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Club des Girondins

, par

Un adage assure que tout révolutionnaire trouve toujours plus révolutionnaire que lui pour l’écarter du pouvoir. Dans le cas de la Révolution française, l’exemple des Girondins illustre parfaitement la définition.

Dans l’Assemblée législative qui siege pour la première fois le le, octobre 1791, la droite est représentée par les Feuillants ou royalistes constitutionnels. Le centre regroupe les députés indépendants qui votent tantôt avec la droite, tantôt avec la gauche. Par dérision, ils sont surnommés le "ventre" ou le « marais » ou encore les e esclaves de la peur », en raison de leurs fréquentes hésitations. La gauche est représentée par les Girondins, ainsi dénommés parce que leurs plus brillants orateurs sont originaires du Sud-Ouest ou représentants du département de la Gironde, tel Vergniaud, leur inspirateur.

Au début des travaux de l’Assemblée, il n’existe pas de distinction à l’intérieur du groupement des Girondins, pas plus qu’avec le Club des jacobins, où se met déjà en évidence Robespierre. L’adversaire, pour le moment, est avant tout le ministère feuillant que Louis XVI a appelé au pouvoir en décembre 1791. Mais lorsqu’un incident diplomatique entraîne la démission de ce ministère, le 10 mars 1792, sous les attaques de Vergniaud, l’heure des Girondins sonne. Le pouvoir leur échoit le 24 mars. L’impulsion est donnée par le ministre de l’Intérieur Roland et par Dumouriez, chargé des Affaires étrangères. Brissot, Condorcet, Isnard, leur apportent un soutien résolu. Tous souhaitent le maintien des libertés et l’affirmation d’un pouvoir respectueux des entités régionales.

C’est assurément là un programme plein d’embûches dans une aglomération parisienne enfiévrée, prompte a s’enthousiasmer comme à réagir avec passion, avec violence même à la moindre contrariété. En fournit un premier exemple la journée du 20 Juin, qui voit la foule des faubourgs envahir les Tuileries pour contraindre le roi à respecter ses obligations constitutionnelles. Le confirme l’insurrection du 10 Août, au cours de laquelle l’extrême gauche de l’Assemblée affirme sa force grandissante au sein de la Commune de Paris. Suivent les massacres de Septembre.
Les Girondins commencent dès lors à se sentir quelque peu dépassés par les événements. Il ne reste, en effet, bientôt plus que deux pouvoirs réels : l’Assemblée et la Commune, c’est-à-dire la majorité girondine de l’Assemblée et la fraction très active des quartiers parisiens auxquels va la sympathie des Montagnards*. Ceux-ci renforcent leur emprise à la faveur de la désignation des membres de la Convention qui siègent à partir du 21 septembre. Les Girondins sont un peu plus d’une centaine de membres parmi lesquels Brissot, Condorcet, Barbaroux, Isnard, Pétion, Roland. Ceux-ci siègent face aux Montagnards, tenant le rôle d’un parti de résistance.

Tout va opposer désormais ces deux tendances. Soutenus par le Paris populaire, les Montagnards affirment la prééminence politique de la capitale et désirent un pouvoir centralisateur. Les Girondins, au contraire, sont partisans d’une décentralisation administrative. Les conceptions économiques révèlent une faille identique. Les premiers désirent le recours aux réquisitions de denrées et à l’organisation de marchés de distribution pour enrayer la chèreté de la vie. Les seconds prônent le libre jeu des échanges naturels et de la concurrence, les réquisitions et les ventes forcées constituant à leur point de vue des atteintes caractéristiques à la liberté. Les divisent encore et surtout leurs conceptions de l’homme et de l’existence. Lettrés pour la plupart, juristes en nombre, bourgeois éclairés inspirés par Rousseau et les encyclopédistes, les Girondins redoutent les réactions de la rue. A leur avis, les affaires publiques doivent s’élaborer dans les salons et se débattre à l’Assemblée. Brissot résume ce point de vue dans un Appel à tous les républicains de France, dans lequel il représente les Montagnards comme des « désorganisateurs qui veulent tout niveler, les propriétés, l’aisance, les prix des denrées... même les talents, les connaissances et les vertus ».

