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Guadalcanal : La bataille de « Bloody Ridge » (La Crête Sanglante)

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Le 12 septembre à midi, Vandegrift sut que son idée était bonne : les bombardiers japonais s’acharnèrent non pas sur la piste d’Henderson Field mais sur le relief qui la borde au sud. Peu après la tombée de la nuit, un croiseur et trois destroyers japonais ouvrirent le feu sur les crêtes et, dès la fin des tirs, les troupes de Kawaguchi tentèrent l’assaut. Elles réussirent à encercler une section de marines, qui put toutefois se frayer un chemin jusqu’aux positions amies.

A l’aube, les Américains supposaient que l’objectif de l’action précédente avait été de tester leur dispositif. Leur moral eût été meilleur s’ils avaient su que Kawaguchi pensait emporter la décision la nuit même. Son idée était d’attaquer la crête avec trois bataillons pendant que ses autres unités défendraient les flancs ouest et est du périmètre. Mais une longue et pénible marche dans la jungle les avait épuisés, et avait distendu ses communications, ce qui le gêna pour le contrôle de l’opération. Malgré tout, son attaque fut aussi forcenée que celle d’Ichiki.
Le 13 à 21 h, Kawaguchi repartit à l’assaut. Deux de ses bataillons (près de 2 000 hommes) se ruèrent sur les pentes. Les mortiers des marines, bien défilés, envoyèrent une grêle d’obus sur les vagues d’assaut, aussi vite que les servants pouvaient recharger les tubes chauffés à blanc.

L’artillerie des marines, en position derrière les commandos, tirait salve sur salve. De l’autre côté, sept destroyers japonais bombardaient Henderson Field et le maintenaient sous un éclairage permanent de fusées. Sur la crête, les marines fléchirent mais ne cédèrent pas et les Japonais finirent par reculer. Peu après, ils revenaient à l’assaut avec la même férocité. Une fois encore, les défenses furent entamées mais pas rompues et les Japonais durent se retirer.

Deux heures plus tard, après une série de tirs de mortiers qui coupa les lignes de communications des marines avec Vandegrift et avec leur support d’artillerie, les Japonais purent s’avancer jusqu’à moins de 1 000 m d’Henderson Field. Ils furent repoussés à l’issue de l’un des corps à corps les plus sanglants de l’histoire de Guadalcanal. Ils lancèrent encore deux assauts avant l’aube, avec une impétuosité moins grande toutefois, et lorsque les chasseurs de Henderson Field commencèrent à canonner les bordures de la jungle en bas de la crête, Kawaguchi se résigna à se replier. Ses pertes dépassaient 1 200 hommes tués, blessés et disparus. Affamés, minés par la maladie, les restes de la 35e Brigade s’ouvrirent un chemin dans la jungle, pendant huit mortelles journées, jusqu’à Point Cruz, à l’ouest d’Henderson Field. Ils n’avaient plus d’autre armement que leurs fusils.

Commandos et paras avaient durement souffert eux aussi. Sur quelque 750 hommes débarqués le 7 août, les commandos en avaient perdu 234 et sur les 377 paras, il y avait 212 tués et blessés. Mais il était alors certain que les marines pourraient tenir Guadalcanal.

Le G.Q.G. de Tokyo ne partageait pas ce point de vue. La 38’ Division, aguerrie à Hong-Kong, Java et Sumatra, reçut l’ordre de gagner le sud Pacifique sous les ordres du général de C.A. Hyakutake qui commandait la XVIIe’ Armée. Simultanément la 2’ Division du général Maruyama, déjà sur place, devait être transportée à Guadalcanal. Toutes les opérations contre Port Moresby devaient être suspendues pour concentrer la totalité du potentiel des trois Armes sur la reprise de Guadalcanal. Le général Hyakutake transféra son Q.G. sur l’île où il avait à sa disposition une force de 20 000 hommes, avec artillerie lourde (un régiment plus trois batteries), un bataillon de mortiers et une compagnie de chars. Au cours des six semaines suivantes, les « courses de rats » de l’amiral Tanaka, baptisées « l’express de nuit de Tokyo » par les Américains, ne chômèrent pas et les marines se firent bombarder toutes les nuits.
Fort heureusement Vandegrift aussi reçut quelques renforts : le 7e Régiment des marines, un bataillon d’artillerie, des compagnies motorisées de transport, du personnel de transmissions et, plus tard, le 164e régiment d’infanterie de plus de 6 000 hommes, ce qui porta ses effectifs à plus de 23 000 hommes. Tout aussi essentiel pour lui, le renforcement d’Henderson Field fut considérable.
Sur le papier, les forces de Vandegrift étaient redoutables ; en réalité elles l’étaient assez peu. Bien que leurs pertes n’aient pas dépassé le millier, les marines souffraient en grand nombre de malnutrition, de dysenterie, d’infections virulentes, du manque total de confort et de repos. En fait, sur tout autre théatre d’opérations, plus d’un tiers de l’effectif eût été déclaré inapte.
Le 23 octobre, la 2’ Division japonaise (quelque huit bataillons, 5 600 hommes) attaqua l’est du périmètre avec l’appui des chars.

