses fils ne se plaisent pas vraiment chez les pères jésuites de Mongré. Soucieuse de protéger ses enfants et de leur donner une éducation qui leur permette de développer leurs dons, elle préfère les inscrire chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, en Suisse. En rapport étroit avec le collège Stanislas de Paris, ce collège a développé une méthode d’éducation moderne qui leur permet d’exercer leur créativité. Antoine y retrouve Louis de Bonnevie, dont la famille est voisine et amie de la sienne à Lyon. Il noue avec lui ainsi qu’avec Marc Sabran et Charles Sallès une amitié profonde et durable.

En 1917, il obtient son baccalauréat malgré des résultats scolaires peu brillants. L’élève Saint-Exupéry est davantage à l’aise dans les matières scientifiques que littéraires. Au cours de l’été, souffrant de rhumatismes articulaires3, François, le frère cadet d’Antoine, le compagnon de jeux et le confident, meurt d’une péricardite. Attristé par la mort de son frère, Saint-Exupéry vivra cet évènement comme le passage de sa vie d’adolescent à celle d’adulte.

La guerre aussi l’inspire. Il réalise des caricatures de soldats prussiens et de leurs casques à pointe, de l’empereur et du Kronprinz. Il écrit aussi quelques poèmes :

Parfois confusément sous un rayon lunaire,
Un soldat se détache incliné sur l’eau claire ;
Il rêve à son amour, il rêve à ses vingt ans !

Printemps de guerre

En 1919, il échoue au concours de l’École navale (ses résultats dans les branches scientifiques sont très bons, mais ceux des branches littéraires insuffisants) et s’inscrit en tant qu’auditeur libre dans la section architecture à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Sa mère l’aide comme elle peut, malgré ses soucis d’argent. Antoine bénéficie alors de l’hospitalité de sa cousine Yvonne de Lestrange et accepte également plusieurs petits emplois : avec son ami Henry de Ségogne, il sera notamment figurant durant plusieurs semaines dans Quo Vadis, un opéra de Jean Noguès. En 1918, il avait fait la connaissance de Louise de Vilmorin, qui lui inspire des poèmes romantiques.

Je me souviens de toi comme d’un foyer clair
Près de qui j’ai vécu des heures, sans rien dire
Pareil aux vieux chasseurs fatigués du grand air
Qui tisonnent tandis que leur chien blanc respire.

À mon amie

Cependant, durant cette période, son intense activité poétique lui inspire des poèmes plutôt mélancoliques[réf. nécessaire], des sonnets et des suites de quatrains (Veillée, 1921) montrant qu’il vit une période difficile, car il se retrouve sans projet de vie et sans perspective d’avenir. Certains de ses poèmes sont calligraphiés et enluminés de dessins à l’encre de Chine. Il offre deux de ses cahiers de poésie à son ami Jean Doat.
Dans l’aviation
Immeuble de Strasbourg où Antoine de Saint-Exupéry vécut en 1921.
Monument commémoratif à Tarfaya, escale de l’Aéropostale.

En avril 1921, il est affecté pour son service militaire en tant que mécanicien au 2e régiment d’aviation de Strasbourg. En juin, il prend des cours de pilotage à ses frais. Le 9 juillet son moniteur le lâche pour un tour de piste. Seul aux commandes de son avion-école, il se présente trop haut pour l’atterrissage. Remettant les gaz trop brusquement, il cause un retour au carburateur. Croyant que le moteur a pris feu il ne s’affole pas, fait un second tour de piste et atterrit en beauté. Son moniteur valide sa formation. Néanmoins, il laisse le souvenir d’un aviateur parfois distrait, oubliant tantôt de rentrer son train d’atterrissage, tantôt de brancher ses instruments de bord, se perdant dans l’immensité du ciel7. Le surnom de « Pique la Lune » lui est ainsi resté, non seulement en raison de son nez en trompette mais aussi d’une tendance certaine à se replier dans son monde intérieur.

