mercredi 10 octobre 2007, par
Valkyija : « Celle qui choisit les morts ».
La notion de valkyrie, directement liée à celle de mort et de destin, a subi une importante évolution au cours du temps, et sa figure odinique, retenue par Richard Wagner, ne représente que son dernier avatar. Il y a peut-être à l’origine l’idée de Déesse-Mère, l’une d’elles - Skadi - assumant la fonction mère-mort, celle qui donne la vie étant apte à la reprendre. En ce sens, la valkyrie a pu initialement être l’esprit tutélaire d’un homme, de préférence un héros ou, en tout cas, un guerrier, qu’elle ramenait dans l’autre monde. Elle a pu aussi être la prêtresse d’on ne sait quel dieu de la guerre : les opérations du culte dans le Nord ancien semblent avoir été volontiers menées par des femmes, et une représentation comme celle de la plaque historiée du chaudron de Gundestrup attesterait qu’une telle prêtresse pouvait célébrer des sacrifices humains.
Une idée d’élection, de choix parait avoir présidé à ce complexe d’idées, comme l’indique le nom même valkyrja, dans lequel valr désigne les hommes tombés sur le champ de bataille (on retrouve le terme dans val-hall) et la liaison entre esprit de la mort et guerrier parait fondamentale. C’est sans doute la nature propre aux transgressions de règnes de la valkyrie qui a dicté son assimilation partielle à un oiseau (notamment un cygne) ou son identification aux feux follets, si abondants dans le Nord à certaines époques, que l’on voyait monter des marais : ce serait la Moor Leiche (cadavre du marécage) des traditions allemandes.
Lorsque la religion nordique s’orientera plus nettement vers des aspects fatidiques et prendra ainsi une coloration odinique, la valkyrie devient alors la messagère du dieu du Destin et de la Mort, chargée d’exécuter ses décisions lors des batailles : c’est Ôdinn qui décide qui va mourir, pas elle, et si elle désobéit à son maître, elle court le risque de redevenir une femme ordinaire, de se marier et d’avoir des enfants ! Les Hâvamâl 129 (Edda poétique) recommandent aux combattants de garder les yeux baissés afin de ne pas attirer l’attention des valkyries.
Dans la Saga de Njcill le brûlé (Darradarljôd 157), elles sont des soeurs filandières, montent à cheval et manient des armes (elles sont dites skjaldmcer, au sing. : « vierge au bouclier »).
Derrière l’image de la valkyrie, il y a toujours une idée de mort violente, et de mort voulue par le Destin. C’est ce que montrent leurs nombreux noms, pour la plupart sans doute récents - Hildr, Gudr, Gunnr (Bataille), ou GSndul, GSll, Herfjôtur -, qui renvoient à des opérations magiques. L’une d’elles porte le nom de l’une des trois Nomes, Skuld.
Régis Boyer - Héros et Dieux du Nord - Ed Tout L’Art (1997)
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