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Alain-Fournier

et le Grand Meaulnes

, par

Le Grand Meaulnes relate l’histoire d’amour entre Augustin Meaulnes et Yvonne de Galais dans un décor onirique. Publié en 1913, il est l’unique roman d’Alain Fournier, mort l’année suivante à la guerre. On considère souvent Le Grand Meaulnes comme l’œuvre d’une vie, et comme le symbole du passage de l’enfance à l’adolescence, puis à l’age adulte. Véritable appel au voyage, ce sont ses propres souvenirs que l’auteur romance, ainsi que sa quête de l’amour absolu.

Enfance

Henri Alban Fournier est né le 3 octobre 1886 à La Chapelle d’Angillon, en Sologne, au centre de la France. Il a une sœur, Isabelle, de trois ans sa cadette. C’est à elle que sera dédié son unique roman. Il grandit avec des parents instituteurs et étudie dans leur internat jusqu’en 1898, lorsqu’il part faire ses études secondaires au lycée Voltaire, à Paris. Comme il rêve de voyages, il souhaite devenir marin, et prépare le concours d’entrée à l’Ecole Navale de Brest en 1901. Mais il abandonne, préférant renoncer à la mer plutôt qu’aux campagnes de son enfance en Sologne. Hanté par les souvenirs de son passé qu’il cherche à retrouver, Henri Fournier parle ainsi de sa commune natale dans une lettre datée du 13 août 1905, adressée à Jacques Rivière :

La Chapelle d’Angillon, où depuis dix-huit ans je passe mes vacances m’apparaît comme le pays de mes rêves, le pays dont je suis banni - mais je vois la maison de mes grands-parents, comme elle était du temps de mon grand-père : odeur de placard, grincement de porte, petit mur avec des pots de fleurs, voix de paysans, toute cette vie si particulière qu’il faudrait des pages pour l’évoquer un peu.

Il entame alors des études de philosophie à Bourges et obtient son baccalauréat deux ans plus tard. Décidant de suivre la voie de ses parents et d’enseigner les Lettres, il se consacre à ses études qui lui permettront de devenir professeur. C’est au lycée Lakanal qu’il fait la connaissance de Jacques Rivière, son ami proche et futur beau-frère, avec qui il entretiendra une longue correspondance. Ils partagent le goût de l’esthétique dans l’art, ainsi que la quête de la vérité. Rivière se mariera avec Isabelle Fournier en 1909.

La rencontre avec Yvonne de Quièvrecourt

Le 1er juin 1905, jour de l’Ascension, Henri Fournier rencontre celle qui deviendra le grand amour de sa vie : Yvonne de Quièvrecourt lui apparaît devant le Grand-Palais à Paris, après qu’il a visité le « Salon de la Nationale ». C’est en descendant l’escalier qu’il l’aperçoit et que son image se grave en lui, celle d’une femme blonde, élégante et élancée : la jeune fille de ses rêves. Il la suit alors et embarque avec elle sur un bateau mouche, puis repère sa maison. Les jours suivants, il la guette sous sa fenêtre. Il l’aborde finalement le 11 juin, et entame avec elle une conversation à la fois longue et mystérieuse. Malgré la brièveté de la rencontre et un unique tête-à-tête comme souvenir d’elle, il nourrit un amour profond pour cette femme dont il n’a plus de nouvelles et qu’il cherche, depuis, désespérément. De même que pour son héros, il a suffi d’une conversation pour qu’elle le hante :

Cependant, les deux femmes passaient près de lui et Meaulnes, immobile, regarda la jeune fille. Souvent, plus tard, lorsqu’il s’endormait après avoir désespérément essayé de se rappeler le beau visage effacé, il voyait en rêve passer des rangées de jeunes femmes qui ressemblaient à celle-ci. L’une avait un chapeau comme elle et l’autre son air un peu penché, l’autre son regard si pur ; l’autre encore sa taille fine, et l’autre avait aussi ses yeux bleus : mais aucune de ces femmes n’était jamais la grande jeune fille.