En janvier 1922, il est à Istres comme élève officier de réserve. Il est reçu pilote militaire et promu caporal. En avril 1922, dans le cadre de sa formation dans les EOR, il suit des cours d’entraînement à Avord, qu’il quitte pour la région parisienne avec le grade de sous-lieutenant. Début août, il est affecté au 37e régiment d’aviation à Casablanca, où il obtient son brevet civil. Pendant ses loisirs, il réalise des croquis de ses copains de chambrée au crayon mine de charbon et à l’encre turquoise. Ses dessins sont regroupés dans son cahier Les Copains. En octobre, sous-lieutenant de réserve, il choisit son affectation au 34e régiment d’aviation, au Bourget. Au printemps 1923, il a son premier accident d’avion au Bourget : fracture du crâne. Après ce grave accident, il est démobilisé. Pourtant, il envisage toujours d’entrer dans l’armée de l’air, comme l’y encourage le général Barès. Mais la famille de Louise de Vilmorin, sa fiancée, s’y oppose. Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie, une filiale de la Société générale d’Entreprise. En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise.

En 1924, Saint-Exupéry travaille dans l’Allier et la Creuse comme représentant de l’usine Saurer qui fabrique des camions (il n’en vendra qu’un seul en une année et demie !). Il se lasse et donne sa démission. En 1924, il commence aussi une œuvre en prose, Manon, danseuse. En 1925, son poème intitulé La Lune montre une inspiration farfelue. On peut aussi citer la suite poétique L’Adieu :

Il est minuit — je me promène
Et j’hésite scandalisé
Quel est ce pâle chimpanzé
Qui danse dans cette fontaine ?

La Lune, 1925

En 1926, il est engagé par Didier Daurat, directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère (future Aéropostale) et rejoint l’aéroport de Toulouse-Montaudran pour effectuer du transport de courrier sur des vols entre Toulouse et Dakar. Il rédige alors une nouvelle (« L’évasion de Jacques Bernis »), dont sera tiré « L’Aviateur », publié dans la revue d’Adrienne Monnier, Le Navire d’argent (numéro d’avril), où travaille son ami Jean Prévost. À Toulouse, il fait la connaissance de Jean Mermoz et de Henri Guillaumet. Au bout de deux mois, il est chargé de son premier convoyage de courrier sur Alicante.

Fin 1927, il est nommé chef d’escale à Cap Juby au Maroc avec pour mission d’améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures d’une part et avec les Espagnols d’autre part. Il va y découvrir la brûlante solitude et la magie du désert. En 1929, il publie chez Gallimard son premier roman, Courrier sud, dans lequel il raconte sa vie et ses émotions de pilote.

En septembre 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie. En 1930, il utilise la bibliothèque de son ami Paul Dony pour commettre divers sonnets inspirés d’autres poètes mais qui sont autant d’exercices de virtuosité poétique. En 1931, il publie son second roman, Vol de nuit, un immense succès, dans lequel il évoque ses années en Argentine et le développement des lignes vers la Patagonie. En 1931, toujours, il se marie à Agay avec Consuelo Suncin Sandoval de Gómez (décédée en 1979), à la fois écrivaine et artiste salvadorienne.

À partir de 1932, alors que la compagnie, minée par la politique, ne survit pas à son intégration dans Air France, il subsiste difficilement, se consacrant à l’écriture et au journalisme. Saint-Exupéry demeure pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il devient journaliste d’occasion pour de grands reportages.

Reporter pour Paris-Soir, il voyage au Viêt Nam en 1934 et à Moscou en 1935. Le 29 décembre 1935, accompagné de son mécanicien Prévot, il tente un raid Paris-Saïgon à bord d’un Caudron-Renault Simoun, pour battre le record d’André Japy qui quelques jours plus tôt a relié Paris à Saïgon en 3 jours et 15 heures. Dans la nuit du 31 décembre, il est obligé de poser en catastrophe son avion dans le désert Libyque en Égypte. Il connaît alors quatre jours d’errance sans eau ni vivres avant un sauvetage inespéré. Le manuscrit de 58 pages relatant son aventure a été vendu aux enchères en 2009.

En 1936, il est envoyé comme reporter en Espagne pour couvrir la guerre civile. Parce qu’il refuse d’adopter une conception bassement partisane du journalisme, à l’inverse de tous les intellectuels de son temps, il décide de révéler les exactions des républicains espagnols. De tous ces voyages, il accumule une très importante somme de souvenirs, d’émotions et d’expériences, qui lui servent à nourrir sa réflexion sur le sens à donner à la condition humaine. Sa réflexion aboutit à l’écriture de Terre des hommes, qui est publié en 1939. L’ouvrage est récompensé par le prix de l’Académie française. C’est dans ce roman que l’on trouve la célèbre phrase prononcée par Henri Guillaumet après son accident dans les Andes : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait ».

