vendredi 28 octobre 2005, par
Jean Lannes (° 10 avril 1769 à Lectoure (Gers), † 31 mai 1809 à Ebersdorf après la bataille d’Essling du 22 mai où il fut blessé à la fin des combats), maréchal d’Empire, duc de Montebello.
Cinquième enfant d’une fratrie de huit, il eut un enfant : Louis Napoléon Lannes, 2e duc de Montebello, pair de France (1801-1874)
Il abandonna ses études d’apprenti teinturier en 1792 pour s’engager dans la garde nationale de Lectoure. C’est là qu’il apprend les rudiments du métier de soldat.
Comme bon nombre de ses camarades, il rejoint rapidement le 2e bataillon de volontaires du Gers basé à Auch pour compléter son instruction. Il est élu sous-lieutenant de ce bataillon le 20 juin de cette même année. Ce bataillon est affecté a l’armée des Pyrénées-Orientales. À la mi-mai 1793, le jeune sous-lieutenant se fait remarquer au poste de Saint-Laurent-en-Cerdans, proche du col de Coustouge. Les Gersois à peine arrivés sont délogés et mis en fuite par les Espagnols. Jean Lannes dont c’est le baptême du feu, les harangue avec ardeur :
« Halte ! arrêtez, arrêtez donc ! tas de jean-foutre ! Demi-tour ! À moi ! En avant ! »
et réussit à rallier les fuyards pour retourner à l’offensive. Surpris, les Espagnols sont culbutés. Lannes aurait déclaré après cette bataille :
« La peur me saisissait, mais je l’ai prise à la gorge et je l’ai terrassée, la mettant ainsi hors d’état de me nuire par la suite. Depuis que je l’ai matée, j’en fais ce que je veux, mais ceux qui prétendent n’avoir jamais eu peur ne sont que des menteurs et des jean-foutre. »
Il montre la même ardeur dans la suite des opérations, notamment à Peyrestortes, et est promu lieutenant le 25 septembre 1793, puis à peine un mois après le 31 octobre, capitaine. Il participe ensuite activement aux combats de Portvendres puis à Banyuls où il est blessé. Jean Lannes est envoyé en convalescence à Perpignan. Durant sa convalescence, l’armée française subit de lourds revers ce qui conduira le général Basset à lui envoyer une dépêche dans ces termes :
« Mon cher ami, je sais que ta blessure va bien et qu’elle peut permettre de monter à cheval. J’ai besoin de toi ! »
Jean Lannes, qui n’appréciait pas spécialement sa convalescence à Perpignan, accourt auprès de Basset qui lui donne le commandement de l’avant-garde française pour la prochaine bataille : Villelongue.
La bataille longtemps indécise tourne à l’avantage des Français quand il prend d’assaut une redoute puissamment fortifiée sur laquelle buttait l’armée française, et l’empêchait de prendre Villelongue. Ce succès lui vaut d’être nommé chef de brigade (équivalent de colonel sous la Révolution) peu de temps après le 23 décembre 1793. Sa blessure n’est cependant pas guérie et après ce succès il doit regagner Perpignan pour finir de la soigner, où il rencontre en outre sa premiere femme Jeanne-Joseph Barbe, souvent surnommée Polette, fille d’un riche banquier. Le mariage a lieu le 19 mars 1795. Cette même année 1795, il est remercié pour des raisons politiques, sa popularité dans l’armée et dans la population étant grandissantes et ses positions étant trop révolutionaire pour le nouveau régime mis en place après le 9 thermidor.
En 1796, il s’engage en tant que simple soldat dans l’armée d’Italie. Le 15 avril 1796, Bonaparte le remarque au cours de la bataille de Dego, où Lannes s’illustre dans un combat acharné à la baïonnette pour la prise de cette ville. Il sera nommé peu de temps après chef de brigade par Bonaparte. Il prend le commandement d’un régiment de grenadiers et est le premier à passer le Pô, aux environs de Plaisance, puis à la bataille du pont de Lodi, 10 mai 1796, s’avance en tête de ses troupes, sur le pont contre l’artillerie autrichienne. Il fait preuve encore une fois d’un courage exemplaire au cours de la bataille de Bassano du 7 septembre. Il est blessé le 15 septembre à Governolo et Bonaparte demande ensuite à ce qu’il soit réintégré dans son grade de général de brigade.
Le 14 novembre 1796, Bonaparte remarque encore une fois le courage de Lannes au cours de la bataille du Pont d’Arcole où Lannes bien que blessé remotive les troupes mises en difficulté par les Autrichiens et lance une contre-attaque, qui permet d’éviter que Bonaparte soit fait prisonnier. En effet nous avons tous en tête les tableaux montrant Napoléon héroïque se portant au devant de ses troupes sur le pont d’Arcole. Ce qu’on sait moins c’est que Bonaparte n’arriva qu’à la moitié du pont ou d’après certains il s’évanouit et d’après d’autres tomba tout simplement du pont, quoiqu’il en soit l’armée autrichienne profita de ce désordre dans l’armée française pour contre-attaquer et la repousser au-delà du pont. Lannes qui lui est blessé s’aperçoit de ça dans son ambulance et remotivant un certain nombre de fuyards et de troupes démoralisées se lance dans une impétueuse contre-attaque à laquelle ne s’attendaient pas les Autrichiens qui sont à leur tour refoulés et cette fois la bataille bascule à l’avantage des Français. Il totalise lors de cette bataille trois blessures.