Une année plus tard, le jour de l’Ascension, il retourne l’attendre devant le Grand-Palais. « Elle n’est pas venue, écrira-t-il à Jacques Rivière le soir même. D’ailleurs fut-elle venue, qu’elle n’aurait pas été la même. »

Le souvenir d’Yvonne de Quièvrecourt et la conception du Grand Meaulnes

Henri Fournier interrompt ses études en 1907 pour débuter son service militaire qui s’étend sur deux ans. Cette même année, il choisit le demi-pseudonyme d’Alain-Fournier, et signe ainsi ses poèmes - ainsi que des essais et des contes - qui paraissent dans des revues. Par la suite, il tient un « Courrier littéraire » dans lequel il publie les poèmes qui formeront, après sa mort, le recueil Miracles. Ces poèmes sont écrits les mêmes années durant lesquelles Alain-Fournier construit le récit du Grand Meaulnes. La rédaction du roman s’achèvera en janvier 1913, et le roman paraîtra entre juillet et novembre de la même année dans « La Nouvelle Revue Française », sur cinq numéros.
Malgré le charme qu’il exerce sur les femmes, Alain-Fournier reste hanté par Yvonne de Quièvrecourt et continue inlassablement sa quête de la jeune fille blonde dans l’espoir de la retrouver. Elle lui inspire l’héroïne du Grand Meaulnes, et incarne la figure du rêve qu’il poursuit. Après huit années de recherches ardues, Alain-Fournier retrouve, en 1913, la « Belle Jeune Fille » : il apprend alors qu’elle est mariée et mère de deux enfants. Au comble du désespoir, il écrit une lettre à l’intention de celle qui l’a tourmenté durant huit ans, et met des mots sur cette femme onirique qui lui a échappé :

Il y a plus de 7 ans que je vous ai perdue. […] Depuis ce temps, je n’ai pas cessé de vous chercher. […] Je n’ai rien oublié. J’ai retenu précieusement, minute par minute, le peu de temps que je vous aurai vue dans ma vie. […] Vous ne m’aviez accordé qu’un moyen de vous rejoindre et de communiquer avec vous, c’était d’obtenir la gloire littéraire.

Il n’enverra jamais cette lettre.

Madame Simone

En 1913, un an avant le début de la Première Guerre mondiale, il devient l’amant d’une des plus grandes actrices de l’époque, connue sous le nom de Madame Simone, ayant succédé à Sarah Bernhardt : Pauline le Bargy. Elle fut le dernier amour de Fournier, celle qu’il aurait dû épouser après la guerre, après avoir rempli son devoir de soldat français. Mais c’est en martyr qu’il meurt pour la patrie le 22 septembre 1914. Dans une de ses lettres qu’il lui adresse, datée du 20 août de la même année, il dit à Pauline :

Pense qu’il y a eu des portraits de toi dans des centaines de revues et que je n’ai même pas sur un de ces bouts de pages coupé avec des ciseaux cette figure d’ange auprès de laquelle il n’y a pas de beauté, cette figure que j’ai embrassée, baisée, serrée dans mes mains, battue, secouée, caressée, adorée, possédée.

Leur liaison resta secrète et dura une année, durant laquelle Pauline tomba enceinte. Elle avorta en 1913 pour préserver sa carrière d’artiste. Alain-Fournier et elle avaient le projet de se marier après la guerre.

Mort d’Alain-Fournier

Elevé au grade de caporal, Alain-Fournier refuse l’exemption qu’on lui propose généreusement, à lui l’auteur reconnu qui a manqué de peu le prix Goncourt, et il s’engage en août 1914. Alors qu’il allait avoir 28 ans, Alain-Fournier est tué le 22 septembre 1914 dans le petit bois de Saint-Rémy, près de Verdun. Son corps sera retrouvé en mai 1991 dans une fosse commune, puis identifié en 1992. Il repose désormais au cimetière militaire de Saint-Rémy-la-Calonne. C’est Jacques Rivière qui rassemble, en 1924, soit une année avant de mourir à son tour, les poèmes qui constituent désormais le recueil Miracles. Isabelle Rivière, dans le même élan, publie leur longue et bientôt célèbre correspondance, ainsi que les lettres de son frère au front, et ses souvenirs de lui. Elle se consacre pleinement à l’entretien de la mémoire de son frère et de son mari.


SOURCES : Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, éd. E. Paul Frères, Paris, [1913]
Alain-Fournier, Miracles et autres textes, Paris, Gallimard, [1924] : introduction de Jacques Dupont
Documentaire Une maison, un écrivain : Alain-Fournier, 2012
Site dédié au Grand Meaulnes et à son auteur : http://www.legrandmeaulnes.com/

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