Guerre de 1939-1945

En 1939, il sert dans l’Armée de l’air où il est affecté dans une escadrille de reconnaissance aérienne. Le 23 mai 1940, il survole Arras alors que les panzers allemands envahissent la ville : bien que son avion Bloch 174 soit criblé de balles par la DCA allemande, il réussit à retourner à la base avec ses passagers sains et saufs, ce qui lui vaut d’être récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l’ordre de l’Armée de l’air, le 2 juin 1940. Cet exploit lui inspirera le titre et la trame de Pilote de guerre8. À l’armistice, il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer en guerre les Américains. Considéré par certains comme pétainiste car non gaulliste, Saint-Exupéry a du mal à faire entendre sa voix. Comme l’immense majorité des Français, il était au départ plutôt favorable à Vichy, qui lui semblait représenter la continuité de l’État, et était donc plutôt méfiant envers le général de Gaulle.
De fait, il a surtout essayé de réconcilier les factions opposées ; lors de son appel radiophonique du 29 novembre 1942 depuis New York, soit trois semaines après le débarquement allié en Afrique du Nord, il lançait : « Français, réconcilions-nous pour servir », mais il fut incompris, car il était trop tard et le temps était celui de l’affrontement général. Cependant, selon des archives américaines récemment ouvertes, il semblerait que les services secrets américains eussent envisagé de le pousser en lieu et place du général de Gaulle.

En mai 1942, il séjourne au Canada dans la famille De Koninck, rue Sainte-Geneviève, dans le vieux-Québec. Alors que son séjour devait durer quelques jours, il passe finalement près de cinq semaines au Québec à cause de problèmes de visa. Ayant pour mission de faire entrer les Américains dans la guerre, il publie à New York en février 1942 Pilote de guerre pour rappeler aux Américains combien la bataille de France avait été dure, avant de publier un an plus tard le conte poétique et philosophique Le Petit Prince.

Mais il ne pense qu’à s’engager dans l’action, considérant, comme ce fut le cas avec l’Aéropostale, que seuls ceux qui participent aux événements sont légitimes pour en témoigner. En avril 1943, bien que considéré par les Alliés comme un pilote dépassé, incapable de piloter un avion de combat moderne, il reprend du service actif dans l’aviation en Tunisie grâce à ses relations et aux pressions du commandement français.
Relégué de la chasse, il effectue quelques missions de reconnaissance, mais il est victime de plusieurs incidents qui le font mettre « en réserve de commandement », étant donné son âge, son mauvais état de santé général, ses différents crashs précédents. Il séjourne alors en Algérie, au Maroc, puis en Algérie de nouveau, où il obtient au printemps 1944 l’autorisation du commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, le général américain Eaker, de rejoindre le prestigieux groupe 2/33 basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d’incidents.
Le 17 juillet 1944, le 2/33 s’installe à Borgo, non loin de Bastia, en Corse. C’est de l’aéroport voisin de Poretta qu’il décolle aux commandes de son F-5B-1-LO, version photo du bimoteur P-38 Lightning, le 31 juillet à 8 h 25 du matin, pour une mission de cartographie (cap sur la vallée du Rhône, cap sur Annecy et retour par la Provence) : des reconnaissances photographiques afin de tracer des cartes précises du pays, fort utiles au tout prochain débarquement en Provence, prévu pour le 15 août. Il est seul à bord, son avion n’est pas armé et emporte avec lui du carburant pour six heures de vol. À 8 h 30, est signalé le dernier écho radar. Son avion se serait écrasé à quelques encablures des côtes de la Provence. Il est alors impossible d’effectuer des recherches sur le terrain en temps de guerre. « Saint-Ex » est officiellement porté disparu. Sa mémoire est célébrée solennellement à Strasbourg le 31 juillet 1945. En 1948, il est reconnu « Mort pour la France ».

Le mystère de sa mort

Le 12 mars 1950, au Journal officiel, le commandant Antoine de Saint-Exupéry fut cité à l’ordre de l’armée aérienne à titre posthume, pour avoir « prouvé, en 1940 comme en 1943, sa passion de servir et sa foi en le destin de la patrie », et « trouvé une mort glorieuse, le 31 juillet 1944, au retour d’une mission de reconnaissance lointaine sur son pays occupé par l’ennemi ».

