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Une attitude américaine équivoque

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C’est cet état d’esprit qui me permettra bientôt d’entamer les conversations franco-vietnamiennes qui devaient, le 6 mars 1946, aboutir à l’accord qui consacrait une entente de principe entre Français et Vietnamiens, rendant désormais sans objet la présence des unités chinoises sur le sol tonkinois. C’est le 15 octobre 1945 que je rencontrai pour la première fois Ho Chi Minh, qui allait devenir mon interlocuteur. Dès le début de nos entretiens, j’acquis la conviction qu’il s’agissait d’une personnalité de premier plan, qui ne tarderait pas à se hisser sur le devant de la scène asiatique.
A première vue, son aspect n’offrait rien d’exceptionnel. C’était un homme de taille moyenne, plutôt petit, mince, fluet, qui gardait encore quelque chose de gauche et de furtif dans ses manières. Sa barbiche de lettré lui donnait l’aspect d’un de ces intellectuels annamites qu’on rencontre au quartier Latin. Ce qui frappait, c’était le regard, vif, mobile et brûlant d’un feu extraordinaire. Toute son énergie semblait s’être concentrée dans ses yeux. Un homme résolu, habile et passionné, avec lequel il me faudrait beaucoup de patience... et il m’en fallut, en effet, pendant les six mois que durèrent nos négociations.
Pendant ce temps, malgré la loyale collaboration de nos alliés britanniques, les autorités françaises éprouvaient, dans le Sud, de grandes difficultés à reprendre la situation en main. Le retour de la France n’avait pas manqué d’émouvoir les mouvements nationalistes et de susciter des troubles qui culminèrent, le 25 septembre, avec l’horrible massacre de la cité Hérault, où périrent plusieurs centaines de Français et d’Eurasiens. Mais dès le début d’octobre, Leclerc, arrivé à Saigon, entreprenait de briser le blocus qui enserrait la ville. Disposant des plus glorieux éléments de sa 2e D.B., des hommes du 5e R.I.C., auxquels vinrent bientôt se joindre les premiers éléments de la 9e D.I.C. du général Jean Valluy et le corps de débarquement du
 Richelieu, Leclerc mena à bien de fulgurantes opérations de ratissage et, fin janvier, l’étau autour de Saigon était brisé.
La majorité des territoires du Sud reconquise, les unités régulières du Vict-Minh furent dissoutes et la pacification entreprise, mais il apparut très vite que les 35 000 hommes dont Leclerc disposait ne seraient pas suffisants pour assurer la paix dans l’ensemble d’un pays qui menaçait de devenir la proie de la guérilla.
Dès son arrivée en Indochine, Leclerc comprit que les armes ne pourraient apporter de solution durable aux problèmes devant lesquels nous nous trouvions. Il m’encouragea à négocier, et c’est lui qui, plus tard, le premier, recommanda au gouvernement d’aller « jusqu’à prononcer le mot indépendance ».
De son côté, le gouverneur Cedille, commissaire de la République française pour la Cochinchine, recherchait une solution dans l’application loyale de la « déclaration du 24 mars », mais les Vietnamiens n’entendaient pas remettre en discussion le principe d’une indépendance qu’ils estimaient acquise. En fait, le vrai problème. se situait à Hanoi. où l’autorité du gouvernement provisoire révolutionnaire était effective depuis le mois d’août.
D’ailleurs, à la différence de nos alliés britanniques dans le Sud, les Américains et les Chinois, au Tonkin, considéraient que le gouvernement provisoire de Ho Chi Minh était le seul pouvoir ; quant aux droits de la France. ils les ignoraient systématiquement. Le commissaire de la République française, titre que je portais depuis le début d’octobre, n’en possédait à leurs yeux aucun, hormis peut-être celui d’être le porte-parole responsable de quelque 30 000 Français désarmés, et aussi d’intérêts considérables, puisque la grande majorité de l’infrastructure économique était française. M’était en quelque sorte réservé un vague rôle d’agent consulaire.
Bientôt, le Viet-Minh, éprouvant les plus grandes difficultés à déjouer les manoeuvres des partis nationalistes à travers lesquels les Chinois tentaient d’étendre leur autorité sur le Nord-Vietnam, se rendit compte que le jeu des Sino-Américains pour éliminer la France n’avait pas pour seul mobile le désir d’aider à l’indépendance du Vietnam. Il comprit que les Chinois considéraient le Tonkin comme pays conquis et tentaient d’y rétablir la tutelle qu’ils y avaient fait peser pendant près de neuf siècles.
Quant aux intentions américaines, elles devenaient pour le moins équivoques et n’allaient pas sans éveiller la méfiance de l’équipe au pouvoir.
Ho Chi Minh estimait donc qu’il ferait mieux de rechercher un compromis avec la France.

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