Les Montagnards trouvent leur inspiration dans les séances animées du Club des jacobins. Les Girondins, qui dédaignent le tumulte et la violence, préfèrent les débats plus académiques. Assez paradoxalement cependant, ces Girondins, adversaires du recours à la force, désirent la guerre avec l’Autriche et la Prusse, car ils estiment que la Révolution ne peut s’affirmer qu’à la faveur d’un succès face à l’Europe des rois. Les Montagnards, Robespierre en tête, redoutent cet affrontement qui affaiblira le pays, lassera le peuple et pourra aboutir finalement à une dictature militaire.
Le sort à réserver au roi est, bien entendu, motif de nouvelles divergences. Tout en déclarant le souverain coupable de trahison envers la nation, les Girondins souhaitent lui épargner le châtiment suprême et.. tendent vers l’indulgence. Vergniaud sollicite un recours au peuple, mais, sur intervention de Barère, la motion est rejetée le 16 janvier 1793 par 423 voix contre 281.

Cette attitude modératrice exaspère la population parisienne qui, depuis trois ans, n’a jamais désigné le moindre Girondin pour la représenter dans les diverses assemblées. La guerre aux frontières, les réticences de la province envers la prétention parisienne à la suprématie politique, la trahison de Dumouriez, en avril, avivent les passions. Marat, dans L’Ami du Peuple, écrit : e Citoyens, armons-nous La contre-révolution est dans le gouvernement ; elle est dans le sein de la Convention. Citoyens, marchons-y ! marchons ! »
Devant pareille attaque, les Girondins votent le 13 avril une motion mettant en accusation l’Ami du peuple par 220 voix contre 92. Mais le Tribunal révolutionnaire absout l’accusé le 24, lequel revient à la Convention le front ceint d’une couronne de chêne.

Le 15, Pache, le maire de Paris, somme la Convention, au nom des sections de quartier et du Conseil général, de « purifier la représentation nationale » en expulsant les députés de la Gironde. Les Girondins répliquent en faisant voter le principe de l’inviolabilité des députés. Dans cet élan, une commission de douze députés est chargée de vérifier les actes de la Commune de Paris. A ce titre, elle fait procéder à l’arrestation d’Hébert, rédacteur du Père Duchesne.
Une menace d’émeute le fait libérer. Mais l’épreuve de force semble inéluctable entre les représentants modérés et la Commune. Danton se rend compte du danger et tente de s’interposer. En vain. Légalistes, les Girondins ne se doutent pas que leur audience touche à sa fin. Le 30 mai, un comité insurrectionnel siège à l’évêché, renforcé par des délégués de sections des quartiers. Le lendemain, Hanriot prend le commandement de la garde nationale. La Convention est invitée à supprimer la Commission des douze et à décréter d’arrestation 21 Girondins. Le vote est acquis après une véhémente intervention de Robespierre.

Enhardi par ce succès, Marat sent la victoire proche. Le 1er juin, le Comité insurrectionnel devient Comité de salut public des sections. Le 2, Hanriot encercle la Convention. Marat réclame et obtient l’arrestation de 29 autres Girondins, ce qui fait appeler cette journée le « 10 Août de la Convention ».

C’en est fait de la Gironde, car les membres qui peuvent quitter Paris s’efforcent de soulever certaines régions de province, la Normandie, le Sud-Ouest et la vallée du Rhône, en particulier. Toutes ces entreprises échouent et nuisent finalement à la cause de leurs auteurs. Les uns se dispersent, d’autres se rendent ou sont arrêtés. Certains se suicident. Ce sera le cas de Condorcet et de Roland, alors que le Tribunal révolutionnaire condamne à mort les 22 incarcérés, lors de sa séance du 30 octobre.
Le calme de ces hommes devant la mort fait naltre nombre de versions, parmi lesquelles celle d’un ultime banquet en cellule dont le peintre Paul Delaroche s’inspirera par la suite. Dans son drame, Le Chevalier de Maison-Rouge, représenté en 1847, Alexandre Dumas fait chanter aux condamnés un refrain qui se termine par : Mourir pour la Patrie C’est le sort le plus beau,
Le plus digne d’envie

La hargne de Fouquier-Tinville est telle que le cadavre de Valazé qui s’est transpercé le coeur d’un coup de poignard est transporté dans une charrette derrière celle des condamnés et décapité à son tour. Le 10 novembre, Madame Roland monte à l’échafaud, tout de blanc vêtue. S’inclinant au passage devant une statue représentant la Liberté, elle aurait dit, selon la chronique : « O Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »

Les rares députés à échapper à cette répression, tels Isnard, Louvet, Lanjuinais, Rouyer, reviendront à la Convention en 1795 ou siégeront au Conseil des Cinq-Cents comme Bergoeing et Deleyre. Lamartine, en 1847, rendra un ultime hommage à ces hommes de mesure, respectueux de la légalité, en écrivant leur histoire, un ouvrage de réhabilitation.


Sources : Dictionnaire de l’histoire de France Perrin sous la direction de Alain Decaux et André Castelot .ed Perrin 1981

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