Si la mort ne faisait désormais plus de doute, restait à en élucider les circonstances. En 1950, un pasteur d’Aix-la-Chapelle, ancien officier de renseignements dans la Luftwaffe, témoigna avoir appris, le 31 juillet 1944, qu’un P-38 Lightningavait été abattu en Méditerranée par un Focke-Wulf allemand. Puis, en 1972, surgit le témoignage posthume d’un jeune officier allemand, l’aspirant Robert Heichele, qui aurait fait feu sur le Lightning depuis son appareil, unFocke-Wulf 190, vers midi, au-dessus de Castellane. Mais Heichele fut à son tour abattu en août 1944. Dans les années 1990, un autre témoignage surgit tardivement, à propos d’une habitante de Carqueiranne qui aurait vu, le jour fatidique, leLightning se faire abattre. La mer aurait ensuite rejeté le corps d’un soldat sur la plage, lequel aurait été enterré anonymement dans le cimetière de la commune. Était-ce Saint-Exupéry ? Pour le savoir, il faudrait exhumer le corps, procéder à des comparaisons avec l’ADN des membres de sa famille, lesquels s’y montrent opposés. Chaque fois, ces « révélations » relancèrent l’intérêt aussi bien des spécialistes que du grand public, pour le « mystère Saint-Ex ». Enfin, en 2000, des morceaux de son appareil, le train d’atterrissage, un morceau d’hélice, des éléments de carlingue et surtout du châssis, furent retrouvés en Méditerranée au large de Marseille. Le 7 septembre 1998, un pêcheur avait déjà trouvé sa gourmette dans son chalut, près de l’île de Riou. Remontés à la surface en septembre 2003, les restes de l’avion furent formellement identifiés le 7 avril 2004 grâce au numéro de série de l’appareil. Les restes du Lightning sont exposés au Musée de l’air et de l’espace du Bourget, dans un espace consacré à l’écrivain aviateur.

Mais rien ne permit de donner une conclusion définitive sur les circonstances de sa mort, malgré la simulation informatique de l’accident – à partir des pièces déformées – qui montrait un piqué, presque à la verticale et à grande vitesse, dans l’eau. Fut-elle la conséquence d’une énième panne technique, d’un malaise du pilote ? Certains avancèrent même, au grand scandale de ses proches, l’hypothèse du suicide d’un Saint-Exupéry diminué physiquement (il ne pouvait pas fermer seul la verrière de son appareil), désespéré par le monde qu’il voyait s’annoncer, thèse confortée par certains de ses derniers écrits, au ton franchement pessimiste, par exemple les dernières lignes d’une lettre adressée à Pierre Dalloz, écrite la veille de sa mort : « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier. »

En mars 2008, un ancien pilote de la Luftwaffe, sur Messerschmitt Bf 109, Horst Rippert (né en 1922), affirma dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 lightning le 31 juillet 1944 dans la zone où se trouvait Saint-Exupéry. En mission pour retrouver un avion ennemi qui survolait la région d’Annecy, Horst Rippert tourna plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer. Soudain, un avion allié le croisa, 3 000 mètres au-dessous de lui. Horst Rippert tira et toucha. L’avion s’enflamma et tomba à pic dans la Méditerranée. Saint-Exupéry fut porté disparu ce jour-là, donnant lieu au mystère sur sa disparition. « Si j’avais su qui était assis dans l’avion, je n’aurais pas tiré. Pas sur cet homme. », déclara Horst Rippert, qui admirait l’écrivain. Thèse cependant mise à mal par bien des incohérences. Après la guerre Horst Rippert, frère d’Ivan Rebroff (décédé en février 2008, soit peu avant cette révélation), se reconvertit dans le journalisme et dirigea le service des sports de la ZDF.

Ses œuvres

Si elles ne sont pas tout à fait autobiographiques, ses œuvres sont largement inspirées de sa vie de pilote aéropostal, excepté pour Le Petit Prince (1943) — sans doute son succès le plus populaire (il s’est vendu depuis à plus de 134 millions d’exemplaires dans le monde, et se trouve être donc le second ouvrage le plus vendu au monde après la Bible) — qui est plutôt un conte poétique et philosophique.

