mardi 15 septembre 2015, par
Comme on le verra par ailleurs, l’emploi des roquettes fit d’immenses progrès au cours de la guerre ; dans la lutte anti-sous-marine, elles furent utilisées de deux autres manières fort intéressantes. L’une était la roquette dite « harpon », simple moteur-fusée de 76 mm à propulseur solide, ayant à l’avant une ogive pleine pesant 11 kg, capable de traverser un blindage. Malgré son côté primitif, elle donnait toute satisfaction, car on attendait d’elle une seule chose : faire un trou dans la coque du sous-marin pour l’empêcher de plonger ; obligé de rester en surface, il pouvait alors être attaqué avec les moyens classiques.
Sous l’appellation officielle de « Roquette d’avion de 76 mm Modèle I », cet engin fut livré à l’aéronautique navale anglaise, et utilisé avec succès en mai 1943 dès le premier combat. Un avion Swordfish du porte-avions Archer, piloté par l’enseigne Horrocks, surprit le U-752 en surface. Il tira une salve de huit roquettes dont une transperça la coque ; après quoi un avion Wildcat, qui accompagnait le Swordfish tira à la mitrailleuse sur l’U-boot immobilisé. L’équipage ouvrit alors les vannes et abandonna le sous-marin.
L’autre emploi des roquettes fut assez inhabituel. Les avions équipés du MAD commençaient à entrer en service et l’on se trou-. vait en face du problème suivant : comment pouvaient-ils agir avec efficacité lorsqu’ils avaient localisé un sous-marin en plongée ? Le détecteur magnétique signalait celui-ci au moment où l’avion passait à sa verticale, mais trop tard pour lancer une bombe ou une grenade classique, dont la trajectoire normale atteindrait l’eau très en avant par rapport à la position de l’avion au moment du repérage de l’objectif. Pour la même raison, impossible d’utiliser les roquettes ou les mitrailleuses. Après étude de la question, l’Institut de Technologie de Californie trouva la réponse : une « Rétro-Bombe » de 16 kg. c’est-à-dire une bombe à puissant explosif ordinaire, munie d’une fusée de contact et d’un petit moteur fusée à l’avant. La puissance de ce moteur était calculée exactement pour imprimer à la bombe une vitesse égale à celle de l’avion, mais en sens opposé ; le temps de combustion du moteur était, lui aussi, calculé avec soin. En conséquence, lorsque l’avion MAD avait détecté un sous-marin, l’opérateur appuyait sur un bouton qui mettait à feu le moteur fusée de la rétro-bombe ; celle-ci se séparait de l’avion, animée d’une vitesse relative contraire à la sienne, ce qui faisait choir la bombe verticalement sur le sous-marin. Une fois le moteur-fusée éteint, la bombe continuait à tomber verticalement. Afin d’augmenter les chances d’atteindre l’objectif. un circuit automatique déclenchait trois salves à des intervalles réglés pour leur donner une dispersion telle que les bombes arrivent dans l’eau en trois files de 30 m de long, séparées chacune de 27 m couvrant ainsi entièrement la longueur moyenne d’un sous-marin avec une densité assurant un coup au but presque certain.
Les avions équipés du MAD n’étaient pas utilisés dans toutes les mers car, pour diverses raisons techniques liées au système de détection, seules convenaient certaines régions géographiques. Le hasard voulait qu’une de ces régions, parfaitement adaptées à leur usage, fût le détroit de Gibraltar ; une formation d’avions Catalina, appelés familièrement « MAD-Cats »*, y patrouilla en 1944 et interdit efficacement le passage des U-boote vers la Méditerranée.
sources Collections les documents Hachette n°7 1977
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