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Tractations

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Tractations du Sagontin Alcon

Les opérations du siège n’étaient point ralenties. Maharbal, fils d’Himilcon, qui commandait pour Hannibal, déploya tant d’activité, que ni le soldat ni l’ennemi ne s’aperçut de l’absence du général. Il remporta quelques avantages, fit tomber, avec trois béliers, un pan de muraille, et, au retour d’Hannibal, put lui montrer des ruines toutes récentes. Celui-ci conduisit sur-le-champ son armée devant la citadelle. Après une lutte sanglante, funeste pour les deux armées, une partie de la citadelle fut emportée d’assaut. ( Deux hommes, Alcon de Sagonte et l’Espagnol Alorcus, tentèrent ensuite quelques voies d’accommodement. Alcon, à l’insu de ses compatriotes, passa la nuit dans le camp d’Hannibal, se flattant de gagner quelque chose à force de prières : mais insensible à ses larmes, le vainqueur irrité imposait les plus dures conditions ; dès lors, le négociateur, devenu transfuge, resta chez l’ennemi, protestant que la mort attendait celui qui porterait aux Sagontins une pareille capitulation. Car on exigeait d’eux entière satisfaction à l’égard des Turdétans ; ils livreraient tout leur argent, tout leur or ; ils sortiraient de la ville, avec un seul vêtement ; ils iraient s’établir dans les lieux qu’auraient prescrits le Carthaginois. "Jamais, disait Alcon, Sagonte n’acceptera de semblables propositions. - Le courage cède, quand tout le reste est vaincu, dit Alorcus, je m’offre pour médiateur." Soldat dans l’armée d’Hannibal, Alorcus avait eu avec les Sagontins des liaisons publiques d’amitié et d’hospitalité. Il remit sans mystère ses armes aux sentinelles ennemies, franchit les retranchements, et se fit conduire devant le gouverneur de Sagonte. (8) Une multitude de citoyens de toutes classes s’était attroupée en un moment ; on écarta la foule ; le sénat donna audience à Alorcus qui prononça ce discours :

Discours de l’Espagnol Alorcus

"Si Alcon, votre concitoyen, après être venu auprès d’Hannibal pour lui demander la paix, vous avait rapporté sa réponse, il m’eût été inutile de me rendre ici, comme envoyé d’Hannibal, et plus encore comme transfuge. Mais, puisqu’il est resté chez l’ennemi, soit par sa faute, si ses craintes sont imaginaires, soit par la vôtre, si l’on ne peut sans péril vous dire la vérité, je suis venu, au nom de notre ancienne amitié, vous apprendre qu’il est encore pour vous quelques voies d’accommodement et de salut. Votre intérêt seul, et non des considérations étrangères, me dicte ce langage. Vous le croirez, Sagontins ; car, tant que vous avez résisté avec vos propres forces, ou que vous avez compté sur le secours de Rome, jamais je ne vous ai parlé de capitulation. Mais aujourd’hui plus d’espoir du côté des Romains ; vos armes, vos remparts même ne vous protègent plus ; aussi je vous apporte une paix plus nécessaire qu’avantageuse. Cet espoir, vous pouvez le réaliser, si vous acceptez en vaincus les conditions du vainqueur ; si vous ne considérez point comme une perte ce que vous n’avez plus, puisque tout est au pouvoir de l’ennemi ; si vous ne voyez qu’une faveur dans ce qu’il veut vous laisser. Votre ville, déjà détruite en grande partie, presque tout entière en sa puissance, cessera de vous appartenir ; il vous abandonne le territoire, et fixera la place où doit s’élever la nouvelle Sagonte. Tout l’or, tout l’argent de l’État, des particuliers, lui sera remis ; vos femmes, vos enfants, vous-mêmes aurez la vie sauve, si vous vous résignez à sortir de la ville, sans armes et avec deux vêtements. Tel est l’arrêt du vainqueur, arrêt funeste et terrible, mais que la fortune vous fait une loi d’accepter ; et je ne désespère pas, lorsqu’il sera maître de tout, de le trouver moins rigoureux sur quelque point. Mais mieux vaudrait encore subir ce traitement, que de vous laisser massacrer, que de voir traîner, enlever devant vous vos femmes et vos enfants, victimes du droit de la guerre."


Eugène Lasserre, Tite-Live, Histoire romaine, t. IV, Paris, Garnier, 1937

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