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01- L’île d’Abondance et le château aux quatre Cors

, par

Le conte revient à présent à Perlesvaus, que le navire emporte à vive allure ; il s’est si bien battu qu’il a tué tous les hommes qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment, à l’exception du pilote, qui lui avait promis de croire en Dieu et d’abandonner sa vaine religion. , Perlesvaus s’éloigna de la terre : bientôt il ne vit plus que la mer tout autour, et le navire allait toujours à grande allure, guidé par Dieu qui récompense ainsi celui qui croit en Lui, L’aime et Le sert d’un coeur sincère. Après avoirlongtemps navigué de jour ’et de .nuit à la volonté de Dieu, ils aperçurent un château sur une île. Perlesvaus demanda à son matelot s’il savait quel était ce château.

Non, seigneur, absolument pas, car nous avons parcouru une telle distance que je ne reconnais plus ni la mer ni les étoiles. ii :. ; S’approchant, ils entendirent, provenant du sommet des murs du château, le son très mélodieux de’ quatre trompettes d’airain :ceux .qui en sonnaient étaient tout vêtus de blanc. Ils approchèrent encore, et au moment où le navire arrivait au pied du château, la muer, se retira ; de sorte qu’il se trouva à sec ; il n’y avait plus à l’in­térieur que Perlesvaus, son cheval et le matelot. Ils sortirent du navire et pénétrèrent dans le château du côté de la mer : ils furent frappés par la beauté des habitations et des salles somptueuses. !Sous un beau grand arbre à la vaste frondaison, Perlesvaus aperçut une très belle fontaine, extraordinairement limpide, tout entourée =:de superbes piliers décorés -d’or ; et le gravier au fond semblait être de pierres précieuses. Au pied de la fontaine étaient assis deux `hommes ; ils avaient les cheveux et la barbe plus blancs que neige, mais leurs visages paraissaient très jeunes. Dès qu’ils aperçurent perlesvaus ils se levèrent et s’inclinèrent devant lui, puis se recueillent devant le bouclier qu’il portait à son cou et baisèrent la croix qui s’y trouvait ainsi que la boucle de l’écu qui contenait les tuques. - -h Seigneur, dirent-ils, notre attitude ne doit pas vous sur­’Prendre, car nous avons bien connu le chevalier qui portait ce boucher avant vous. Nous l’avons rencontré bien des fois avant que Dieu soit crucifié. Perlesvaus fut très étonné de leurs propos, car ils évoquaient un passé fort lointain.

 Seigneurs, savez-vous comment se nommait celui qui le por­tait ?
 Il se nommait Joseph d’Arimathie ; mais son bouclier ne por­tait pas de croix avant la mort du Christ, ce n’est qu’après la cruci­fixion qu’il l’y fit mettre, pour marquer sa fidélité au Sauveur, auquel il portait un profond amour.

Perlesvaus ôta le bouclier de son cou, et l’un des saints hommes l’appuya contre l’arbre, qui était couvert de fleurs magnifiques. Regardant au-delà de la fontaine, Perlesvaus aperçut, posé dans un endroit merveilleusement agréable, un tonneau qui paraissait être de verre, assez grand pour contenir un chevalier avec toute son armure ; regardant de plus près, il vit que le chevalier était vivant ; il l’appela plusieurs fois, mais le chevalier ne répondit pas ; Perles­vaus le considérait avec un profond étonnement. Il revint trouver le saint homme et lui demanda qui était ce chevalier, mais son inter­locuteur lui répondit qu’il n’était pas encore temps qu’il l’apprenne. Puis ils le conduisirent dans une vaste salle, avec son bouclier, qui suscitait leur joie et respect. Perlesvaus n’avait jamais vu une salle aussi magnifique ; elle était tapissée tout autour de précieuses ten­tures de soie, et au milieu de la salle le Sauveur du monde était représenté en majesté, avec ses apôtres autour de lui. La salle était remplie de gens qui paraissaient extrêmement heureux ; tous sem­blaient de très saints hommes, et ils l’étaient, bien- certainement, car ils ne se seraient pas trouvés là autrement.
 Seigneur, dirent les deux maîtres à Perlesvaus, ce bâtiment magnifique est une salle royale.
 Par ma foi, répondit Perlesvaus, cela ne me surprend pas, car je n’en ai jamais vu d’aussi splendide !