– Bonaparte pour remercier Lannes, lui remet le drapeau que le corps législatif a envoyé à Bonaparte en l’honneur de la victoire et l’accompagne de ces termes :
Citoyen Général, le Corps Législatif a voulu honorer l’armée d’Italie dans son général. Il y eut un moment, aux champs d’Arcole, où la bataille incertaine eut besoin de l’audace des chefs. Plein de sang et couvert de blessures, vous quittâtes l’ambulance, résolu de vaincre ou de mourir. Je vous vis constamment au cours de cette journée au premier rang des braves. C’est à vous d’être le dépositaire de cet honorable drapeau qui couvre de gloire les grenadiers que vous avez constamment commandés.
Le 14 janvier 1797, Jean Lannes est présent à la bataille de Rivoli alors que sa convalescence n’est pas terminée, il continue ensuite par la prise d’Imola. Bonaparte lui confiera ensuite une mission diplomatique dans les États pontificaux avec la mission d’y rétablir l’ordre.
A son retour, il est nommé en 1800 à la tête de la Garde Consulaire mais un scandale financier conduit à son éviction en 1802. Il est ensuite l’un des maréchaux de la grande promotion de 1804, aux côtés, entre autres, de Soult, Ney, Murat, Davout et surtout Augereau, son ancien mentor à l’armée qui est resté son ami.
A partir de 1805, le maréchal Lannes commande le 5e corps de la Grande Armée à la tête duquel il s’illustrera notamment à Ulm, Austerlitz, Iéna, Pultusk et surtout Friedland. Appelé en 1808 dans une guerre d’Espagne qui lui fera vite horreur, il capture Saragosse avant de laisser son commandement à Suchet pour rejoindre en 1809 le 2e corps de la Grande Armée dans la guerre contre l’Autriche. Alors qu’il est sur le point de vaincre les Autrichiens près de Vienne à Aspern-Essling, il reçoit l’ordre de s’arrêter par suite d’une rupture du ravitaillement. Il prend de nouvelles dispositions et s’assied sur un rocher. Un boulet vient le frapper à l’endroit où ses genoux sont croisés. Transporté sur une île du Danube, l’île Lobeau, il y est amputé de la jambe droite par Larrey, le chirurgien de la Garde contre l’avis du chirurgien Percy et les réticences d’Yvan le chirurgien personnel de l’Empereur ; mais la gangrène se déclare le lendemain. Il meurt après une semaine d’une agonie entrecoupée de longs entretiens avec un Napoléon extrêmement affecté. Son corps sera inhumé au Panthéon. Sa veuve, dame d’Honneur de l’Impératrice Marie-Louise, refusera tout nouveau mariage.
Lannes a démontré des qualités d’attaquant (Saragosse, Montebello), de chef d’avant-garde (Friedland, Aspern-Essling) ou de manœuvrier (Ulm, Iéna) qui en font, avec Davout, l’un des meilleurs commandants dont ait disposé Napoléon. Son courage physique, ses capacités de meneur d’hommes, son attention au sort de ses soldats le faisaient adorer de ses troupes. D’un tempérament susceptible et coléreux, fier de son franc-parler mais peu doué pour la diplomatie (il fera un médiocre ambassadeur à Lisbonne entre 1802 et 1804), il a eu maintes disputes avec Napoléon à qui il a dès 1805 recommandé une politique de paix. Comme plusieurs maréchaux sortis du rang ( Augereau, Oudinot, Lefebvre ...) il déteste la Cour impériale qui le lui rend bien. Fait duc de Montebello puis Prince de Sievers, il refusera toujours de porter ce dernier titre, préférant sa vie de famille à l’idée de se prendre pour un prince. Il demeurera cependant d’une fidélité sans faille à la personne de Napoléon qui savait pouvoir compter sur celui que ses soldats appelaient "le Roland de l’Armée". Lannes sera jusqu’à sa mort le seul et le dernier des maréchaux à tutoyer son Empereur.
Napoléon à la duchesse de Montebello, le 31 mai 1809 d’Ebersdorf, sur les bords du Danube :
Ma cousine, le maréchal est mort ce matin des blessures qu’il a reçues sur le champ d’honneur. Ma peine égale la vôtre. Je perds le général le plus distingué de mes armées, mon compagnon d’armes depuis seize ans, celui que je considérais comme mon meilleur ami. Sa famille et ses enfants auront toujours des droits particuliers à ma protection. C’est pour vous en donner l’assurance que j’ai voulu vous écrire cette lettre, car je sens que rien ne peut altérer la juste peine que vous ressentirez.
Napoléon peu après la mort de Lannes :
« Chez Lannes, le courage l’emportait d’abord sur l’esprit ; mais l’esprit montait chaque jour pour se mettre en équilibre ; je l’avais pris pygmée, je l’ai perdu géant »
Napoléon à Sainte-Hélène :
« Lannes, le plus brave de tous les hommes était assurément un des hommes au monde sur lesquels je pouvais le plus compter... L’esprit de Lannes avait grandi au niveau de son courage, il était devenu un géant ».
Chaptal dans Mes souvenirs sur Napoléon édité en 1893 :
« Deux ou trois généraux avaient conservé auprès de lui (Napoléon) une liberté de pensée et de conduite que les autres n’avaient pas. Le maréchal Lannes est néanmoins le seul qui ait gardé sa franchise et son indépendance. Passionné pour Napoléon, il n’a jamais soucrit aux caprices de son maître, il ne lui a jamais ni masqué ni caché sa manière de voir. Sur le champ de bataille comme à la Cour, il ne lui taisait aucune vérité. Aussi étaient-ils presque toujours brouillés, ou plutôt en bouderie ; car le raccommodement le plus entier s’opérait à la première vue, et le maréchal terminait presque toujours en disant avec humeur qu’il était bien à plaindre d’avoir pour cette catin une passion aussi malheureuse. L’Empereur riait de ces boutades, parce qu’il savait qu’au besoin, il trouverait toujours le maréchal. »
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lannes
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