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« Nous allons chercher des ennuis... »

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Tandis que l’Extrême-Orient se trouvait plongé dans le brasier de la guerre, Phillips dut décider seul de la meilleure façon d’utiliser ses bâtiments pour sauver quelque chose dans cette situation désespérée. Le plus sage eût été sans doute de se réfugier en Australie ou dans l’océan Indien, mais, sans ordres de Londres, il n’était pas question que la marine royale se retirât du combat. Phillips réfléchit longuement au problème et en discuta avec ses officiers lors d’une réunion à bord du Prince of Wales, le 8 décembre.
Des rapports arrivaient annonçant des débarquements japonais à Kota Bharu, en Malaisie, et, plus au nord, à Songkhla (Singora), en Thaïlande. Pour Phillips, le plan le meilleur était de faire route vers le nord et de frapper l’ennemi pendant le débarquement de ses troupes ; il espérait ainsi couper ses lignes de ravitaillement et permettre à la défense terrestre de rejeter les envahisseurs à la mer. Le plan était audacieux et les risques considérables, mais comme. on n’avait pas encore signalé de navires de guerre japonais dans les parages, il semblait y avoir une possibilité, de succès ; tous les officiers présents à la conférence reconnurent qu’on ne pouvait pas faire davantage, étant donné les circonstances.
« Deux conditions étaient essentielles à sa réussite : d’abord les mouvements de la flotte devaient rester ignorés de l’ennemi jusqu’au moment où les cuirassés ouvriraient le feu sur les plages de débarquement. De plus, même si l’effet initial de surprise avait été obtenu, il fallait, dês le début de l’engagement, que les chasseurs de la R.A.F. de Singapour arrivent pour couvrir les cuirassés contre l’aviation nippone. En conséquence, Phillips demanda en premier lieu une reconnaissance aérienne au nord de la route prévue, en second lieu une ombrelle de chasse au-dessus de Songkhla lorsqu’il y arriverait. A 17 h 35 le 8 décembre, les navires sortirent de Singapour pour faire route vers l’ennemi. »
Un ordre du jour de Tennant, affiché sur le tableau de service dans le carré des officiers, peu après le départ, traduisait l’état d’esprit qui régnait à bord : « Nous allons chercher des ennuis. Je pense que nous en trouverons. Il se peut que nous rencontrions des sous-marins, des destroyers, des avions. Nous allons faire une reconnaissance dans le nord pour voir ce que nous pouvons ramasser et faire sauter. Que chacun soit vigilant et prêt. » Dans un autre message, le lendemain matin, Tennant s’expliquait davantage sur la mission à accomplir. « Nous faisons route vers la côte nord-est de Malaisie et serons au large de la pointe nord-est ce soir au coucher du soleil. Demain, à l’aube, nous serons au large de Songkhla et de Pattani, où se déroule le débarquement japonais. »
La journée leur réservait des déceptions : au cours de l’après-midi, le Prince of Wales reçut un message de Singapour indiquant que l’une des demandes essentielles de Phillips ne pouvait être satisfaite : il n’y aurait pas d’escorte de chasseurs au-dessus de Songkhla. A ce moment-là, les Britanniques pouvaient encore bénéficier de l’effet de surprise. Phillips décida donc de continuer. Toute la journée, un plafond de nuages bas et épais, un temps maussade qui passait d’un brouillard fin à une pluie torrentielle, les cachèrent à la vue des avions de reconnaissance japonais ; le soir, moins d’une heure avant la nuit, il semblait que leur arrivée-surprise fût assurée. C’est alors que, tout à coup, la pluie s’arrêta, le brouillard se dissipa et les nuages s’évanouirent pour laisser place à un ciel d’un bleu profond et vide, sauf à l’horizon, où scintillait un avion insolite. .Jumelles et longues-vues se pointèrent sur lui, les officiers de passerelle des deux navires feuilletèrent fiévreusement leurs carnets d’identification. En quelques minutes, l’appareil fut identifié. C’était, comme on s’en doutait, un avion de reconnaissance japonais. Peu après, on repéra un deuxième avion, puis un troisième, et il devint évident que le deuxième espoir de Phillips, à savoir l’effet de surprise indispensable, s’évanouissait, lui aussi.
Dans ces conditions, il ne restait plus qu’à renoncer à l’expédition, et l’amiral Phillips donna bientôt des. ordres à cet effet. A bord du Repulse, il y eut des murmures de déception, car tout au long de sa carrière, le destin avait toujours éloigné le navire du champ de bataille.
En fait — et cela, les Britanniques l’ignoraient — un sous-marin japonais avait déjà signalé leur présence dans le courant de l’après-midi et s’ils avaient poursuivi leur route, ils auraient été accueillis assez chaudement à Songkhla.

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