mardi 9 juin 2015, par
DANS son Histoire de la 1ere armée française Rhin et Danube, le général de Lattre définit en ces termes la bataille des Vosges :
On sait déjà comment la campagne de la Libération, entamée au pas de charge dans la furie des bataillons de Toulon et de Marseille, suivie d’une véritable course au clocher avec nos camarades américains dans la remontée du Rhône et de la Saône, s’est trouvée freinée par l’allongement de nos communications et surtout par notre avance sur les prévisions du planning initial. Maintenant, à bout d’essence et de munitions, sinon de souffle, nous nous heurtons aux résistances rapidement organisées par les Allemands en avant de Belfort. Une nouvelle phase s’ouvre, celle des Vosges.
Phase dure et décevante, où les difficultés de tout ordre se multiplient constamment dans l’âpreté des combats ininterrompus et la rudesse d’un automne vosgien particulièrement hostile...
Née de l’impatience d’entrer en Alsace et de l’espoir d’y pouvoir pénétrer sans attendre que soient rassemblés les moyens indispensables au forcement du verrou de Belfort, sans cesse affectée par le glissement vers le nord, le long des Vosges, de l’armée Patch et, de ce fait, privée de sa force chaque fois que le courage de nos troupes semble enfin avoir raison de l’extrême opiniâtreté de l’ennemi, c’est la bataille du mauvais sort.
Mais c’est finalement la bataille qui force le sort en créant la vaste diversion à l’abri de laquelle se préparera la victorieuse offensive de Belfort.
Du 15 au 20 septembre, le 2e C.A. du général de Monsabert vient prendre sa place face à la trouée de Belfort, immédiatement à la gauche du 1 er C.A. du général Béthouart, déployé entre le Doubs et la frontière suisse et arrêté par une ligne de résistance continue. L’intention initiale du général de Lattre est de s’ouvrir la voie vers la haute Alsace, en masquant le camp retranché lui-même et le manoeuvrant par les deux ailes.
Si cette manœuvre ne réussit pas, le 1 er C.A. se tiendra prêt à agir par le couloir entre le Doubs et la frontière suisse, sur la direction Pont-de-Roide - Delle - Altkirch, le 2e C.A. s’apprêtant à marcher sur Giromagny, le ballon d’Alsace et le col de Bussang, soit pour s’emparer du plateau de Rougemont (objectif minimum), soit pour gagner les hautes vallées de la Doller et la Thur et se rendre maître de la région de Cernay qui ouvre la route de Mulhouse et celle de Colmar. La 1re armée française, étirée sur un front de plus de 360 km, dans les Alpes, de Barcelonnette au lac de Genève et, devant Belfort, de Lomont à Servance, doit agir offensivement sur un front de 75 km, mais la crise des transports fait durement sentir ses effets. Du fait des destructions, les communications avec les bases de Provence demeurent précaires si bien qu’aucun volant de munitions et d’essence n’a pu encore être constitué dans les dépôts d’armée.
Force est donc d’attendre que les stocks indispensables à une action de force aient été constitués. C’est la condition préalable au déclenchement de l’offensive.
Cette attente inévitable aura de lourdes conséquences car, tandis que l’opération se prépare au rythme imposé par les transports, le glissement vers le nord de la Vile armée américaine voisine va contraindre la Ire armée française, à partir du 25 septembre, à engager entièrement sur sa gauche le 2e C.A. et à le renforcer progressivement de la totalité des moyens disponibles. C’est par ce mécanisme que s’amorce et va se développer l’engrenage de la bataille des Vosges pendant le sursis imposé à l’opération de force par la trouée de Belfort.
sources : article du Général Guillaume Historia magazine 1969
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