Et il examina tout autour de lui les magnifiques tables d’or et d’ivoire. L’un des deux saints hommes lança un appel en sonnant trois coups : aussitôt entrèrent ensemble dans la salle trente-trois hommes ; ils étaient vêtus de blanc, et tous avaient une croix ver­meille sur la poitrine ; tous semblaient avoir trente-deux ans. Dès qu’ils furent entrés, ils se recueillirent en adorant Dieu d’un coeur sincère et battirent leur coulpe, puis ils allèrent se laver les mains dans un magnifique bassin d’or et s’assirent à table. Les deux anciens firent asseoir Perlesvaus tout seul à la table principale. Tous ceux qui étaient là furent servis d’une glorieuse et sainte colla­tion. Perlesvaus prenait plus de plaisir à les regarder qu’à manger. Alors qu’il était plongé dans cette contemplation, il aperçut enlevant les yeux une chaîne d’or qui venait d’en haut, chargée de pierres précieuses qui luisaient doucement, et il y avait une cou­rononne d’or au milieu. La chaîne descendait tout droit, et elle ne tenait en l’air que par la volonté de Notre-Seigneur. Dès que les religieux la virent descendre, ils ouvrirent une grande et large fosse :qui se trouvait au centre de la salle, de sorte que l’on pût bien en voir l’ouverture. Dès que la fosse fut découverte, il s’en échappa des cris terribles et des clameurs déchirantes. Quand ils entendirent cela, les saints hommes tendirent leurs mains . vers Notre-Seigneur et se mirent tous à pleurer. Perlesvaus se demandait ce que signi­fiaient ces manifestations de douleur. Il vit la chaîne d’or descendre juste à cet endroit, puis s’immobiliser au-dessus de la cavité le temps que dura le repas. Elle remonta ensuite et s’éleva dans les airs, mais Perlesvaus ne put voir ce qu’il advint d’elle. Les religieux refermèrent alors la fosse, qui était horrible à voir et laissait échap­per des plaintes pitoyables. A la fin du repas, les religieux se levèrent de table et rendirent grâces à Notre-Seigneur, avant de s’en retourner d’où ils étaient venus.
 Seigneur, dirent les deux maîtres à Perlesvaus, cette chaîne d’or que vous avez vue est extrêmement précieuse, et la couronne aussi. Mais vous ne pourrez quitter ces lieux si vous ne promettez que vous y reviendrez dès que vous verrez le navire avec la croix vermeille sur sa voile ; sinon, vous ne pouvez partir.
 Dites-moi, demanda Perlesvaus, cette chaîne et cette cou­ronne, qu’est-ce donc ?
 Nous vous le dirons, dit l’un des maîtres, si vous -nous faites cette promesse.
 Assurément, seigneur, je vous promets sincèrement que dès que j’aurai fait ce que je dois pour ma dame ma mère et d’autres, je reviendrai ici, à condition que je sois encore en vie, dès que je verrai le navire que vous m’avez décrit.
 Alors, soyez-en certain, vous aurez la couronne d’or sur la tête, dès que vous serez de retour, et vous serez assis sur le trône. Et vous serez le roi d’une île qui est tout près d’ici, où l’on trouve de tout en abondance, car rien n’y manque de ce qui est nécessaire à l’existence d’hommes ou de femmes ; car un homme de grande valeur en a été roi et l’a ainsi bien pourvue. Et comme il avait fait ses preuves en ce royaume et que les habitants de l’île se louaient fort de lui, il fut choisi pour être le roi d’un plus grand royaume. A présent, les habitants de l’île désirent avoir pour roi quelqu’un d’égale valeur et qui leur soit aussi bénéfique que celui4à l’avait été ; mais il faudra prendre garde, dès lors que vous en serez le roi, à ce que l’île soit bien pourvue, car si vous vous en montrez inca­pable, vous serez envoyé dans l’île de Pénurie, dont vous venez d’entendre les cris dans cette salle, et l’on vous retirera la cou­ronne. En effet, ceux qui ont été rois de L’Ile d’Abondance et ne s’en montrèrent pas dignes se trouvent dans la compagnie de ces gens que vous avez entendus dans l’île où tout manque. Et je vous dirai que l’Ermite Noir, que vous allez devoir combattre, y a envoyé une bonne partie de ses hommes ; s’y trouvent toutes les têtes qui étaient scellées d’argent et celles qui l’étaient de plomb, avec les corps auxquels les têtes appartenaient ; mais les têtes scel­lées d’or ne s’y trouvent pas : ceux-là, vous devrez les faire venir ici avec vous, ainsi que les têtes du roi et de la reine. Pour les autres, je vous l’ai dit, ils sont dans l’Ile de Pénurie, et nous ignorons s’ils en sortiront jamais.
 Seigneur, dit Perlesvaus, parlez-moi de ce chevalier qui se trouve tout armé.à l’intérieur du tonneau de verre ; dites-moi qui il est et comment il se nomme.
 Ce n’est qu’à votre retour que vous pourrez le savoir, dit le religieux. Mais dites-moi ce qu’il est advenu du très Saint Graal, que vous avez reconquis sur votre oncle. Se trouve-t-il encore dans la très sainte chapelle du Roi Pêcheur ?
 Oui, seigneur, dit Perlesvaus, ainsi que l’épée qui servit à la décollation de saint Jean, et bien d’autres reliques encore.
 J’ai vu le Graal, dit le religieux, avant le Roi Pêcheur. Joseph, qui était son oncle, y recueillit le sang qui coulait des bles­sures du Sauveur du monde’. Je connais bien toute votre lignée, et je sais de quelle famille vous êtes né. C’est grâce à vos qualités de bon chevalier, à votre pureté et aux grandes vertus de votre coeur que vous avez pu venir jusqu’ici, car telle était la volonté de Notre­Seigneur. Et surtout tenez-vous prêt à y revenir quand le moment sera venu et que vous verrez arriver le navire.
 Seigneur, dit Perlesvaus, je reviendrai bien volontiers. Et si ce n’était pour ma mère et ma sueur, je ne quitterai pas ce lieu, car je n’en connais aucun qui me plaise autant.

