dimanche 8 avril 2007, par
Envoi d’une délégation à Marcellus
Un assentiment général accueillit ce discours. Toutefois on crut devoir créer des préteurs avant de nommer les députés, qui furent choisis parmi ces magistrats. La députation arrivée près de Marcellus, le chef s’exprima ainsi :
"Ce n’est point aux Syracusains qu’il faut imputer la défection de Syracuse, mais à Hiéronyme, moins impie envers vous qu’envers nous-mêmes. Depuis, lorsque le meurtre du tyran a rétabli la paix entre les deux peuples, elle n’a pas été troublée par un Syracusain, mais par des satellites de la tyrannie, Hippocrate et Épicyde, lesquels nous ont opprimés par la terreur et par la trahison. Jamais nous n’avons été libres, sans être en même temps en paix avec vous. Aujourd’hui que la mort de nos oppresseurs nous laisse maîtres de nos volontés, nous venons sans retard vous remettre nos armes, vous livrer nos personnes, nos villes, nos remparts, nous soumettre enfin à toutes les conditions qu’il vous plaira de nous imposer.
La gloire d’avoir pris la plus illustre et la plus belle des villes grecques, les dieux vous l’ont réservée, Marcellus ; tout ce que nous avons jamais fait de mémorable sur terre et sur mer va rehausser l’éclat de votre triomphe. Aimeriez-vous mieux qu’on ne sût que par la renommée quelle fut la grandeur de cette ville devenue votre conquête que d’en laisser le spectacle à nos descendants, que de permettre que l’étranger, de quelque partie de l’univers qu’il y vienne, puisse contempler les trophées de nos victoires sur les Athéniens et sur les Carthaginois, et les vôtres sur nous-mêmes ? Souffrez que les Syracusains deviennent les clients de votre famille, et vivent sous la protection du nom des Marcellus. Que le souvenir d’Hiéronyme ne soit pas à vos yeux plus puissant que celui d’Hiéron. Celui-ci fut votre ami plus longtemps que celui-là ne fut votre ennemi ; vous avez reçu des bienfaits de l’un ; le délire de l’autre n’a servi qu’à le perdre."
Toutes ces demandes devaient être très favorablement écoutées par les Romains. C’est au milieu d’eux-mêmes que les Syracusains couraient le plus de chances et de dangers. En effet, les transfuges, persuadés qu’on voulait les livrer aux Romains, inspirèrent la même crainte aux soldats mercenaires ; ils courent aux armes, égorgent d’abord les préteurs, puis se répandent dans la ville pour massacrer les habitants. Furieux, ils immolent ceux que le hasard leur présente et pillent tout ce qui tombe sous leurs mains. Ensuite, pour ne pas rester sans chefs, ils nomment six commandants, trois pour l’Achradine et trois pour l’île. Le tumulte est enfin apaisé, et les mercenaires, en s’informant de ce qu’on avait fait avec les Romains, reconnaissent alors que leur cause est tout autre que celle des transfuges.
Eugène Lasserre, Tite-Live, Histoire romaine, t. IV, Paris, Garnier, 1937
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