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03- Arthur et le Chevalier Noir

, par

Le roi se dirige rapidement vers son cheval, monte, pend son bou­clier à son cou et prend sa lance, puis fait demi-tour sans attendre. II n’avait pas franchi la distance que parcourt une flèche, qu’il aperçut un chevalier qui se précipitait sur lui, monté sur un grand cheval noir et portant un bouclier et une lance de même couleur ; la lance, fort épaisse à sa pointe, brûlait d’un feu terrifiant, et la flamme descen­dait jusqu’au poing du chevalier. Celui-ci pointa son arme pour en frapper le roi, mais ce dernier l’évita, et le chevalier le dépassa. Le roi lui demanda alors
 Seigneur chevalier, pourquoi me haïssez-vous ?
 Je n’ai aucune raison de vous aimer ! répondit le chevalier.
 Et pourquoi donc
 Parce que vous avez été en possession du chandelier d’or qui fut indignement dérobé à mon frère.
 Savez-vous donc qui je suis ? demanda le roi.
 Oui, vous êtes le roi Arthur, qui étiez naguère valeureux, et qui êtes à présent indigne ; je vous défie, vous êtes mon ennemi mor­tel
 !
Il recule pour mieux prendre son élan, et le roi comprend qu’il ne, peut éviter le combat. Il abaisse sa lance quand il voit s’approcher le chevalier avec sa lance en feu ; il éperonne son cheval de toutes ses forces et frappe le chevalier ; celui-ci le frappe également : le choc est si violent que les lances plient sans rompre, et qu’ils se déséqui­librent et quittent leurs étriers ; leurs yeux étincellent, et le roi perd son sang par la bouche et le nez. Ils s’écartent l’un de l’autre pour reprendre haleine. Le roi regarde la lance du Chevalier Noir qui brûle, et se demande comment il se fait qu’elle ne se soit pas brisée sous la violence du coup : il pense qu’il a affaire à un démon. Mais le Chevalier Noir n’a pas l’intention de s’en tenir là :il se précipite sur le roi de tout son élan. Le voyant venir, le roi se protège de son bou­clier, car il craint l’ardeur de la lance enflammée ; il reçoit son adver­saire du fer de sa lance, le frappant en pleine poitrine si violemment qu’il le renverse sur la croupe de son cheval. Le chevalier, qui était un rude combattant, se rétablit sur ses arçons, et frappa le roi juste sur la bosse de son bouclier’ ; de sorte que le fer brûlant traversa le bois et la manche du haubert et pénétra dans le bras du roi. Sous la douleur de la blessure et de la brûlure, le roi fut saisi d’une grande rage ; son adversaire retira sa lance, et il manifesta une grande joie quand il vit que le roi était blessé. Celui-ci regarda la lance du Che­valier Noir et fut surpris de voir qu’elle ne brûlait plus.
 Seigneur, dit le Chevalier Noir, je vous demande grâce. Jamais ma lance n’aurait cessé de brûler si elle n’avait été plongée dans votre sang.
 Que Dieu me damne, répond le roi, pas question- de faire grâce alors que je pourrais être vainqueur !

Et, piquant des deux contre son adversaire, il le frappa en pleine poitrine, faisant pénétrer sa lance de la moitié d’une aune t, et le porta à terre, lui et son cheval ; il retira sa lance, contempla son adversaire qui gisait là, mort ; et, l’abandonnant au milieu de la clai­rière, il se dirigea vers la sortie.

A ce moment-là, le roi entendit le vacarme d’une troupe de cheva­liers dans la forêt - il semblait qu’il y en eût une vingtaine, ou même davantage. Il les vit déboucher de la forêt et entrer dans la clairière, armés et bien montés, et se diriger vers le chevalier qui était étendu mort. Le roi allait quitter la clairière, quand il fut rejoint par la demoiselle qu’il avait laissée sous l’arbre
 Ah, seigneur, dit-elle, pour l’amour de Dieu, retournez sur vos pas et rapportez-moi la tête du chevalier qui gît là-bas !
Se retournant, le roi mesura le péril auquel il s’exposerait du fait de tous ces chevaliers bien armés
 Ah, demoiselle, dit-il alors, vous voulez ma mort ?
 Non, seigneur, certainement pas. Mais il me serait très utile d’avoir la tête du chevalier. Jamais encore un chevalier ne m’a refusé quoi que ce soit : fasse Dieu que vous ne vous montriez pas le plus indigne !
 Hélas, demoiselle, répond le roi, j’ai une très grave blessure au bras qui me sert à tenir mon bouclier.
 Je le sais bien, seigneur, rétorque-t-elle ; mais vous ne pourrez en être guéri si vous ne me rapportez pas la tête du chevalier.
 Demoiselle, répond le roi, je le ferai donc, quoi qu’il doive m’en coûter.

