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Gengis Khan

, par

En 1206, une immense foule de noma­des se rassembla sur les rives de l’Onon, en Mongolie, au coeur des steppes qui s’étendent de la grande muraille de Chine jusqu’à l’Oural et au plateau de Perse, pour un kuriltai (conseil général).

Ils étaient venus sur leurs petits chevaux, pas plus grands que des poneys, mais extraordinairement ro­bustes, pour rendre hommage à Temudjin, le chef autrefois obscur qui avait forgé une nation d’un chaos de tribus turbulentes. Ils saluèrent par de grands cris la nouvelle que Temudjin porterait désormais le titre de Gen­gis Khan, qui signifie « chef suprême » en langue mongole. A son tour, Gengis Khan fut le premier à utiliser le mot « mongol » pour désigner tous les peuples de l’Asie centrale.

Le nom de Gengis Khan a retenti dans les siècles suivants pour évoquer la destruction de puissants empires et le massacre de popula­tions entières, car le kuriltai de 1206 ne marqua pas seulement la véritable naissance des Mongols comme peuple, mais il vit aussi le début de sept décennies de conquêtes incessantes. A sa mort, en 1227, Gengis Khan s’était taillé un empire qui s’étendait de la mer Caspienne à Pékin. Dans les cinquante années qui suivi­rent, grâce aux extraordinaires qualités guer­rières du peuple mongol, à sa discipline et à la terreur qu’il inspirait, ses descendants élargi­rent les frontières de leur empire, de la Hon­grie et de la Pologne, à l’ouest, jusqu’au Tonkin, au sud-est. Cet empire, créé dans un bain de sang et si promptement, était le plus vaste que le monde eût jamais connu.

Les Mongols croyaient que Temudjin, fils d’un petit chef de tribu, était né, vers 1162, en tenant dans son poing un caillot de sang, symbole de ses futurs exploits. Au temps de sa jeunesse, les peuples nomades de l’Asie cen­trale étaient divisés, et leurs nombreuses tri­bus, disséminées sur un vaste territoire, étaient facilement manipulées par les habitants séden­taires de pays dirigés par de puissants monar­ques, comme ceux de la dynastie Chin du nord de la Chine.

C’est ainsi que la Chine exerçait de loin sa domination sur les nomades qui vivaient au nord et à l’ouest de la Grande Muraille, utilisant le jeune Temudjin comme allié dans leurs luttes contre leurs adversaires, surtout les Tatars, qui étaient à l’époque la plus puissante des tribus mongoles. Un autre allié des Chinois - qu’ils tenaient en plus haute estime que Temudjin - était un puis­sant khan (chef) du nom de Toghril, dont Temudjin s’était habilement attaché l’amitié en lui offrant une fourrure de zibeline. Dans sa volonté de conquérir le monde, Temudjin cultiva assidûment l’art de nouer de solides et utiles amitiés. A l’opposé, il n’hési­tait pas non plus à abattre ses anciens amis, et c’est ainsi que, par une série de guerres et d’alliances mouvantes, après avoir assassiné Toghril et dispersé sa tribu, Temudjin devint le seigneur des Mongols, en 1206.

Lorsqu’il commença à conquérir les pays voisins, les Mongols étaient encore inférieurs, dans leur culture, leur technique et leur habi­leté à gouverner, aux peuples qu’ils subju­guaient. Même en nombre, ils étaient aussi souvent très inférieurs aux grandes armées de la Chine ou des vieilles civilisations fluviales de l’Asie centrale. Mais ce qui leur faisait défaut en connaissances ou en nombre, ils le compen­saient amplement par l’extrême mobilité et la rapidité étonnante de leurs guerriers. L’his­toire ne connaît pas d’exemple de terreur plus intense que celle que provoquait l’arrivée sou­daine des hordes mongoles et de leurs cavaliers montés sur leurs poneys lancés au grand galop. Cette terreur dura pendant tout le règne de Gengis Khan et pendant celui de ses succes­seurs immédiats. Pourtant, peu à peu, les Mongols assimilèrent les connaissances des peuples qu’ils avaient conquis et excellèrent bientôt dans l’administration, le travail des métaux, la chasse et les autres techniques qu’ils avaient ignorées jusque-là.

Ils acquirent aussi le goût des bonnes choses de la vie, dont ils étaient privés dans leur existence de nomades. Le khan se croyait investi d’une mission divine : conquérir le monde au nom du Ciel bleu éternel, mais ce qu’il offrait à ses fidèles était la perspective du butin et lé service militaire, obligatoire pour tous les hommes de quatorze à soixante ans, n’allait pas sans quelques avantages. « Les fu­tures générations de notre race, promit Gengis Khan lorsqu’il fut nommé chef suprême, porte­ront des vêtements brodés d’or, feront gras et mangeront des douceurs, monteront de beaux chevaux et tiendront dans leurs bras de belles femmes. s Lorsqu’il mourut, il avait, à peu de chose près, rempli ses promesses.