Il passa là fort agréablement la nuit, et le matin, avant de partir, il entendit une sainte et glorieuse messe en l’une des plus belles chapelles qu’il eût jamais vues.

Après la messe, le religieux. vint vers lui avec un bouclier blanc comme la neige nouvelle. Et il lui dit - Vous nous laisserez ici votre bouclier en gage de votre promesse de retour, et vous prendrez celui-ci.
 Comme vous le désirez, seigneur, répondit Perlesvaus.
Puis il prit congé et quitta cette magnifique demeure ; il trouva son navire prêt à partir, et il entendit alors sonner pour son départ les mêmes trompettes qu’à son arrivée. Il monta à bord ; la voile était dressée ; il s’éloigna de la terre ; le pilote dirigeait le navire, mais c’est Dieu qui les conduisait. Le navire courait à grande vitesse sur les flots, car il avait une longue distance à parcourir, mais Dieu pouvait le faire aller aussi vite qu’il le voulait, car il connaissait la valeur et la vertu du chevalier qui était sur ce navire.
(Ayant repris la mer, Perlesvaus aperçoit bientôt une petite maison sur une île : il y va voir et y trouve, les fers aux pieds et le cou pris dans un carcan, son cousin Calobrus ; c’est le-roi Gohart du Château de la Baleine qui l’a ainsi emprisonné et qui possède la clé nécessaire à sa délivrance. Perlesvaus part aussitôt à la recherche du roi Gohart. Le jour suivant, il parvient à un îlot sur lequel un roi et une jeune fille sont montés sur un arbre pour échap­per à un serpent qui les guette en bas : il s’agit du roi Gohart. Perlesvaus tue le serpent et reprend dans sa gueule la clé - car le serpent l’avait avalée ; puis il libère la jeune fille, elle aussi victime du roi Gohart ; enfin, il emmène le roi dans l’île ou était prisonnier son cousin, libère celui-ci et le remplace par le mauvais roi.)

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