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« Pilier-du-monde » ? « Lumière-du-monde » ? Dieu ase.

Heimdallr doit être très ancien (on le dit père de tous les hommes) et a dû jouir d’une vénération exceptionnelle : un caractère particulièrement sacré s’attache à sa figure. C’est le veilleur des dieux et le gardien du pont Bifrôst ; ses sens sont si aiguisés qu’il entend la laine pousser sur le dos des moutons et voit l’herbe croître ; afin de prévenir les dieux de la venue des Ragnarôk, il sonne le rappel de son cor, Gjallarhorn.

Une tradition en a fait un dieu-bélier (comme Thôrr serait un dieu-bouc, Freyr un dieu-verrat, Ôdinn un dieu-loup ou un dieu-che­val, etc.), une autre, une personnification de l’Aurore - une notion de lumière présidant, de toute façon, à son personnage.

Si l’on retient l’étymologie « pilier-du-monde », il pourrait être assimilé au grand arbre cosmique Yggdrasill, encore appelé Jôrmungandr (Baguette-magique-géante), qui est un autre nom du grand Serpent de Midgardr ; son sens serait alors plus clair : de même que Midgardsormr maintient le monde en place, « horizonta­lement », en l’enserrant dans la boucle de son corps, Heimdallr assu­rerait sa cohésion « verticale », selon la double représentation cos­mologique. Cette image, satisfaisante pour l’esprit, est loin d’épuiser toutes les interprétations possibles de ce dieu ase énigmatique.