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paisirs d’abord

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Si brillants que fussent ces spectacles, ils puisaient leur principal intérêt dans la grandeur de ceux qui étaient les hôtes de la France. Alexandre demeurait un peu sombre ; il gardait les affronts sur le coeur, et les égards les plus empressés, les plus délicates marques de respect réussissaient mal à en effacer le souvenir.
Quant à Guillaume, il retrouva, en partie du moins, le succès qu’il avait obtenu jadis à Compiègne. Ne doutant pas que chacune de ses paroles serait répétée, il fit grand étalage de ses sympathies pour l’empereur, vanta davantage encore les charmes de l’impératrice. Il apporta un soin courtois à louer tout ce qu’il voyait.
  Comme vous avez fait de belles choses depuis que je suis venu ici ! répéta-t-il plusieurs fois en rappelant son séjour en 1814.
L’allusion n’était pas très heureuse. Avec un tact délicat, Napoléon, qui ne souhaitait que la paix, remit toutes choses au point.
  La façon dont Votre Majesté vient ici, répliqua-t-il un jour, vaut beaucoup mieux pour le bonheur des deux peuples.
Entre tous les mois de cette brillante année 1867, le mois de juin fut le plus animé. Ce fut pour l’Exposition, pour Paris lui-même, le moment de l’apogée.
La ville ressembla à une immense auberge dont pas une case ne demeurerait inoccupée. Les grands hôtels des quartiers riches étant bondés de monde, les étrangers refluèrent vers les maisons plus modestes, lesquelles aussitôt se proclamèrent grandes et le furent au moins par leurs prix. Paris fut, en ce temps-là, le paradis des filles de joie. La renommée était aux grands viveurs : on citait les principaux, ceux qui portaient le sceptre ; et la débauche, poussée à un certain degré d’endurance ou de raffinement, se colorait d’un reflet de gloire. Bien que les événements nous aient appris la modestie, il y a lieu de s’étonner de tout ce que ces étrangers ne virent pas. Au Palais-Bourbon, l’éloquence florissait comme aux plus beaux jours, avec Thiers, Rouher, Favre, Émile 011ivier. La Sorbonne, le Collège de France n’avaient plus leurs professeurs fameux, Cousin, GuiSi brillants que fussent ces spectacles, ils puisaient leur principal intérêt dans la grandeur de ceux qui étaient les hôtes de la France. Alexandre demeurait un peu sombre ; il gardait les affronts sur le coeur, et les égards les plus empressés, les plus délicates marques de respect réussissaient mal à en effacer le souvenir.
Quant à Guillaume, il retrouva, en partie du moins, le succès qu’il avait obtenu jadis à Compiègne. Ne doutant pas que chacune de ses paroles serait répétée, il fit grand étalage de ses sympathies pour l’empereur, vanta davantage encore les charmes de l’impératrice. Il apporta un soin courtois à louer tout ce qu’il voyait.
  Comme vous avez fait de belles choses depuis que je suis venu ici ! répéta-t-il plusieurs fois en rappelant son séjour en 1814.
L’allusion n’était pas très heureuse. Avec un tact délicat, Napoléon, qui ne souhaitait que la paix, remit toutes choses au point.
  La façon dont Votre Majesté vient ici, répliqua-t-il un jour, vaut beaucoup mieux pour le bonheur des deux peuples.
Entre tous les mois de cette brillante année 1867, le mois de juin fut le plus animé. Ce fut pour l’Exposition, pour Paris lui-même, le moment de l’apogée.
La ville ressembla à une immense auberge dont pas une case ne demeurerait inoccupée. Les grands hôtels des quartiers riches étant bondés de monde, les étrangers refluèrent vers les maisons plus modestes, lesquelles aussitôt se proclamèrent grandes et le furent au moins par leurs prix. Paris fut, en ce temps-là, le paradis des filles de joie. La renommée était aux grands viveurs : on citait les principaux, ceux qui portaient le sceptre ; et la débauche, poussée à un certain degré d’endurance ou de raffinement, se colorait d’un reflet de gloire. Bien que les événements nous aient appris la modestie, il y a lieu de s’étonner de tout ce que ces étrangers ne virent pas. Au Palais-Bourbon, l’éloquence florissait comme aux plus beaux jours, avec Thiers, Rouher, Favre, Émile 011ivier. La Sorbonne, le Collège de France n’avaient plus leurs professeurs fameux, Cousin, Guizot, Villemain ; mais d’autres maîtres leur avaient succédé, graves, spirituels, de haute science, quoique de moindre renommée : Laboulaye, Caro, le père Gratry, l’abbé Perraud, sans compter Saint-Marc-Girardin, qui ne reparaissait plus dans sa chaire que par intervalles. L’Institut avait ses séances où se rassemblait tout ce que le pays comptait d’illustre. Le palais de justice avait ses grandes causes, avec des avocats qui s’appelaient Dufaure, Marie, Allou, Berryer. La ville, tout embellie et tout en fête, offrait aux yeux les monuments de tous les âges, depuis la Sainte-Chapelle, Notre-Dame, la place Royale, jusqu’à ce Paris un peu banal, mais tout reluisant et splendide, que M. Haussmann avait créé. Or il semble que ces instructifs spectacles soient demeurés, pour le plus grand nombre, ignorés ou méconnus. La faute fut celle de la France qui