Il a écrit d’autres livres, tout aussi connus : Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942), Lettre à un otage (1944), Écrits de guerre (rassemblés en 1982), et Citadelle (posthume, 1948). Tous ses romans racontaient l’histoire de ses voyages sous forme de fiction et dans la fantaisie.

L’Aviateur

Publié en 1926. Le premier texte édité de Saint-Exupéry, fragment semble-t-il d’un ensemble plus vaste, et qui servira de matériau pour Courrier sud.

Courrier sud

Publié en 1929. À travers le personnage de Jacques Bernis, Saint-Exupéry raconte sa propre vie et ses propres émotions de pilote. Louise de Vilmorin est campée dans le personnage de Geneviève.

Vol de nuit

Publié en décembre 1931. Cette œuvre qui atteint au dépouillement de la tragédie, est préfacée par son ami André Gide, valut le prix Femina à Antoine de Saint-Exupéry et le consacra comme homme de lettres. Ce fut un immense succès qui a donné lieu à de multiples traductions. Son adaptation cinématographique fut même vendue à Hollywood.

Le personnage principal, Rivière, est inspiré par son chef Didier Daurat. Il donne vie à un chef qui sait pousser ses hommes au bout d’eux-mêmes pour la réalisation de leur mission : le courrier doit passer à tout prix, la mission dépasse en valeur la vie humaine. Les valeurs que le roman véhicule sont : primauté de la mission, importance du devoir et responsabilité de la tâche à accomplir jusqu’au sacrifice.

Terre des hommes

Publié en décembre 1939, il obtient le Grand prix du roman de l’Académie française. C’est une suite de récits, de témoignages et de méditations à partir de la somme d’expériences, d’émotions et de souvenirs qu’il a accumulés lors de ses nombreux voyages. C’est aussi un hommage à l’amitié et à ses amis Mermoz et Guillaumet et plus largement une vision romantique sur la noblesse de l’humanisme.

Pilote de guerre

Publié en 1942.

Le Petit Prince

Écrit à Eaton’s Neck (Northport, États-Unis) et publié en 1943 à New York chez Reynal & Hitchcock en deux versions (anglaise et française). Il ne sera publié en français qu’en 1946 en France, soit deux ans après sa mort. Pour des raisons techniques, les « aquarelles de l’auteur » reproduites dans les versions françaises qui ont suivi n’étaient que des retramages de l’édition américaine, ce qui induisait une perte de qualité sensible. De plus, certains dessins avaient été modifiés de façon mineure. L’édition Gallimard parue en 1999 semble être la première à fournir des illustrations conformes à l’édition originale, de bien meilleure qualité technique et artistique en dépit d’un format plus réduit (les techniques d’impression ayant elles aussi fait des progrès depuis 1943).

Lettre à un otage

Publié en 1944.

Citadelle

Publié en 1948. Commencée en 1936, cette œuvre ne fut pas achevée par Saint-Exupéry. Publiée dans une première version en 1948 à partir d’un texte dactylographié, elle ne comportait pas l’intégralité de la pensée de l’auteur. La totalité des manuscrits fut mise à la disposition des éditeurs en 1958 et permit de mieux épouser ses intentions. « Citadelle n’est pas une œuvre achevée. Dans la pensée de l’auteur elle devait être élaguée et remaniée selon un plan rigoureux qui, dans l’état actuel, se reconstitue difficilement. L’auteur a souvent repris les mêmes thèmes, soit pour les exprimer avec plus de précision, soit pour les éclairer d’une de ses images dont il a le secret » (Simone de Saint-Exupéry).

Lettres de jeunesse (1923-1931)

Publié en 1953. Nouvelle édition en 1976 sous le titre Lettres de jeunesse à l’amie inventée.

Carnets

Publié en 1953. Édition intégrale en 1975. Ensemble de notes tenu de 1935 à 1940 sur un agenda et cinq carnets. Très éclectique, il reflète les intérêts et curiosités de l’écrivain pour les sciences, la religion, la littérature et donne lieu à des réflexions et à des aphorismes pertinents.

Lettres à sa mère

Publié en 1955. Recueil de la correspondance de Saint-Exupéry avec sa mère couvrant la période 1910 - 1944.

Écrits de guerre (1939-1944)

Publié en 1982. Ce recueil posthume est préfacé par Raymond Aron.

