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Le sacrifice du facteur

, par

Georges Blond - les princes du ciel - livre de poche

Le 24 mai 1940, un hydravion Laté 298 quitta le plan d’eau de Cherbourg en direction de Dunkerque, portant le courrier destiné à l’ Amiral Nord " (amiral commandant le théâtre d’opérations maritimes de la région Nord).

Son équipage comprenait le maître pilote Lacheny et le premier maître radio Goret, chef de bord et mitrailleur arrière.

Le Laté 298 possédait aussi une mitrailleuse avant, actionnée par le pilote. Il volait à 160 kilomètres à l’heure. L’hydravion devait suivre une route au voisinage de la côte jusqu’au sémaphore de Gravelines et là emprunter le chenal aérien jusqu’à Dunkerque.

Il s’engagea sur son itinéraire à l’altitude de 50 mètres, par vent faible de secteur nord, plafond illimité, visibilité 20 kilomètres.A 11 h 15, à 2 miles marins (3,6 km) du sémaphore de Gravelines, le radio chef de bord aperçut, à 2 000 mètres au sud-ouest, un avion allemand volant à 1 000 mètres d’altitude.

L’avion était un Messerschmitt 110 (2 canons, 5 mitrailleuses, 570 km à l’heure). Le radio prévint le pilote et arma la mitrailleuse arrière.

Le Messerschmitt avait aperçu l’hydravion ; il fondit sur lui. Lorsqu’il fut à 700 mètres de distance, le premier maître Goret ouvrit le feu. Voici son compte rendu, dont on appréciera certainement l’absence de lyrisme :" L’hydravion effectue des évolutions rapides L’avion ennemi effectue trois passes. " Au cours de ces trois passes, le pilote n’a jamais été en position de tir, l’écart de vitesse étant trop grand. Il n’a pas tiré. " Le radio a ouvert le feu le premier, à 700 mètres".

Son chargeur épuisé, il a changé de chargeur pendant le dégagement de l’avion ennemi, entre la première et la deuxième passe.Après une rafale, la mitrailleuse s’est enrayée. Le radio n’a alors plus tiré que coup par coup. L’ennemi a tiré de toutes ses armes fixes. " Après 5 minutes de combat, à 2 milles 1/2 au nord 70 ouest de Dunkerque, au cours de la troisième passe, l’hydravion, désemparé, est tombé à la mer.

Il s’est brisé et a coulé instantanément. " Le pilote, blessé à la tête, a été soutenu par le radio pendant 10 minutes, puis il a coulé. " Le radio a gagné à la nage le cargo Lucien-Gougy, qui se dirigeait vers le lieu de l’engagement. Il l’a atteint au bout de 45 minutes.

" Les recherches effectuées sur les lieux par le Lucien-Gougy n’ont permis de retrouver que l’enveloppe contenant le courrier de la préfecture maritime de la Région et le cahier d’enregistrement des signaux.

Un illustre pilote allemand a écrit dans ses mémoires, après la guerre, la phrase suivante : " je me demande encore comment certains [aviateurs français] osaient s’attaquer à nous avec les avions et les armes dont ils disposaient. "

Peut-être était-ce lui l’assaillant de l’hydravion-facteur, pourquoi pas ? On imagine aisément le pilote allemand suffoqué de voir le mitrailleur arrière du Laté 298, pauvre canard touchant de, lenteur, ouvrir le feu le premier et répondre jusqu’à la fin à la formidable nappe de projectiles du Messerschmitt 110, continuant à tirer coup par coup, comme avec un fusil, une fois sa mitrailleuse enrayée.

je trouve ce mince épisode significatif et, en un sens, aussi impressionnant que bien des grandes batailles aériennes de la guerre. La veille, quatre hydravions semblables, commandés par le lieutenant de vaisseau Lamiot, avaient rencontré neuf Messerschmitt 109 et ouvert le feu contre eux.

Les aviateurs combattant à bord de ces Laté 298 ne pouvaient évidemment pas espérer demeurer en l’air plus de quelques minutes.

L’un de ceux-ci réussit cependant à sauver son hydravion en se débordant dans un grain de pluie après que son mitrailleur arrière eut été grièvement blessé.Le bilan des quelques minutes d’engagement était : deux tués, quatre disparus, deux blessés.

Les escadrilles de l’aéronavale, repliées de base en base à mesure de l’avance allemande, furent engagées jusqu’à la fin, notamment dans les actions contre le port de Gênes et la flotte italienne.

Leurs aviateurs furent parmi ceux qui combattirent dans les pires conditions d’inégalité.

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