Sous le règne de son fils, Ogoday Khan, la Russie, la Perse, l’Arménie et le Tibet vinrent s’ajouter à cet empire déjà immense ; et le neveu d’Ogoday Khan, Kubilay Khan (dont nous parle Marco Polo), y ajouta de nouveaux territoires pendant son règne (1260-1294), notamment la partie méridionale de la Chine. Mais Kubilay Khan eut le tort de prendre au pied de la lettre les paroles de son grand-père, abandonnant complètement la rude simplicité de la vie mongole traditionnelle pour lui préférer les splendeurs des empereurs chinois dont les Mongols avaient pris la place. Son règne marqua la fin non seulement des agres­sions mongoles, mais de l’État mongol lui­même. Kubilay Khan régnait sur son vaste empire depuis Khanbalik, l’actuelle Pékin, mais la domination sur la Chine et les guerres incessantes qu’elle entraînait étaient plus qu’il n’en fallait pour occuper pleinement même un homme aussi doué que lui. Finalement, il ne put dominer, même indirectement, le trop vaste empire mongol, qui, après sa mort, se scinda en khanats autonomes en Perse, en Russie et en Asie centrale. Le grand empire fondé par Gengis Khan s’était désintégré, mais le nom de cet homme qui avait fait d’une horde de cavaliers nomades les conquérants de la moitié du monde connu était à jamais gravé dans la mémoire de l’humanité.

Terreur, tromperie, cruauté, autant de mots qui expliquent le succès des Mongols à la guerre. Mais derrière chaque triomphe, .il y avait aussi le cavalier mongol : rapide, obéissant, intrépide et très résistant. Formé par une discipline de fer qui imposait le fouet ou même la mort pour une faute vénielle, c’était une formidable machine à combattre dont la mobilité n’eut pas son pareil avant les temps modernes.

Dès l’âge de trois ans, les garçons étaient ficelés sur une selle, et c’est là, à dos de cheval, qu’ils passaient le plus de temps. Les poneys mongols pouvaient franchir avec leurs cavaliers jusqu’à 120 kilomètres par jour, sans une seule halte pour boire ou manger. Dans les grandes plaines eurasiennes, la rapidité et l’énergie de ces montures donnèrent certainement aux troupes de Gengis Khan un immense avantage sur leurs ennemis.

Les troupes mongoles étaient organisées en tumans, groupes de 10 000 guerriers composés d’une dizaine de régiments de 1000 hommes, chacun constitué de 10 escadrons. Les princes du sang commandaient les tumans, qui, à deux ou plus, formaient une armée. Des estafettes galopaient d’une armée à l’autre, maintenant l’unité générale des troupes, mais chaque commandant jouissait d’une grande liberté sur le terrain, une nécessité impérieuse pour des armées qui s’étiraient sur de grandes distances. En tête de chaque horde chevauchaient des éclaireurs et, bien en avant, un essaim d’espions, souvent recrutés parmi les marchands, avait pour mission ode s’infiltrer dans les villes pour réunir des renseignements et répandre la panique. Les khans firent bon usage d’une arme redoutable : la terreur systématique. Toute ville qui ne se rendait pas sur-le-champ n’avait aucune pitié à espérer. Les nouvelles de ce qui pouvait arriver, comme la destruction totale de Samarkand en 1220 et de Nishapur en 1221, deux des plus grandes villes de leur époque, et le massacre de tous leurs habitants, se répandaient assez vite pour qu’elles découragent toute résistance ailleurs. Mais la reddition ne donnait pas toujours de meilleurs résultats, et les princes russes de Kiev, qui se rendirent en 1223 après avoir reçu l’assurance qu’ils seraient bien traités, furent écrasés sous des planches, alors que les Mongols festoyaient joyeusement au-dessus d’eux.

Deux ans plus tard, les habitants de Hérat, ville frontalière du nord-ouest de l’Afghanistan, qui ouvrirent les portes de leur cité après qu’on leur eut promis la clémence, furent tous tués, et leur ville dévastée.

Mais si les Mongols furent aussi sanguinaires que les nazis de notre siècle, ils n’avaient aucun préjugé racial ou religieux. Sans doute poussaient-ils des paysans devant eux pour se protéger, mais ils ne méprisaient pas l’ennemi vaincu et cherchaient même à apprendre des peuples qu’ils assujettissaient. Ce fut certainement l’une des raisons de leur chute, car, à mesure qu’ils s’imprégnaient des douceurs des civilisations conquises, la fibre guerrière de ces nomades finit par s’amollir.

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