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Derrière la façade...

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L’histoire du Nigeria est très différente de celle du Congo. Certes, le trafic d’esclaves dévasta la côte et l’arrière-pays, mais l’intérieur échappa au fléau. Et bien que le commerce de l’huile de palme, au xtxe siècle, fût mené de façon intensive, le Nigeria ne connut rien de comparable à l’exploitation systématique du Congo par le roi Léopold II.

Le Nigeria d’aujourd’hui est un vaste territoire islamisé dans le Nord, christianisé sur la côte et dans l’arrière-pays. Les Britanniques l’ont occupé jusqu’en 1914 afin de protéger le commerce et d’empêcher l’expansion allemande. De ce fait, la société indigène du Nigeria, au début du xxe siècle, était disloquée mais non détruite. La politique de l’ « administration indirecte » pouvait être adoptée ; mais d’un autre côté, cette situation rendait très difficile toute aliénation massive de terres par des concessions données à des étrangers. Aussi l’activité des compagnies étrangères s’est-elle surtout manifestée dans l’achat des récoltes cultivées par les paysans nigérians et dans la vente de biens de consommation.

En même temps, aucune barrière n’était dressée pour empêcher la formation d’une élite, et, vers 1930, un grand nombre de Nigérians, surtout originaires des régions du sud, faisaient leurs études à l’étranger.
Permettre la création d’une élite est une chose ; lui donner des responsabilités en est une autre. Et on peut attribuer la montée du nationalisme nigérian, au cours des années 30, aux frustrations des cadres qui ne trouvaient pas d’emploi. Devant leur mécontentement grandissant, des concessions leur sont accordées après la seconde guerre mondiale.

Mais dès les années 50, les Nigérians, principalement dans le Sud, sont rapidement absorbés par le système. Dans une économie en pleine expansion, ils sont les intermédiaires dans le commerce et le transport, exercent des professions libérales, deviennent les principaux urbanistes, occupent tous les postes au gouvernement et dans l’administration à l’exception des plus élevés.
Maintenant, le pays est divisé en trois régions virtuellement autonomes : le Nord, immense, arriéré et islamisé ; le Sud et l’Est, petits mais riches, dominés respectivement par les puissantes tribus Yorouba et Ibo.
Le Nigeria donne une apparence de grande prospérité — d’autant qu’en 1938 on avait confirmé l’existence de gisements pétrolifères considérables dans la région de la côte orientale. Mais derrière cette façade, que de contradictions ! Contradiction entre le sous-développement du Nord, qui a besoin des gens du Sud, des Ibos en particulier, pour occuper les emplois moyens, et le haut développement du Sud ; entre les particularités religieuses, ethniques et culturelles des trois régions, qui ont été perpétuées par la politique d’administration indirecte et accentuées par la compétition économique moderne ; entre les besoins des minorités de chaque région et les intérêts des plus puissantes tribus ; entre le nombre toujours croissant d’individus qui reçoivent une éducation poussée et le peu d’emplois disponibles ; entre la politique de la libre entreprise, qui convient à une élite locale et aux compagnies étrangères, et un certain dirigisme qui serait nécessaire pour développer l’ensemble du pays.
Le Nigeria acquiert l’indépendance en 1960. Il devient une fédération dont le gouvernement central est dominé par le parti majoritaire du Nord. Au cours des cinq années qui suivront, les contradictions seront encore accentuées par une récession économique et une corruption croissante qui épuiseront les ressources et augmenteront la prospérité provocante de l’élite nigériane.
A Lagos, en 1964, les prix ont monté de 50 % depuis l’indépendance. On estime que
le travailleur moyen touche seulement la moitié du minimum vital prévu. De plus, le chômage augmente sans cesse. Le pays, dès lors, ira de crise en crise. Il connaîtra une grève générale, deux élections contestées, des désordres graves dans la région occidentale. L’atmosphère trouble et le cynisme régnant sont fort bien décrits par Chinua Achebe dans son roman A man of the people (Un homme du peuple), publié en janvier 1966. Dans les dernières pages, Achebe prévoit que seul un coup d’État pourra mettre fin aux problèmes du Nigeria.


sources Catherine Hoskyns Historia Magazine 1971

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