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Le mouvement de pèlerinage aux Lieux saints, individuel ou collectif, n’a cessé de s’amplifier à partir de la fin du xe siècle, à la faveur de la paix relative qui règne en Médi­terranée. C’est la rencontre de cette tradition avec celle de la guerre "juste" contre l’Infi­dèle, exprimée par l’Église d’Occident dès le ive siècle, qui donne naissance à l’idée de croisade. Dans l’esprit de ses premiers prédi­cateurs, la croisade doit transformer la guerre endémique en Occident en une juste cause, celle de la chrétienté. A côté de ces facteurs spécifiquement religieux, les conditions so­ciales et économiques de la fin du XIe siècle trop-plein démographique, manque de terres exploitables, croissance de l’économie moné­taire et des échanges, début de l’expansion italienne en Méditerranée, rendent possible et favorisent l’élan qui pousse en foule vers l’Orient les chrétiens d’Occident. Parmi ces pèlerins, les Français occupent une place privilégiée.

Un malentendu entre les États d’Occident et l’Empire byzantin déclenchera la première croisade. L’Empire byzantin a, en effet, pour coutume, depuis le milieu du xte siècle, de recruter des mercenaires occidentaux pour la défense de son empire. Mais, essayant d’ap­puyer leurs demandes de secours, les Byzan­tins n’hésitent pas à décrire avec quelque exagération les malheurs réels des fidèles d’Asie Mineure. Ces arguments, joints aux nouvelles colportées par quelques pèlerins en difficulté, provoquent, dans l’Occident pro­fondément ignorant des réalités de l’Orient, une réponse disproportionnée à celle qu’at­tend Byzance : les papes réformateurs appellent à la guerre sainte pour porter aide aux chrétiens d’Orient opprimés, croit-on, par les Turcs seldjoukides.

Dès 1074, Grégoire VII adresse à certains fidèles de saint Pierre un appel à se rendre au secours de "l’Empire chrétien". Mais sa querelle avec l’Empire byzantin lui fait abandonner son projet. Il est repris en 1095 par Urbain II qui clôture le concile de Clermont en prononçant un sermon où, après avoir évoqué les malheurs des chrétiens d’Orient, il adjure les chrétiens d’Occident de cesser leurs luttes fratricides et de s’unir pour combattre les païens et délivrer leurs frères d’Orient. A ces paroles, la foule enthou­siaste, au cri de "Dieu le veut", est bientôt décidée, après l’évêque du Puy, Adhémar de Monteil, nommé légat et chef de l’expédi­e tion, à "prendre la croix", et fait le veeu e d’aller à Jérusalem. En signe de ce voeu, les premiers volontaires doivent coudre entre leurs épaules une croix de tissu qui les fait appeler cruce signati "marqués du signe de la croix", d’où sera formé, vers le milieu du XIIIe siècle, le terme de croisade.

La croix n’est pas seulement le symbole du renoncement. Elle est également le signe de l’appartenance à une communauté nouvelle de pèlerins en armes, dotés de certains privi­lèges. Privilèges spirituels. A Clermont, Urbain II promet l’indulgence plénière, c’est-à-dire la remise de la pénitence imposée pour le pardon des péchés à tous ceux qui partiront pour libérer l’Église de Dieu à Jéru­salem. Peu à peu, s’élaborera la doctrine ecclésiastique de la croisade pour qui le thème de la libération du tombeau du Christ supplantera rapidement le propos initial de secourir les chrétiens d’Orient. Parallèle­ment, les textes fixeront avec précision les conditions d’obtention des indulgences, "hié­rarchisées" dès la fin du xiie siècle : propor­tionnelle aux services rendus, elle est plénière pour deux ans passés en Terre sainte ou dans e une autre expédition privilégiée. Mais, très - vite, ces privilèges spirituels ne sont pas les seuls. Dès le xiie siècle, la papauté détermine - le statut du croisé par une série de préroga­tives matérielles, notamment le privilège de la croix qui, défini en 1145, place le croisé, sa famille et ses biens sous la protection de l’Église pendant la durée de l’accomplisse­ment du voeu. Urbain prêche la croisade en France pendant huit mois, à Limoges, Angers, en Aqui­taine et dans le Languedoc. Il s’adresse sur­tout au milieu dont il est issu : la noblesse a française du sud de la Loire. Mais, l’été 1096, date fixée pour le départ, les petites gens croisés dépassent largement ce cadre. L’évolution de la condition matérielle et de l’idéal des chevaliers au cours du XIe siècle explique ce succès. Le départ en Orient est un moyen de s’affranchir de la contrainte du lignage, en un temps où le resserrement des liens vassaliques et le mouvement de paix limitent les occasions d’aventure. De plus, parce qu’il met au service d’un idéal chrétien les vertus guerrières, l’accomplisse­ment du "voeu de croix" devient indispensable au parfait chevalier.

Mais l’appel de Clermont reçoit aussi une large audience dans les milieux populaires. A côté de la croisade des "barons", hiérar­chisée et structurée, qui comprend d’ailleurs elle-même de nombreux non-combattants, surgit spontanément une croisade populaire. Ces croisades des "pauvres" seront nombreuses et elles sauront garder vivant jus­qu’au début du XIIIe siècle un idéal qui ren­contrera de moins en moins d’écho chez les chevaliers. La tradition retient huit croisades qui cor­respondent à ce que l’on appelle alors les passages généraux. Mais nombre de barons, de chevaliers et de "pauvres" pren­dront la croix en dehors de ces grandes expé­ditions, venant apporter à l’occasion de leur pèlerinage leur secours éventuel aux États croisés.

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