Un tir d’artillerie très concentré stoppa la progression. Vingt-quatre heures plus tard, le général Maruyama fit attaquer par le sud, avec le gros de ses troupes, 7 000 hommes. Pendant deux jours, les Japonais se jetèrent à l’assaut des pentes au sud d’Henderson Field. Ils eurent même à un moment une enclave à l’intérieur du périmètre, et puis, comme la brigade de Kawaguchi, ils refluèrent dans la jungle, décimés et épuisés, après avoir perdu 3 500 hommes.

La raison de l’échec était encore une fois la rupture des communications chez les Japonais. La progression dans la jungle de Maruyama - commencée le 16 octobre -avait été plus lente et plus dure que prévu. Artillerie et mortiers avaient dû être abandonnés, l’attaque reportée à deux reprises mais la seconde fois, l’ordre ne parvint pas au commandant japonais du secteur du Matanikau. Au lieu d’être lancés simultanément, les deux assauts furent conduits à 24 heures d’intervalle. Cela permit au général Vandegrift de les repousser l’un après l’autre. Le problème qui se posait alors à lui comme à ses adversaires était de savoir ce qu’il fallait faire.

Pour les Américains, Vandegrift et l’amiral Halsey, qui venait de succéder à l’amiral Ghormley comme commandant de la zone, la réponse était claire : il était temps de passer à l’offensive et de rejeter à la mer ce qui restait de la XVIIe’ Armée japonaise. Il était tout aussi évident que la 1" Division des marines, dans l’état où elle se trouvait, n’était plus l’instrument idéal pour une offensive qui serait longue, dure et sanglante. Il fallait des troupes fraîches et nombreuses. Aussi, après avoir passé le mois de novembre à prendre du terrain et à réduire les avant-postes japonais les plus menaçants, pour préparer la future offensive, le général Vandegrift et la 1" Division des marines furent-ils relevés au début décembre par la 2Y Division d’infanterie, la 2e Division des marines et la Division « America », l’ensemble formant le XIVe’ Corps, commandé par le général Patch.

Pour les Japonais, le problème était de décider s’il fallait continuer à essayer d’arracher Henderson Field aux Américains. Le Q.G. impérial refusa de reconnaître sa défaite, des troupes fraîches furent prélevées aux quatre coins de l’Empire et affectées à la XVIIe’ Armée. La 28’ Division du général de C.A. Sano fit mouvement sur Guadalcanal pour préparer l’assaut final, le 4’, pour la mi-janvier 1943. Mais vers le 15 novembre, un escadron de l’Aéronavale américaine réussit au prix de pertes effroyables à empêcher une formation japonaise de bombarder Henderson Airfield et de détruire au sol ses avions. Cette résistance héroïque sauva la base aérienne, et celle-ci fut en mesure de matraquer le convoi de 11 transports, à bord desquels la Division Sano se dirigeait vers Guadalcanal. Six navires de transport furent coulés, un fut immobilisé et quatre s’échouèrent sur les plages. Sur l’effectif de cette division, 2 000 hommes seulement - sans équipement lourd - purent rejoindre Guadalcanal.

Cette hémorragie d’hommes et de moyens était insoutenable, et le Q.G. impérial finit par l’admettre. Depuis le 7 août les pertes avaient été de 65 navires de guerre et de plus de 800 avions. Le 31 décembre 1942, l’Empereur du Japon approuva l’ordre de retirer la XVIIe’ Armée de Guadalcanal.
Le général Hyakutake n’accepta cet ordre qu’à contrecoeur. Sa retraite vers l’est fut pour le XIVe’ Corps l’occasion de connaître la valeur du combattant japonais, même crevant de faim et dépourvu d’équipement. A aucun moment, entre janvier et le début de février, les Américains ne réussirent à troubler le rythme calculé de l’évacuation. Entre le 1" et le 9 février, les destroyers de « l’Express de Tokyo » récupérèrent de nuit les 11 000 survivants de la XVIIe’ Armée, une fraction seulement des effectifs qui étaient venus bouter les Américains à la mer, mais une force encore redoutable et qui allait reprendre le combat.


sources :collection : Les documents de l’histoire n°8 "La bataille du Pacifique" éd Hachette 1977

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