Tournant ses regards vers la clairière, le roi vit que les nouveaux arrivants avaient dépecé le corps du chevalier, et que chacun empor­tait qui un pied, qui un bras, qui une cuisse, qui un poing, avant de se disperser dans la forêt. Apercevant le dernier des chevaliers qui emportait la tête au bout de sa lance, le roi s’élança à sa poursuite
 Hé, seigneur chevalier, dit-il, arrêtez-vous, j’ai quelque chose à vous dire !
 Que désirez-vous, cher seigneur ? répondit le chevalier.
 Je vous demande, sur tout ce que vous avez de plus cher, de me donner la tête que vous emportez à la pointe de votre lance. - Je vous la donnerai, répondit le chevalier, à une condition. - Laquelle ? demanda le roi.
 Que vous me disiez qui a tué le chevalier dont je porte la tête que justement vous demandez.
 Je ne puis l’obtenir sans cela ?
 Non.
 Je vous le dirai donc : sachez que c’est le roi Arthur qui l’a tué.
 Et où est-il ? demanda le chevalier.
 Cherchez-le jusqu’à ce que vous le trouviez, répondit le roi. Je vous ai dit la vérité : donnez-moi la tête.
 Volontiers, dit le chevalier.

Il abaissa sa lance, et le roi s’empara de la tête. Le chevalier por­tait un cor suspendu à son cou : il le mit à sa bouche et en sonna. Au bruit du cor, les chevaliers qui avaient déjà regagné la forêt retour­nèrent sur leurs pas à vive allure. Quant au roi, il se dirigea vers la sortie de l’enclos, où l’attendait la demoiselle. Les chevaliers se pré­cipitèrent vers celui qui lui avait donné la tête, et lui demandèrent pourquoi il avait sonné du cor.
 Parce que ce chevalier qui s’en va là-bas m’a dit que c’est le roi Arthur qui a tué le Chevalier Noir. Je voulais que vous le sachiez, et que nous partions à sa poursuite.
 Nous ne le poursuivrons pas, dirent les chevaliers, car c’est le roi Arthur lui-même qui emporte la tête, et nous n’avons pas le pou­voir de l’attaquer, ni lui ni qui que ce soit, dès lors qu’il a passé la barrière. Mais vous l’avez laissé partir alors qu’il était tout près de vous : vous allez le payer !
Et, se précipitant sur lui, ils le tuent et le mettent en pièces, et cha­cun emporte un morceau de son corps, comme ils l’avaient fait pour l’autre chevalier.
Une fois passé la barrière, le roi va vers la demoiselle qui l’attend et lui présente la tête du chevalier.
 Grand merci, seigneur, dit la demoiselle.
 Demoiselle, répond le roi, c’est volontiers que je l’ai fait.
 Seigneur, dit-elle, vous pouvez à présent descendre de cheval vous n’avez rien à craindre de ce côté-ci de la barrière.

Le roi met aussitôt pied à terre.
 Seigneur, reprend-elle, ôtez votre haubert sans crainte, afin que je panse votre blessure au bras, car moi seule peut vous guérir. Une fois que le roi eut enlevé sa cotte de mailles, la demoiselle recueillit le sang qui coulait encore de la tête du chevalier ; puis en fit un pansement sur la plaie, et demanda au roi de remettre son hau­bert.
 Seigneur, dit-elle, seul le sang de ce chevalier pouvait vous guérir ; et c’est parce qu’ils savaient que vous étiez blessé qu’ils emportaient le corps et la tête du chevalier après l’avoir dépecé ; quant à la tête, elle me sera d’un grand secours : grâce à elle, je récupérerai un château qui m’a été enlevé par traîtrise, à moins que je ne trouve le chevalier que je recherche, et grâce à qui également il doit m’être rendu.
 Demoiselle, demanda le roi, et qui est donc ce chevalier ?
 Seigneur, c’est le fils de Julain le Gros des Vaux de Camaalot, et il se nomme Perlesvaus.

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