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Cet animal fabuleux a connu dans le Nord une fortune compa­rable à celle qui fut la sienne en Orient, sans que l’on puisse exacte­ment expliquer pourquoi. Toujours est-il que ce monstre figure un peu partout, non seulement dans les mythes, mais aussi dans les représentations apparemment sans relation avec lui : ainsi, bon nombre de runes sont inscrites dans le ruban que forme le corps d’un dragon qui se mord la queue. Et les Vikings, qui sculptaient les figures de proue amovibles de leur bateau à l’image d’un animal, réel ou fabuleux, ont souvent choisi le dragon (dreki, pl. drekar) comme emblème (de là l’aberrante dénomination française « drakkar »).

Dans le Nord comme ailleurs, le dragon joue un rôle primordial pour la promotion du héros : c’est le cas de Sigurdr justement sur­nommé Fâfnisbani, « meurtrier de [du dragon] Fâfnir », ou d’autres héros de sa descendance, comme Ragnarr lodbrôk. Combattre un dragon sera une prérogative quasi naturelle de tout protagoniste de fornaldarsaga (saga légendaire).

D’autre part, Midgardsormr - le Grand Serpent de Midgardr -, l’un des trois enfants monstrueux de Loki, est un dragon (ou ver ou serpent : le mot ormr est ambigu), qui gîte dans la Grande Mer ; il se mord la queue et, lorsqu’il relâchera son étreinte, ce seront les Ragnarök. Ce dragon est l’ennemi déclaré de Thôrr qui ne manque aucune occasion de l’affronter, sans succès toutefois jusqu’aux Ragnarök. Reste le dragon Nidhtoggr qui ronge le pied du grand arbre cosmique Yggdrasill et nous est donné pour l’ennemi mortel du faucon Vedrfölnir perché sur la cime de l’arbre.