Manon, danseuse

Publié en 2007. Court roman achevé en 1925. C’est l’histoire d’amour entre une « poule », Manon, et un homme de quarante ans, « grave », triste, qui cherche un sens à sa vie. Dès leur rencontre, se noue entre eux une relation amoureuse, l’homme protégeant tendrement sa « pauvre petite fille », qu’il croit danseuse. Ils font l’amour sans passion. Partent en voyage en voiture. Mais il apprend un jour par trois de ses clients que Manon est en fait une prostituée. Ils rompent puis se revoient. Manon se jette sous les roues d’un camion et manque de mourir. Elle restera boiteuse.

Lettres à l’inconnue

Collection de lettres d’amour à une jeune ambulancière de la Croix-Rouge rencontrée en mai 1943 dans un train entre Oran et Alger. Ces lettres sont ornées de dessins du Petit Prince que Saint-Exupéry fait parler à sa place. Elles ont été mises au jour en novembre 2007 lors d’une vente publique, et publiées par Gallimard en septembre 2008 sous forme de fac-similés accompagnés de transcriptions.

Écrits de circonstances

« La Paix ou la guerre » (1938 pour Paris-Soir)
« Moscou » (1935 pour Paris-Soir)
« L’Espagne ensanglantée » (août 1936 pour L’Intransigeant)
« Le Vol brisé. Prison de sable » (janvier-février 1936 pour L’Intransigeant)
« Madrid » (juillet 1937 pour Paris-Soir)

Cinéma

Scénario original pour Anne-Marie, film français réalisé par Raymond Bernard, sorti en 1936.

Anecdotes

Les sections « Anecdotes », « Autres détails », « Le saviez-vous ? », « Citations », etc., peuvent être inopportunes dans les articles.
Pour améliorer cet article il convient, si ces faits présentent un intérêt encyclopédique et sont correctement sourcés, de les intégrer dans d’autres sections.

Il avait multiplié les défis, comme l’aviation, cultivé les amitiés les plus improbables et tenté d’apprivoiser des animaux sauvages : renard des sables, gazelle, caméléon, bébé phoque, puma, lionceau, qu’il embarquait parfois dans son avion, au grand dam de ses mécaniciens - l’un d’eux finira à l’hôpital, après l’épisode du lionceau
Élève très moyen, Saint-Exupéry échoue à l’examen d’entrée de l’École navale, et c’est par dépit qu’il fera son service militaire dans l’aviation.
Saint-Exupéry fut le seul pilote étranger autorisé à monter à bord de l’avion géant soviétique Tupolev ANT-20 Maxim Gorky.
Il a aussi été un homme de sciences : il détient près d’une dizaine de brevets d’inventions techniques, et a aussi mis au point de nombreux problèmes mathématiques, dont le problème du Pharaon publié à son retour d’Égypte.
Lors de l’émission du billet de 50 francs français à l’effigie d’Antoine de Saint-Exupéry, la Banque de France avait commis une coquille en typographiant le nom « Antoine de Saint-Éxupéry » sur le billet.
Orson Welles avait acheté les droits du Petit Prince et avait proposé à Walt Disney de l’adapter en animation. Après l’avoir lu, Disney a dit qu’il n’y avait pas de place pour deux génies dans l’entreprise.
La grande maison de Charles De Koninck du Vieux-Québec, au 25 de la rue Sainte-Geneviève, (classée depuis monument historique) était un lieu de fréquentation des personnalités des mondes universitaire, scientifique, intellectuel et politique. Saint-Exupéry visita les De Koninck en 1942. Son fils, Thomas De Koninck était alors âgé de huit ans. Ce dernier a conservé les bribes de quelques moments vécus avec Saint-Exupéry : « Un grand gaillard. C’était l’aviateur. Un bonhomme attachant, qui s’intéressait à nous, les enfants. Il nous faisait des avions en papier, des dessins. […] Il aimait les énigmes mathématiques. » L’année suivante, Saint-Exupéry publiait Le Petit Prince. Selon la légende locale, Saint-Exupéry se serait inspiré du petit De Koninck, qui avait les cheveux blonds bouclés et posait beaucoup de questions. M. De Koninck refuse cependant cette interprétation : « Le Petit Prince, c’est Saint-Exupéry lui-même ».
Le 29 juin 2010, 110 ans exactement après sa naissance, les internautes se rendant sur le site Google.fr ont pu voir que le logo était décoré avec une illustration du Petit Prince.


sources wikipedia

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