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Vers 7001 à la fin

, par

Personne ne demeure en arrière.
Aux fenêtres parmi les spectateurs s’installent
La reine et mainte dame et demoiselle ;
Dont il y avait de fort belles.
Dans le pré s’élevait un sycomore,
Un arbre de toute beauté,
Au feuillage spacieux.
Il était entouré
D’herbe fine et drue
Qui en tout temps était fraîche.
Sous ce superbe sycomore,
Qui datait du temps d’Abel,
Jaillissait une claire fontaine
Qui s’écoule rapidement.
Le gravier étincelle
Comme si c’était de l’argent,
Et le conduit, à ce que je crois,
Etait fait de l’or le plus pur.
L’eau coule en bas dans le pré
Entre deux plantations d’arbres au milieu d’un vallon.
C’est là qu’il plaît au roi de s’asseoir,
Car il n’y voit rien qui lui paraisse laid.
Il fait reculer les spectateurs,
Et Lancelot fonce
Impétueusement sur Méléagant,
Comme sur quelqu’un qu’il hait de toute sa haine.
Mais avant de le frapper,
Il lui dit à voix très haute et menaçante
"Venez par là, je vous défie !
Et sachez bien, je vous le promets,
Que je ne vous épargnerai point."
Alors il éperonne son destrier,
Mais d’abord il s’éloigne
La distance d’une portée d’arc.
Puis tous deux laissent courir leurs chevaux
De toute leur force.
Ils se frappent maintenant l’un l’autre
Sur leurs écus aux ais solidement assemblés
Et réussissent à les transpercer,
Mais pour l’instant ni l’un ni l’autre
N’est blessé en sa chair.
Sans s’arrêter ils continuent leur chevauchée,
Puis reviennent s’asséner de grands coups,
Emportés qu’ils sont par leurs montures,
Contre leurs solides écus.
Leur ardeur redouble,
Les deux combattants sont preux et vaillants,
Leurs destriers vigoureux et rapides,
Et comme ils ont frappé très fort
Sur les écus attachés à leur cou,
Leurs lances les ont transpercés
Sans se briser en tronçons,
Et sont parvenues de force
Jusqu’à la chair nue.
Ils s’entrechoquent si vigoureusement
Qu’ils se retrouvent tous deux à terre.
Ni poitrail, ni sangles, ni étriers
Ne peuvent empêcher qu’en arrière
Chacun d’eux ne bascule hors de sa selle,
Qui ainsi reste vide de cavalier.
Les deux destriers qui ne sont plus montés
Courent à droite et à gauche,
L’un rue, l’autre mord,
Prêts tous deux à s’entretuer.
Les deux chevaliers une fois à terre
Se relèvent au plus vite,
Ils ont vite fait de tirer l’épée
A la lame gravée.
Ils placent l’écu devant leur visage
Et vont s’efforcer de trouver
Comment se faire du mal
Avec leurs bonnes épées tranchantes d’acier.
Lancelot ne redoute pas Méléagant.
Car il savait deux fois plus d’escrime
Que son adversaire,
L’ayant apprise dès son plus jeune âge.
Ils échangent donc de si rudes coups
Sur les écus attachés à leurs cous
Et sur les heaumes lamés d’or,
Qu’ils les ont bosselés et fendus.
Maintenant Lancelot serre Méléagant de près,
Il lui administre un coup si violent
Sur le bras droit bardé de fer,
Mais non protégé par l’écu,
Qu’il l’a coupé et tranché.
Et quand Méléagant se sent
Amputé de la main qu’il a perdue
Il dit que Lancelot payera cher ce coup.
S’il peut en trouver le moyen,
Rien ne le retiendra,
Car il est si furieux et hors de lui
Que pour bien peu il en perdrait la raison,
Et il s’estimerait mal loti
S’il ne pouvait jouer un mauvais tour à son adversaire.
Il fonce sur lui, croyant le prendre au dépourvu,
Mais Lancelot sut se protéger ;
Avec son épée tranchante.
Il l’a si bien entaillé
Que Méléagant aura grand-peine à s’en remettre,
Même passé avril ou mai,
Car il lui rembarre le nasal dans les dents,
Lui en brisant trois.
Méléagant ressent une telle colère
Qu’il m’arrive pas à prononcer un seul mot,
Et il ne daigne pas implorer merci,
Car son orgueil s’y oppose,
Un orgueil qui le maîtrise et domine.
Lancelot vient à lui, délace son heaume
Et lui tranche la tête.
Jamais plus il ne lui jouera de mauvais tour ;
Méléagant est tombé mort, c’en est fait de lui.
Mais je peux vous dire, aucun spectateur
Témoin de sa mort
N’éprouva la moindre pitié pour lui.
Le roi Artur et tous ceux qui l’entourent
Se livrent à la joie.
On désarme Lancelot,
Au milieu de la liesse générale,
Et on l’emmène de là.
Seigneurs, si j’en disais davantage,
Je dépasserais l’étendue de mon sujet,
C’est pourquoi je vais mettre un terme à mon travail ;
Ici même s’arrête le récit.
Godefroi de Leigni, le clerc,
A terminé LA CHARRETTE ;
Que nul ne songe à le blâmer
S’il a continué Chrétien,
Car il l’a fait avec l’approbation
De Chrétien, qui commença l’oeuvre :
Lui est responsable de tout ce qui suit
Le moment où Lancelot fut emmuré,
C’est-à-dire jusqu’à la fin du conte.
Voilà son oeuvre à lui ; il ne veut rien y ajouter,
Ni retrancher, par crainte d’endommager le conte.
Ici se termine le ROMAN DE LANCELOT DE LA CHARRETTE

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