Variétés : c’était La Grande-Duchesse de Gérolstein. Toute l’Europe y accourut, et ceux qui dédaignèrent nos monuments, nos oeuvres d’art, notre littérature, s’en voulurent rassasier. A ce titre et toute frivole qu’elle soit, elle relève de l’Histoire.
Hélas ! les plus beaux jours de l’Exposition étaient déjà passés. Pendant deux mois, le peuple de Paris avait vécu dans un rêve voluptueux et doré. Voici qu’à travers l’horizon lumineux apparaissaient de nouveau les visions troublantes, les signes funestes, images mélancoliques et soucieuses que rien désormais ne pourrait chasser.
Dans la nuit du 29 au 30 juin, une dépêche transmise par le câble atlantique arriva de Washington à Vienne. Elle émanait du ministre d’Autriche et contenait ces simples mots : L’empereur Maximilien a été fusillé.
Le matin même, l’événement fut publié
penses fort considérables, moins encore par elles-mêmes que par l’insolvabilité du Mexique et par les emprunts de toute sorte faits au matériel de la guerre et de la marine : ces dépenses, suivant M. Thiers, s’élevaient à près de 600 millions. On songea aussi à ceux qui étaient partis et qu’avaient dévorés les guérillas, les fièvres, les fatigues, les embuscades. D’après les évaluations les plus atténuées, 6 000 des nôtres avaient succombé au Mexique.
Dans cette brusque interruption des fêtes publiques, tout ce qu’on avait négligé de voir apparut. En France, la récolte serait insuffisante. D’Algérie arrivaient les plus attristantes nouvelles. Déjà ravagée par le choléra. la malheureuse terre serait bientôt désolée par la famine. Au Palais-Bourbon, un souci dominant régnait, celui de la loi militaire. Pour la sécurité de la France, une force
montra surtout ce qu’elle eût dû cacher, celle des étrangers eux-mêmes qui rarement surent pénétrer au-delà de la trompeuse surface.
Les théâtres avaient compté sur l’Exposition. Brillamment illuminés, ils faisaient chaque soir concurrence aux attractions du Champ-de-Mars. A l’Opéra se jouait L’Africaine. La Comédie-Française continuait ses représentations classiques : en outre elle avait repris Hernani. Ponsard, qui allait mourir, assistait à ses dernières pièces : Le Lion amoureux, qui avait eu grande faveur ; Galilée, drame assez médiocre et terne qui ne justifiait guère son titre un peu tapageur. L’affiche se variait par toutes sortes d’autres productions, les unes anciennes, les autres nouvelles, presque toutes charmantes : Le Gendre de M. Poirier, Le Cas de conscience, Mademoiselle de La Seiglière.
La maxime fondamentale d’un nouvel art dramatique était que la meilleure pièce est celle où l’on rit le plus. La manière avait été inaugurée par deux auteurs, MM. Meilhac et Halévy, et un compositeur, Offenbach. Le genre se caractérisait par une grande simplification : point d’efforts laborieux pour garder l’unité d’action ou pour soutenir jusqu’au bout les personnages ; mais seulement des traits d’esprit semés de tous côtés et qui éclataient comme des pétards sous les pas.
La Belle Hélène avait été le produit le plus perfectionné du genre : puis était venu Barbe-Bleue. Comme l’Exposition allait s’ouvrir, une nouvelle pièce qui, disait-on, dépasserait toutes ses devancières fut annoncée sur les affiches du théâtre des
par la Gazette de Cologne et par l’Indépendance belge. En ces heures d’allégresse, la nouvelle parut inopportune, et, moitié reste d’incrédulité, moitié répugnance à contre-mander les réjouissances, on affecta de la révoquer en doute. On essaya d’entretenir encore une ombre d’espoir : Maximilien aurait été fusillé le 19 juin à Queretaro, dit le Moniteur du 3 juillet. Le lendemain, ces derniers ménagements s’évanouirent, et la nouvelle fut à la fois communiquée aux Chambres et annoncée par l’organe officiel.
Sur le palais du Champ-de-Mars, sur la ville elle-même, une grande ombre s’étendit. Fêtes, revues, banquets d’apparat, tout fut contremandé. Au Corps législatif, l’opposition ne renonça point à dégager des événements la leçon qu’ils comportaient. On supputa les dépenses de l’expédition, dé
de 800 000 hommes était estimée nécessaire. sans compter la garde mobile. Ces chiffres. jugés alors fantastiques, provoquaient des commentaires pleins de stupeur_ Quels ne devaient pas être les périls pour que Napoléon, après quinze années de règne. après de constantes victoires, réclamât du pays les mêmes sacrifices qu’on eût demandés après de constantes défaites ! Jamais Napoléon ne se sentit plus isolé qu’à cette époque où il ne marchait qu’accompagné d’un cortège de rois. Tout nous échappait, et le Nouveau Monde qui venait de fusiller notre protégé, et la Prusse qui excédait le droit de ses victoires, et la Russie qui s’éloignait rancuneuse et irritée_


Le Journal de la France Tallendier 1970 article de Pierre de la Gorce

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